Marché mondial du raisin de table

  • Publié le 29/01/2014 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°218 , Page 66 à 70
  • Gratuit

En phase d’ajustement ?

Le marché mondial du raisin de table, encore très porteur il y a quelques années, ne semble pas avoir tenu toutes ses promesses, en dépit de la révolution variétale amorcée avec les apyrènes. Ces variétés ont toutefois permis de maintenir des parts de marché sur les destinations traditionnelles telle l’Europe du Nord. Cependant, les marchés émergents, comme la Chine, sont plutôt demandeurs de variétés de type Red Globe, ce qui oblige les metteurs en marché à disposer d’une gamme diversifiée pour conserver un large portefeuille de clientèle, crise économique oblige.

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Une production plus raisonnée

Le raisin de table faisait encore partie ces dernières années des rares fruits dont beaucoup espéraient un développement significatif. Aussi, nombreux sont les organismes de recherche de par le monde qui ont travaillé et travaillent encore sur de nouvelles variétés pour enrichir la gamme, développer et adapter les variétés sans pépins en blanc, rosé ou noir. La désaisonnalisation et la demande croissante des pays émergents laissaient, en effet, envisager un développement sensible des achats, tant sur les destinations traditionnelles (Europe, Etats-Unis) que sur l’Asie ou même l’Amérique du Sud.

Toutefois, si la production mondiale de raisin de table s’est sensiblement développée jusqu’au milieu des années 2000, la courbe s’est infléchie à partir de 2005 et progresse désormais quasi exclusivement au rythme de la production chinoise. L’offre continue de se développer dans ce pays pour fournir le marché local (7.2 millions de tonnes), qui progresse d’environ 10 % tous les ans. Les volumes se développaient également encore un peu dans plusieurs pays de l’hémisphère Sud ces dernières années (Afrique du Sud, Pérou, Argentine), afin de satisfaire les besoins des pays émergents, voire de certains pays du Bassin méditerranéen, comme le Maroc (+ 5 à + 10 % ces dernières années). Mais les surfaces sont plutôt stabilisées dans la plupart des zones de production, y compris au Chili ou en Inde. Le potentiel est même en baisse dans certaines zones, notamment en Europe (1.7 million de tonnes en 2012 pour l’UE-27, contre encore 2.4 millions de tonnes en 2005).

Raisin de table-Monde-Production
Raisin de table-Monde-Production

Encore quelques opportunités sur les pays émergents

La baisse de la demande sur les marchés traditionnels et le développement de la production dans les marchés émergents ont donc freiné les envois, en dépit des efforts faits en production pour adapter la gamme variétale aux exigences de la demande. Les exportations mondiales stagnent donc autour de 3.8 à 3.9 millions de tonnes, soit 16 % du potentiel de production. L’Europe demeure la principale destination, absorbant 55 % des envois, avec toutefois une part importante (900 000 t) qui transite en intra-communautaire. Les volumes échangés stagnent cependant, que ce soit à l’intérieur de la Communauté ou en provenance des pays tiers (570 000 t). De même, après avoir sensiblement progressé jusqu’en 2008, la demande s’est tassée sur le marché russe où les importations oscillent depuis maintenant trois ans autour de 400 000 t. Le marché nord-américain n’échappe pas non plus à la règle, mais il était déjà proche de la maturité avant la crise économique. En revanche, les flux croissent encore vers l’Asie (+ 69 % en 5 ans) et même vers l’Amérique du Sud (+ 88 % en 5 ans) avec l’entrée en vigueur de nombreux accords d’association. Le développement est également sensible en Afrique (+ 76 % en 5 ans), mais les échanges portent sur de petits volumes.

