Marché européen de la banane en 2015

  • Publié le 22/01/2016 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°238 , Page 58 à 76
  • Gratuit

Jean qui grogne et Jean qui rit

Le bulletin de santé 2015 du marché bananier mondial est sujet à diverses interprétations. Côté importation, c’est, sinon l’euphorie, tout au moins la satisfaction de voir un marché résilient que ce soit en termes de niveau des prix comme de consommation. Côté fournisseurs, c’est plus compliqué. Il y a ceux, dollarisés, qui subissent de plein fouet les effets dépressifs sur leur revenu de la faiblesse de l’euro face au dollar et ceux qui se frottent les mains car ils produisent en zone euro ou hors zone dollar. Pour 2016, les choses semblent plus ouvertes, avec un grand point d’interrogation sur les effets régulateurs du phénomène météorologique El Niño sur l’offre mondiale.

Ouvrir/Fermer Boutique

Consolidation. C’est le terme adéquat pour décrire l’année bananière 2015. Il y a encore quelques années, les indicateurs pour 2015 nous auraient poussés à plus d’optimisme. Mais, depuis, le marché bananier mondial nous a habitués aux bonnes nouvelles toutes relatives. Maintenant, un prix import en légère hausse et une consommation en Europe ainsi qu’aux États-Unis qui tangente les meilleurs niveaux n’émeuvent plus personne. Au contraire, les esprits chagrins voient dans ces deux signes une vraie contre-performance et non pas un marché qui se consolide à des niveaux que personne ne pouvait imaginer il y a encore quelques années. Certes, le commerce n’est jamais content, ce qui est sans doute un des moteurs de son renouvellement, mais on ne peut que constater qu’il se complaît parfois dans un excès de pessimisme. Car les faits parlent d’eux-mêmes. Prenons quatre marchés de référence pour lesquels nous avons des données au stade import, que ce soit via notre Observatoire des marchés ou Sopisco News : Allemagne, France, Europe et États-Unis. La conclusion générale est que les prix import évoluent tous dans le même sens : celui de la hausse !

C’est en Allemagne que le phénomène de hausse est le plus marquant. Selon le baromètre CIRAD-FruiTrop, le prix moyen import (non pondéré) a augmenté de 10 % pour atteindre 14.9 euros du carton ! Soit la traduction pleine et entière de la révision du prix du contrat Aldi.

banane - allemagne - prix import annuel
banane - allemagne - prix import annuel
banane - allemagne - prix import hebdo
banane - allemagne - prix import hebdo

En France, les prix import ont fait un bond de 4 % pour passer de 12.7 à 13.2 euros par colis. Il faut remonter à 2012 ou même à 2005, la fameuse année pré-réforme de l’OCM Banane, pour retrouver des niveaux qui dépassent les 13 euros. Cette belle performance a été rendue possible grâce à une première moitié d’année tonitruante. Globalement, les prix mensuels ont été meilleurs en 2015 qu’en 2014, entre + 8 et + 14 %. Il a suffi de trois mois pour que l’année passe d’exceptionnelle à bonne et, en tout cas pour beaucoup, à décevante. C’est en trois mois qu’a été détruit le surplus de valeur ajoutée qui aurait fait revenir, en euro constant, le prix importation au niveau de 2007 (cf. encadré). Dommage ! La consommation française a, quant à elle, déçu. A partir des données disponibles (dix premiers mois de 2015), on constate qu’elle a fléchi de 1 % par rapport à 2014 et de 4 % par rapport au record de 2013.

Pour l’ensemble de l’Union européenne, les prix évoluent à la hausse. En moyenne (non pondérée), le prix de référence (source CIRAD-FruiTrop) culmine à 14.1 euros le colis contre 13.3 en 2014, soit une progression de 6 %. Pour retrouver ces niveaux de prix, il faut remonter à 2001, période quasi préhistorique pour certains, où le marché européen était encore sous le régime du contingentement par grands types d’origines. Le marché est passé, depuis 2006, dans le grand bain de la libéralisation des échanges, qui s’est traduit par un passage d’un système contingentaire à un système tarifaire, où le droit de douane va en s’amenuisant. Côté consommation, les statistiques dont on dispose (dix premiers mois de l’année) nous permettent de dire qu’au pire nous terminerons l’année sur une augmentation d’au moins 2 %, dépassant ainsi les 5.7 millions de tonnes. Enfin, les prix de détail (cf. encadré) ont évolué différemment selon les pays. En France, en Allemagne et en Italie, on a pu constater une certaine inflation : jusqu’à 4 %. En revanche, les étiquettes ont baissé au Royaume-Uni : de - 2 à - 6 %. Les prix sont restés stables en Espagne et en République tchèque.

