Marché européen de la mangue

  • Publié le 17/11/2016 - Elaboré par GERBAUD Pierre
  • FruiTrop n°244 , Page 24 à 28
  • Gratuit

300 000 tonnes importées en Europe en 2016 ?

Les importations européennes de mangue dépasseront-elles les 300 000 tonnes en 2016 ? Ce chiffre, juste effleuré en 2015, serait-il à remiser au rayon des vieilleries ? Bientôt la mangue au rang de l’avocat ? L’année n’est pas terminée mais l’on peut supposer que cet élan, qui s’accélère depuis cinq à six ans, ne s’arrêtera pas brutalement en 2016.

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Le nombre d’origines fournissant le marché européen reste très important, mais les six premières représentent à elles seules près de 84 % des importations totales européennes. Ainsi, les variations de volume sur les dernières années proviennent-elles davantage de la défection ponctuelle de telle ou telle origine du Top 10 des pays exportateurs que des fluctuations d’origines mineures. Avec autour de 43 millions de tonnes produites à travers le monde pour 1.5 million de tonnes faisant l’objet d’un commerce international, le potentiel d’approvisionnement en mangue du marché européen ne risque pas de provoquer de déficit quantitatif notable.

Pour l’année 2016, en l’absence des quantités totales livrées par le Brésil, qui s’intensifient en fin d’année, l’évolution observée ces dernières années semble se confirmer. Le Brésil et le Pérou restent les deux premiers fournisseurs du marché européen, avec des quantités certes variables mais néanmoins largement supérieures à celles des autres pays exportateurs. Ainsi, le Pérou accuse un repli de presque 10 000 tonnes en 2016 par rapport à 2015, totalisant tout de même près de 70 000 tonnes.

L’élément propulseur de 2016 est sans doute la progression des exportations des origines intermédiaires, appartenant au groupe des dix premiers fournisseurs, mais dont les exportations se stabilisaient depuis plusieurs campagnes autour des 10 000 tonnes. A ce titre, les origines ouest-africaines sont particulièrement dynamiques, sous la conduite de la Côte d’Ivoire dont les expéditions ont plus que doublé en quelques années, passant d’un régime de 8 000 à 12 000 tonnes par campagne à 30 000 tonnes cette année. Les pays voisins interviennent pour des quantités nettement inférieures : 7 300 tonnes pour le Mali et 5 500 tonnes pour le Burkina Faso. Cependant, le cumul de ces volumes fait sortir les origines d’Afrique de l’Ouest de l’ombre où elles se cantonnaient jusqu’à présent. Ces trois pays totalisent près de 43 000 tonnes expédiées vers l’Europe, sans compter les exportations vers d’autres destinations régionales ou plus lointaines. Si l’on ajoute à ce trio de base la Guinée et le Sénégal, au calendrier plus tardif, le seuil des 50 000 tonnes est largement dépassé. Déjà importante dans l’approvisionnement européen de mangue, l’Afrique de l’Ouest redevient incontournable comme cela était le cas dans le passé.

mangue - UE - evolution des imports
mangue - UE - evolution des imports

Par ailleurs, si la République dominicaine stagne en 2016, Porto Rico progresse de 4 000 tonnes, effaçant largement le léger déficit de cette dernière et contribuant à l’augmentation générale des importations européennes. Il convient également d’ajouter les résultats positifs de la campagne d’Israël qui vient de s’achever, avec 15 500 tonnes expédiées contre 13 800 tonnes en 2015. La campagne d’automne est dominée par le Brésil, dont les envois totaux ne seront connus qu’en début d’année prochaine, mais également par l’Espagne dont la production s’amplifie chaque année. Après une campagne en demi-teinte en 2015 (9 000 à 10 000 tonnes) compte tenu de mauvaises conditions météorologiques, l’année 2016 se présentait sous de meilleurs auspices avec des prévisions au niveau des réalisations de 2014, à savoir 18 000 à 20 000 tonnes. Là encore, ces origines des périodes estivale et automnale participent à l’évolution des importations globales de l’Union européenne, laissant présager que le seuil des 300 000 tonnes sera dépassé cette année.

La mouche du fruit : le fléau de la filière mangue africaine

Si les volumes expédiés par les origines ouest-africaines vers l’Europe connaissent un remarquable essor animé par la Côte d’Ivoire, il n’en demeure pas moins que la question de l’infestation de certains lots par la mouche du fruit reste pendante. Bien que d’importants efforts aient été réalisés, notamment par la Côte d’Ivoire depuis deux campagnes, le problème ne semble pas trouver de solution. Plusieurs projets de lutte ont été mis en place, mais les effets tardent à se concrétiser (voir tableau).

mangue - UE - nombre de saisies par origine
mangue - UE - nombre de saisies par origine

L’écart entre l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest est flagrant. Même si les pays latino-américains ne sont pas exempts de parasites, le nombre de saisies en Europe est infiniment moindre que pour les pays d’Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, sujet d’une surveillance particulière en 2014, semble être parvenue, non pas à résoudre le problème de l’infestation des mangues par la mouche du fruit, mais au moins à en limiter le développement. La réduction notable du nombre de saisies montre une meilleure maîtrise du problème par les intervenants de la filière ivoirienne, d’autant plus forte que les quantités exportées se sont considérablement accrues. La mise en place de programmes de lutte contre la propagation des mouches, mais également l’éventuelle baisse de la pression parasitaire due aux conditions météorologiques des deux dernières campagnes (harmattan), ont favorisé la forte diminution des infestations. Le Sénégal semble suivre la même tendance. En revanche, le Mali et le Burkina Faso se distinguent par un niveau d’interceptions particulièrement élevé en chiffre absolu et pire si l’on rapproche ce nombre aux volumes exportés. Étrangement, ces pays n’ont pas fait l’objet d’alertes particulières. Doit-on y voir un traitement spécial compte tenu de leur situation géopolitique ?

Côté Amérique latine, le problème de la mouche du fruit paraît mieux maîtrisé, à part en République dominicaine, sachant qu’il s’agit du seul pays exportant très peu de mangues vers les États-Unis. Le Brésil et le Pérou, quant à eux, sont aguerris aux réglementations des États-Unis, qui les ont contraints à développer des méthodes de traitement sur culture et post-récolte garantissant l’absence de mouche du fruit dans les mangues qui leur sont destinées.

L’Afrique de l’Ouest progresse certes dans la lutte contre la mouche du fruit, mais de façon encore trop lente et inégale selon les origines. Cette disparité entrave partiellement le développement homogène du bassin de production de l’ouest africain

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