La culture de l’ananas

  • Publié le 30/10/2013 - Elaboré par Cirad
  • FruiTrop n°215 , Page 66 à 68
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L’ananas, Ananas comosus, est originaire d’Amérique du Sud et appartient à la famille des Broméliacées. De cette parenté, l’ananas cultivé a conservé plusieurs traits caractéristiques :

  • · son système racinaire est extrêmement fragile et il préfère des sols légers et bien travaillés ;
  • · il tolère, en réduisant fortement sa croissance mais sans périr, des périodes très sèches ;
  • · la base de ses feuilles est la zone la plus efficace pour l’absorption des éléments nutritifs et il apprécie les engrais foliaires ;
  • · la floraison, induite par les températures fraîches et les jours courts, est erratique en conditions naturelles. Il en découle la caractéristique la plus remarquable de la culture : sa floraison est induite artificiellement par une intervention culturale.

De ce fait, le producteur peut, plus ou moins à son gré, contrôler la date de récolte et le rendement puisque le poids des fruits dépend de la taille du plant au moment où est provoquée artificiellement la floraison. La qualité du fruit, déterminée essentiellement par sa teneur en sucres et son acidité, est très variable selon les conditions climatiques et la fertilisation reçue. Schématiquement, la nutrition azotée détermine le poids et la nutrition potassique la qualité. Le fruit est en fait un fruit composé, très hétérogène, sa base étant toujours à un stade d’évolution plus avancé que sa partie haute. L’ananas n’est pas climactérique, après sa récolte son évolution ne correspond pour l’essentiel qu’à une perte progressive de ses qualités. Lorsqu’il est commercialisé en frais, la chaîne de conditionnement et de transport devra donc limiter au maximum cette dégradation : transport et commercialisation rapide, sans rupture de froid. Lorsqu’il est traité en usine, cette transformation doit être la plus rapide possible.

Le cycle de la plante

On distingue trois phases principales dans la vie de l’ananas :

  • ·  la phase végétative qui va de la plantation à la différenciation de l’inflorescence (floraison) ;
  • ·  la phase de fructification qui s’étale de la différenciation à la récolte du fruit ;
  • ·  la phase de production de rejets : de la récolte de fruits à la destruction du plant.

Les organes qui constituent la plante adulte sont :

  • ·  la tige : organe court en forme de massue qui contient des réserves en amidon et un ensemble de fibres très résistantes qui rendent difficile sa destruction mécanique ;
  • ·  les feuilles : au  nombre maximum de 70 à 80, leur longueur peut dépasser 1 mètre et leur largeur 7 cm. Leur aspect permet de juger de l’état de santé de la plante et de la vigueur de la croissance ;
  • ·  le fruit : fruit composé équivalant à une grappe soudée et compressée. Son poids est fonction de la taille du plant à l’induction florale et du niveau nutritif de la plante à ce stade. Il est déterminé en premier lieu par le nombre d’yeux ;
  • ·  la couronne : un organe feuillu qui surmonte le fruit ;
  • ·  les racines : souterraines et aériennes. Les racines souterraines sont fragiles et la moindre discontinuité dans le profil du sol perturbe fortement leur croissance. Ces racines sont émises dans le premier mois qui suit la plantation. Par la suite, elles ne font que s’allonger et il faut attendre le 4ème ou 5ème mois pour une nouvelle émission de racines ;
  • ·  les rejets : ils sont de deux types. Les bulbilles, qui se développent sur le pédoncule sous le fruit, et les rejets proprement dits, qui démarrent sur la tige au point d’insertion des feuilles.

Ethéphon

L'éthéphon est d'un usage très répandu dans le monde, tant sur les cultures florales que céréalières ou encore fruitières. En France seulement, on dénombre pas moins de 24 usages homologués sur les processus de croissance, de floraison et de maturation des fruits.

En culture d'ananas, l'éthéphon est homologué pour deux usages bien précis : le déclenchement du processus de floraison (le traitement d'induction florale) et la régulation de la maturation des fruits (le déverdissage). Dans les deux cas, c'est l'éthylène dégagé par le produit qui agit sur les mécanismes physiologiques.