banane - barometre UE - prix import
banane - barometre UE - prix import
banane - france - prix import annuel
banane - france - prix import annuel
banane - france - prix import hebdo
banane - france - prix import hebdo

Enfin, aux États-Unis (cf. encadré), les prix à l’importation de type spot (hors contrat, source Sopisco News) ont évolué de façon légèrement positive, grâce notamment à un excellent premier trimestre. Le prix annuel (non pondéré) est passé de 16.6 à 16.7 USD/carton, soit une hausse d’à peine 1 %. En dollar courant, c’est tout de même un nouveau record qui est inscrit en 2015 et, surtout, plus d’un doublement en une décennie. La consommation a évolué sur les mêmes très hauts niveaux qu’en 2014, sans toutefois aller au-delà (dix premiers mois pour l’instant). On peut parier que la barre des 4 millions de tonnes consommées sera légèrement dépassée pour l’année complète.

Un avis pour chaque type d’acteur

Mais alors, d’où vient cette inquiétude latente, perceptible durant tout l’automne et même jusqu’en toute fin d’année ? Pour répondre à cette question, il faut scruter de manière plus précise l’année 2015. Et on peut être quelque peu déçu car tout était en place pour en faire une année record. En fait, la belle machine s’est enrayée à l’automne. Un peu trop d’offre, un peu moins de demande et la mécanique à détruire de la valeur s’est réveillée. Le cercle vicieux d’une offre à la hausse, notamment côté dollar, et d’une consommation qui fait du surplace (par rapport au record de 2014) ont entraîné les prix import à la baisse. Difficile de cerner avec exactitude le passage délicat car cela dépend fortement de la période de référence prise en compte. Comparés à ceux de l’exceptionnelle année 2014, les prix import (en France par exemple) ont commencé à légèrement décrocher à partir de la semaine 32, pour rester en deçà du prix 2014 jusqu’en semaine 50. Le pic de mévente a été atteint en semaine 36. La situation est toute différente si l’on prend en compte la moyenne triennale 2012-2013-2014. Le sentiment de crise s’efface alors complètement, si ce n’est pendant deux toutes petites semaines : 47 et 48. En conclusion, du point de vue de l’importateur, le mot « crise » doit être banni de la terminologie employée pour décrire la conjoncture de l’année 2015. Mais ce n’est pas le cas du point de vue des fournisseurs.

taux de change euro-rouble
taux de change euro-rouble
taux de change euro-USD
taux de change euro-USD

Le pessimisme a débuté très tôt dans l’année pour les fournisseurs dollar, et plus précisément ceux qui produisent et vendent (directement ou indirectement) en dollar US. Si pendant des années le taux de change n’a pas été un paramètre crucial à prendre en compte dans l’analyse des échanges bananiers, ce n’est plus du tout le cas depuis le réveil du dollar et son corollaire, le glissement et même la dégringolade de l’euro. On ne peut plus réfléchir en vase clos et en appliquant le fameux « toutes choses égales par ailleurs » cher aux économistes. Rappelons les chiffres. L’euro s’échangeait à près de 1.40 USD en mars 2014 et à 1.08 USD début janvier 2016. En moins de deux ans, il a perdu près d’un quart de sa valeur. Une question simple se pose donc : la valeur du colis de banane vendu dans la zone euro a-t-elle augmenté d’un quart en deux ans ? Ce n’est évidemment pas le cas. Si perte de valeur il y a eu, à quel endroit de la chaîne est-elle intervenue ? La baisse récente du prix minimum garanti en Équateur montre clairement que le maillon producteur est celui qui a subi le plus fort impact de la variation des taux de change.

Tous les pays ne sont pourtant pas logés à la même enseigne. Dans une étude parue en avril 2015 (cf. FruiTrop n°231, page 40 et suivantes), nous avions montré les gagnants et les perdants. L’impact négatif maximal se manifestait pour les économies dollarisées comme l’Équateur. A l’autre bout de l’échiquier, le Ghana se retrouvait dans la position du fournisseur qui bénéficiait le plus de la variation des monnaies. C’est encore et toujours le même cas de figure. En Afrique, la zone franc (valeur à parité fixe avec l’euro) bénéficie, quant à elle, à 100 % du raffermissement du prix import en Europe… prix import facturé en euro.