 

Raisin de table-Monde-Export
Raisin de table-Monde-Export

L’Asie du Sud-Est en ligne de mire

L’essentiel du développement de ces dernières années est donc imputable aux pays d’Asie du Sud-Est et notamment à la Chine (Taïwan, Hong Kong et autres provinces), qui absorbe au total 280 000 t, en provenance essentiellement des Etats-Unis et des pays de l’hémisphère Sud. Les volumes sont en majorité destinés aux provinces du sud et de l’est du pays, car les zones plus au nord sont surtout approvisionnées par la production locale aux prix plus attractifs. La variété Red Globe domine l’offre. Les variétés apyrènes (Scarlet Royal, Crimson and Thompson Seedless), bien qu’en développement, restent des niches. Les importations se sont également développées ces dernières années dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande (58 000 t,  + 139 % en 5 ans), au Vietnam (46 000 t en 2011, + 146 % en 5 ans), en Corée du Sud (45 200 t, + 63 %), en Malaisie (27 400 t, + 17 %) et en Indonésie (55 800 t, + 104 %). Pour pallier la stagnation des marchés traditionnels, les exportateurs ont également ciblé ces dernières années les pays du Proche-Orient, notamment l’Arabie saoudite (32 000 t) et les Emirats arabes unis (27 000 t), mais la demande reste assez figée. L’offre se déploie toutefois régulièrement sur les pays du Bassin méditerranéen, comme le Maroc (800 t), l’Algérie (4 000 t) la Libye (2 200 t) ou l’Egypte (1 600 t), mais les tonnages demeurent assez confidentiels par rapport aux autres grands marchés. Aussi, les exportateurs sud-américains se tournent-ils désormais vers les marchés de proximité comme le Mercosur, où la demande est en hausse. Le Brésil importe, par exemple, pas moins de 34 000 t de raisin en provenance essentiellement d’Argentine et du Chili. Des flux se sont également mis en place vers les pays d’Amérique centrale (Colombie, Equateur ou Mexique).

Un portefeuille de clientèle obligatoirement diversifié

Dans ce contexte, il est donc important pour les exportateurs de maintenir un large éventail de clientèle. Le Chili reste de loin le premier exportateur mondial de raisin de table, avec un potentiel de 800 000 à 812 000 t à destination essentiellement des pays de l’hémisphère Nord, notamment le marché américain (350 000 à 400 000 t) et l’Europe (160 000 à 170 000 t sur l’UE-27 et 30 000 t vers la Russie). Cependant, ces dernières années, ses envois vers les marchés d’Asie du Sud-Est se sont développés et atteignent entre 70 000 et 95 000 t.

De même, l’Europe demeure un débouché important pour les raisins sud-africains (170 000 t vers l’UE-27 et 10 000 t vers la Russie), mais les exportations croissent vers les pays d’Asie du Sud-Est (30 000 à 33 000 t) et le Proche-Orient (12 000 t).

Le Pérou a également rapidement développé ses exportations avec un portefeuille diversifié : 40 000 t vers l’UE-27, 31 000 t vers la Chine, 27 000 t vers les Etats-Unis et 17 000 t vers la Russie. De plus, il va renforcer sa présence en Asie (Chine, Hong Kong, Taïwan, Corée du Sud) et en Colombie, ainsi que vers onze nouvelles destinations ouvertes en 2012, comme le Brésil, la Norvège, le Canada et le Venezuela.

De même, les Etats-Unis ne relâchent pas leur attention et prévoient de cibler 25 pays dans leur campagne marketing. L’essentiel des volumes est pour l’instant expédié au Canada, en Amérique centrale, en Chine (Hong Kong) et en Indonésie.

En revanche, la production européenne est dédiée en majorité au marché européen, les variétés produites, que ce soit l’Italia, l’Aledo ou le Muscat, étant surtout consommées localement. L’offre s’est néanmoins étoffée en raisins apyrènes (Crimson Seedless, Sugraone, Flame, etc.), notamment en Espagne et dans une moindre mesure en Italie, mais elle reste destinée aux marchés d’Europe du Nord, avec aussi pour objectif d’allonger le calendrier de production. De même, l’offre s’est renforcée en Red Globe en Italie, mais essentiellement à destination du marché européen. Les exportations extracommunautaires représentent environ 13 % du total et sont surtout tournées vers les pays limitrophes (48 000 t en Russie, 27 000 t en Suisse et 12 000 t en Norvège) ou vers les pays du Bassin méditerranéen (2 000 t vers l’Algérie, la Libye ou l’Arabie saoudite).

 

Raisin de table-Monde-Importations
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