L'ananas présente la particularité de pouvoir fleurir à la demande et, le plus souvent, le traitement d'induction florale est réalisé à l'aide d'éthylène gazeux dissous dans l'eau. Compte tenu de la lourdeur du dispositif d'application, ce procédé est réservé aux plantations mécanisées. Une autre possibilité est l'emploi de carbure de calcium dans le cadre de petites exploitations non mécanisées. Mais cette technique n'est pas sans danger puisque l'acétylène dégagé est inflammable, voire explosif s'il est mis en contact avec le cuivre.

Le produit le plus facile d'emploi reste l'éthéphon, malgré une efficacité moindre sur des variétés telles que le Cayenne lisse et le MD-2, plus connu sous le nom de Sweet..

La culture

  • ·  Sols : alluvionnaires ou volcaniques à une altitude en dessous de 600 mètres. Sols profonds. Drainage important. Pentes douces inférieures à 4 %. Le Sweet étant sensible au Phytophthora (maladie cryptogamique), le pH du sol doit être idéalement compris entre 5.0 et 6.5.
  • ·  Plants : de 50 000 à 70 000 plants par hectare. La qualité du matériel de plantation est fondamentale : variété Sweet génétiquement pure, sans défauts (épineux, malades, etc.), de taille uniforme (calibrés en classes de 100 grammes), le plus lourd possible afin de réduire la période de culture, mais pas trop afin d’éviter les floraisons naturelles, traités chimiquement en fonction des produits homologués afin d’éviter la propagation des ravageurs et maladies.
  • ·  Post-récolte : le Sweet est sensible aux meurtrissures.
  • ·  Nutrition : l’engrais est appliqué par pulvérisation tous les quinze jours. Le programme de fertilisation commence après la récolte.
  • ·  Mauvaises herbes : elles peuvent réduire le rendement et abriter des ravageurs et maladies attaquant les champs plantés si elles ne sont pas éradiquées à temps.
Ananas

Contrôle de la floraison

Lorsque le plant atteint un développement adéquat, il devient sensible aux facteurs climatiques et météorologique (longueur du jour, abaissement de la température minimale et nébulosité) qui président à la différenciation de l’inflorescence. On assiste alors à des floraisons naturelles incompatibles avec une gestion industrielle de la plantation. Le traitement d’induction florale (TIF) consiste à modifier le cycle naturel de la plante pour :

  • · homogénéiser la floraison ;
  • · orienter la production ;
  • · contrôler le poids moyen des fruits ;
  • · planifier les récoltes.

Pour déterminer la date du TIF, il est tenu compte de :

  • · la date de récolte souhaitée ;
  • · l’écart TIF/date de récolte de la période (historique ou calculé à partir des sommes de températures) ;
  • · le poids du plant (dont un bon indicateur est le poids de la feuille « D ») qui conditionne celui du fruit.

Trois produits florigènes sont utilisés :

  • · acétylène sous forme de carbure de calcium : granulé mis au centre de la rosette foliaire ou mélangé à l’eau pour donner une solution d’acétylène ;
  • · gaz éthylène : moins dangereux que l’acétylène, le traitement avec une solution d’éthylène peut être mécanisé ;
  • · éthéphon (nom commercial Ethrel) : c’est un générateur d’éthylène. Il est beaucoup plus aisé à utiliser que les deux précédents, mais les résultats sont souvent médiocres, particulièrement en climat très chaud.

Traitement de déverdissage

Pratiqué par application d’Ethrel, il a pour but d’homogénéiser la coloration et de réduire le nombre de passages de récolte. L’Ethrel agit en dégageant de l’éthylène au cours de sa dégradation. Son action ne porte pas sur tous les phénomènes de la maturation, mais essentiellement sur la coloration de l’épiderme. Pour être efficace sans présenter d’inconvénients majeurs, il doit être appliqué assez près de la maturation naturelle des fruits. Les fruits « éthrelés » se reconnaissent facilement car la progression de leur coloration ne se fait pas de bas en haut, mais de façon uniforme sur l’ensemble de l’épiderme.

Protection contre les coups de soleil

Ce phénomène saisonnier apparaît surtout aux périodes de fort ensoleillement. Les fruits ayant versé ou ceux portés par un pédoncule trop long ou par des plants au système foliaire déficient sont plus exposés aux coups de soleil. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées : lier les feuilles en faisceau au-dessus du fruit ou sur tout le billon, pailler avec de l’herbe, relever les fruits versés.

Ananas.

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