La fin du « toutes choses égales par ailleurs »

Quelques zones d’ombre restent tout de même à explorer avant de pouvoir conclure sur l’exposition au risque de change pays par pays. Car la structure de coût des filières d’exportation latino-américaines, caribéennes et africaines est très différente, ne serait-ce que parce qu’une proportion variable des facteurs de production (énergie, engrais, plastique, carton, fret, etc.) est payée en dollar. De même, le type d’organisation des filières (du simple producteur indépendant à la filière totalement intégrée y compris pour les fonctions logistiques) permet ou non de faire apparaître les produits et les charges à l’endroit où le rendement économique est le meilleur.

Enfin, si la recette en euro des ventes de banane a baissé en dollar, certains coûts ont dû baisser également. La banane n’étant finalement que le fruit d’une transformation d’énergie fossile en hydrates de carbone, l’effondrement du prix du pétrole a un impact sur quelques postes de dépenses, notamment le transport maritime, les engrais ou encore les plastiques. Evidemment, l’effet d’une baisse de prix d’une matière première ne se répercute pas instantanément et dans son intégralité tout au long de la chaîne. Les fournisseurs d’engrais n’ont pas divisé par trois leur prix de vente. Et puis, il est moins avantageux de payer son énergie en dollar lorsque sa recette est en euro, sauf si l’énergie en question baisse plus vite que l’euro ne se déprécie. La preuve. Entre juin 2014 et janvier 2016, le prix du pétrole libellé en euro a baissé de 57 %, soit deux fois plus rapidement que la baisse de l’euro face au dollar.

Difficile donc de conclure de manière générale, mais on peut tout de même dire que les producteurs fortement dollarisés n’auront pas vécu la même année 2015 que les producteurs communautaires ou encore les producteurs et opérateurs des zones peu ou pas dollarisées. Les grandes manœuvres (création et extension de périmètres bananiers) en Afrique de l’Ouest sont, en partie, à analyser à la lumière de ces intenses mouvements de taux de change, mais pas seulement. La stabilité politique retrouvée de certains pays, l’attractivité en termes de facteurs de production, la forte croissance économique du continent, la demande intérieure qui s’accroît, la proximité de l’Europe, premier marché mondial, etc., concourent aussi à séduire les investisseurs.

Et les fruits concurrents dans tout cela ? Il y a peu de choses à en dire. Agrumes, pommes, fruits rouges ou fruits d’été n’auront quasiment jamais freiné outre mesure les ventes de banane. Si gêne il y a eu, les facteurs économiques (taux de change en premier lieu) en ont largement dissous les possibles effets.

Du constat…

Revenons sur la période plus ou moins délicate qui s’est étendue durant tout l’automne 2015. Son analyse est riche d’enseignements sur ce qu’on pourrait appeler la nouvelle configuration du paysage bananier européen. En effet, ce sont les crises et surtout leur gestion qui informent sur la résilience d’un système. D’habitude, sous l’effet d’une offre en forte hausse, les marchés les plus fragiles, France en tête, dévissaient les premiers et contaminaient par effet dominos les marchés réputés les plus solides, comme l’Allemagne. Ce schéma, décrit sans doute de manière trop frustre tant le fonctionnement du marché européen est complexe, se répétaient sans grande variation à chaque inflation de l’offre ou concurrence trop forte des autres fruits. Eh bien on constate que 2015 restera comme l’année où les marchés, qu’on disait fébriles, ont développé une bonne résistance et même endigué la baisse des prix au stade import.

Avant d’en avancer les probables raisons, vérifions cela par les chiffres. C’est au travers des prix import sur le marché spot que peut se vérifier l’hypothèse de forte résistance de certains marchés. Pour l’Allemagne, marché déjà endurant, la période automnale de 2015 n’a vu baisser les prix « que » jusqu’à 11 euros/carton, alors qu’à la même période en 2013 le point bas se situait à 8.5 euros. Dans les deux cas, le fait générateur a été un afflux de fruits sur le marché européen. Pour la France, le constat est le même. En pleine période de doute en 2015, le prix import en France n’est jamais tombé en deçà de 11.5 euros/colis. C’est ni plus ni moins le prix bas le plus élevé que nous ayons enregistré depuis le début de la série, c’est-à-dire en 2001. Il faut rappeler qu’en 2012, le marché était tombé à 8.3 euros ! Précisons que ce constat repose sur des moyennes et passe sous silence des situations de marché catastrophiques, comme c’est le cas lors de chaque crise, où le prix est tombé à des niveaux extrêmement bas.

Mais alors, où est donc le maillon faible si les anciens marchés vulnérables comme la France jouent désormais le rôle de stabilisateur ? Comme tout bon météorologue, on peut penser que la dépression s’est décalée vers l’est de l’Europe. Mais là encore, le marché semble avoir gagné en maturité. Car, pendant toute la période critique, les prix import en Pologne, par exemple, ne sont jamais descendus en deçà de 10 euros/carton. Même en Russie, marché fusible s’il en est, le prix n’est tombé à 9 USD/carton que pendant une semaine, pour tout de suite remonter à 11 USD. Un puissant anticyclone a donc empêché le marché de tomber. Pour la Pologne, malgré la sombre période, le prix annuel est resté identique à celui de 2014 à 13 euros/carton. La seule chose que les marchés polonais, russe et même français n’ont pas pu éviter en 2016, c’est une augmentation de la volatilité. Après un point extrêmement bas en 2014, elle remonte sensiblement en France. En Pologne et en Russie, la volatilité retrouve des sommets. Elle est trois fois plus importante dans ces pays qu’en France, par exemple.

banane - france - ecart type prix vert
banane - france - ecart type prix vert
banane - france - volatilite prix vert
banane - france - volatilite prix vert
banane - pologne - ecart type prix vert
banane - pologne - ecart type prix vert
banane - russie - ecart type prix vert
banane - russie - ecart type prix vert

…à l’analyse

Passons maintenant à l’analyse des ressorts de ce qui pourrait apparaître comme une nouvelle « intelligence de marché ». Deux hypothèses, qui s’additionnent, sont sur la table.

La première tient au taux de change euro/dollar. Nous avons déjà longuement évoqué les effets négatifs de la baisse de l’euro sur l’attractivité du marché européen. L’apparente solidité du marché tient au fait qu’il est impossible de vendre à des prix qui, convertis en dollar, ne paient même plus le fret, le carton et le droit de douane.

Il est, certes, valide pour un observateur européen de comparer des niveaux de prix en euro inter-annuel et d’être satisfait de cette comparaison en louant l’effet protecteur de la baisse de l’euro face au dollar. Mais cela n’a pas de sens pour un fournisseur qui travaille en zone dollar car les paramètres de base ont changé et, dans ce cas-là, comparaison n’est pas raison. Aussi, est-il intéressant de traduire en monnaie locale des pays exportateurs les prix import européens libellés, eux, en euro. Tout s’explique alors, puisque pour les pays fortement exposés à la hausse du dollar, comme l’Équateur mais aussi le Costa Rica, la valeur des importations européennes en 2015 (référence prix import en France) décroche de son niveau historiquement élevé constaté en 2012, 2013 et 2014 (indice de plus de 130), pour retomber lourdement à une valeur comparable à celle de 2007.

banane - europe - prix import diminue du droit de douane
banane - europe - prix import diminue du droit de douane

Et encore, la dégressivité du droit de douane perçu à l’entrée des bananes dollar dans l’UE atténue un peu le choc économique. De fait, les opérateurs équatoriens attendent avec une grande impatience de bénéficier courant 2016 du même droit réduit que leurs concurrents latino-américains. Si l’on tient compte de l’inflation dans ces pays (par exemple de 3 à 5 % par an en Équateur ces dernières années), les choses sont bien pires encore. Dans ce contexte, la baisse du prix minimum garanti, décidée récemment par le gouvernement Correa, peut être analysée soit comme une mesure d’ajustement à la conjoncture bananière mondiale, soit comme une volonté des maillons intermédiaires de faire porter tout l’effort de compétitivité sur le maillon le plus faible de la chaîne : encore et toujours le producteur. C’est une constante qu’on pourrait qualifier de macabre !

La deuxième hypothèse est plus rassurante sur le fond car moins liée à la variation quasi imprévisible des taux de change. C’est l’hypothèse d’un marché qui se structure et qui, de ce fait, anesthésie en partie les effets dévastateurs des volumes de banane mis en marché sans destinataire final fixe. En fin de compte, l’enjeu est de réduire à peau de chagrin la place que jouent les volumes spot.

banane - UE - approvisionnement estime sur 12 mois
banane - UE - approvisionnement estime sur 12 mois

Le premier effet est de rééquilibrer le dialogue commercial avec l’aval, qui a moins la possibilité de trouver des offres à prix cassés et donc d’en jouer dans les négociations. Une certaine fluidité peut en découler dans les relations commerciales, qui se traduit notamment par une montée en puissance de la contractualisation, fortement développée par exemple en Allemagne et dont l’utilisation s’étend à d’autres pays. Cette mécanique vertueuse ne fonctionne pas dans tous les pays européens, l’est de l’Europe restant moins bien armé pour résister aux effets déprimants des offres de dégagement pratiquées par les autres Etats membres et les fournisseurs en quête de débouchés.

Moins de zapping des fournisseurs, c’est davantage de relations à moyen terme et donc la possibilité d’un travail sur le fond. Toutefois, la mariée semble évidemment trop belle et rien ne se passe jamais comme dans les livres. Prenons un exemple : la contractualisation fonctionne si, et seulement si, les parties signataires en respectent les clauses, y compris en période de modification des équilibres qui prévalaient à la signature du contrat.

Et 2016 dans tout cela ?

On laissera aux adeptes des modèles mathématiques déterministes le rôle de prédire. Trop souvent par le passé, ces « boîtes noires » ont menti sur l’avenir. Aussi nous en resterons aux prévisions pour 2016. Pour ce faire, on procédera à l’examen des grands facteurs qui feront les nouveaux équilibres sur le marché bananier.

Le taux de change tout d’abord, dont nous avons amplement parlé dans cet article. A première vue, la politique de resserrement monétaire américaine, activée fin 2015, devrait confirmer la grande appétence des investisseurs pour le dollar, qui devrait ainsi s’apprécier. Pourtant, la Banque nationale du Canada pointe le risque d’éclatement de la bulle spéculative qui s’est formée autour du dollar, ce qui conduirait à un retour sur terre de la monnaie de réserve mondiale. Si l’on se réfère aux premiers jours de janvier 2016, l’euro, qui cote 1.07 euro pour 1 USD, est encore sur une tendance baissière. L’anticyclone « taux de change » devrait donc continuer à protéger le marché européen d’une trop forte poussée de l’offre dollar quelle que soit l’origine, à l’exception de la Colombie qui devrait continuer à bénéficier d’un taux de change favorable.

Pour le pétrole et l’énergie au sens large, les choses sont plus simples. Toutes les prévisions vont dans le même sens. Le pétrole restera bon marché pendant encore au moins deux ans et pourrait même toucher un point plus bas que maintenant au cours du premier trimestre de 2016. Début 2016, le prix du baril s’établissait à 35 USD.

Quelle sera l’offre mondiale de banane en 2016 ? C’est LA grande question et LA grande incertitude. Pour faire simple, on peut dire que tout repose sur El Niño. L’argument n’est pas très nouveau tant le phénomène est scruté, attendu ou au contraire redouté par tous les opérateurs. En ce début d’année 2016, la vigilance est toujours de mise et tous les modèles météo annoncent un phénomène puissant, qui devrait durer tout le 1er trimestre 2016, puis s’amenuiser au cours du 2e trimestre. Grossièrement, les effets d’un Niño pour les zones bananières sont une sécheresse appuyée en Colombie, Caraïbes et Amérique centrale et de fortes pluies en Équateur et Pérou par exemple. L’important dans le phénomène n’est pas forcément qu’il se manifeste ou pas, mais son intensité. Un Niño léger serait, parfois, synonyme d’augmentation de la productivité pour certaines zones, soit par un arrosage optimal, soit par une sécheresse suffisante pour ralentir le développement de la cercosporiose noire par exemple. Le dernier Niño de forte intensité remonte à 1997-1998. A l’époque, la moyenne annuelle du prix vert import en France avait bondi de près de 60 % ! Les effets dépressifs sur l’approvisionnement du marché mondial s’étaient fait sentir de fin mars 1998 jusqu’en fin d’année, soit le temps d’un retour normal en production.

Plus diffus et à plus long terme sera l’effet des nouvelles capacités du canal de Panama, dont le doublement est prévu en avril 2016. De plus gros navires seront mis en service dans les années qui viennent sur les routes maritimes qui relient l’océan Pacifique à la mer des Caraïbes. Cela implique aussi de pouvoir recevoir ces porte-conteneurs géants dans les ports bananiers d’Amérique latine. L’effet de cet investissement ne sera sans doute pas visible à court terme, mais une offre de transport maritime supérieure et à moindre prix a toujours motivé les chargeurs à en faire plus. C’est donc un facteur de changement à considérer dans le futur.

Dans un tout autre domaine, il faudra surveiller en 2016 l’évolution de la structure du marché européen. Nous avons déjà souligné l’effet bienfaisant d’une structure commerciale qui privilégie les moyen et long termes plutôt que les relations de court terme. L’équilibre est toujours délicat à maintenir. Il suffit qu’une entreprise de taille importante, en plein changement de gouvernance, reprise par un agroindustriel étranger au secteur bananier, change sa stratégie commerciale en vue de reconquérir des parts de marché et c’est tout l’édifice européen qui risque un coup de froid.

Reste à trouver une réponse à la dernière devinette : la consommation de banane en Europe et ailleurs continuera-t-elle sur le même rythme de croissance que ces dernières années ? On peut sérieusement en douter tant la dynamique a été impressionnante depuis 2012. Le taux de croissance moyen annuel de la consommation dans l’UE-28 entre les campagnes 2012-13 et 2014-15 (12 mois glissants de novembre à octobre) s’est élevé à 3.9 %. En valeur absolue, la taille du marché est passée de 5.1 millions de tonnes à près de 5.8 millions. Difficile de croire que l’on fera encore mieux. Les deux derniers mois (octobre et septembre 2015) pour lesquels les statistiques sont disponibles montrent même un marché en stagnation. Le potentiel est évidemment là étant donné les différentiels importants de niveau de consommation par habitant parmi les 28 Etats membres. Mais il semble plus prudent de partir sur une hypothèse médiane, qui serait la consolidation du haut niveau actuel de consommation, plutôt que sur une hypothèse de croissance. 600 000 à 700 000 tonnes de plus en trois ans, c’est un bel exploit sur un marché que l’on disait à maturité ! Et puis, il n’y a pas que l’UE qui compte. La Russie est aussi à surveiller, coincée volontairement entre l’embargo sur les produits européens et celui sur les produits turcs. La banane pourrait être finalement une excellente source alternative d’hydrates de carbone bon marché. Enfin, les États-Unis semblent entrés dans une période de consolidation au niveau de 4 millions de tonnes.

Difficile après tous ces « si » et ces « peut-être » de défendre une vision claire de l’avenir proche. On s’en remettra donc à la vox populi, c’est-à-dire aux opérateurs de marché, qui sont plutôt sereins. Le climat sera dans tous les cas le grand régulateur du marché. Niño or not Niño? C’est définitivement la bonne question à se poser.

indice CIRAD experimental - cout banane
indice CIRAD experimental - cout banane

Note : les prix à l’importation présentés tout au long de ce dossier sont à prendre comme des tendances ne reflétant aucunement les situations commerciales particulières. Ils sont non pondérés et représentent un panel d’origines et de qualités.

banane - france - prix detail annuel
banane - france - prix detail annuel
banane - france - prix detail mensuel
banane - france - prix detail mensuel
banane - france - prix detail promo annuel
banane - france - prix detail promo annuel
banane - france - prix import annuel
banane - france - prix import annuel
banane - france - prix import estime
banane - france - prix import estime
banane preemballee - UK - prix detail annuel
banane preemballee - UK - prix detail annuel
banane preemballee - UK - prix detail mensuel
banane preemballee - UK - prix detail mensuel
banane vrac - UK - prix detail annuel
banane vrac - UK - prix detail annuel
banane vrac - UK - prix detail mensuel
banane vrac - UK - prix detail mensuel
banane - allemagne - prix detail annuel hard discount
banane - allemagne - prix detail annuel hard discount
banane - allemagne - prix detail annuel hors hard discount
banane - allemagne - prix detail annuel hors hard discount
banane - allemagne - prix detail mensuel hard discount
banane - allemagne - prix detail mensuel hard discount
banane - allemagne - prix detail mensuel hors hard discount
banane - allemagne - prix detail mensuel hors hard discount
banane - allemagne - prix vert
banane - allemagne - prix vert
banane - espagne - prix import super extra
banane - espagne - prix import super extra
banane canaries - espagne - prix detail annuel
banane canaries - espagne - prix detail annuel
banane canaries - espagne - prix detail mensuel
banane canaries - espagne - prix detail mensuel
banane canaries - espagne - prix vert
banane canaries - espagne - prix vert
banane hors canaries - espagne - prix detail annuel
banane hors canaries - espagne - prix detail annuel

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.