Tension et prix soutenus : ainsi s’annonce la campagne 2017-18. En effet, la plupart des principaux fournisseurs du marché communautaire affichent un déficit de production significatif. L’Espagne, qui assure à elle seule environ les trois quarts de l’approvisionnement, est le pays le plus touché avec une récolte inférieure à 2 millions de tonnes (son plus petit niveau depuis dix ans), chiffre marquant un retrait de 13 % par rapport à la moyenne biennale. Le déficit est particulièrement notable en clémentine, y compris pour la variété reine Nules (- 20 % par rapport à la moyenne pour ce groupe). Ainsi, l’approvisionnement du marché européen s’annonce sensiblement déficitaire durant le cœur de saison. Les autres fournisseurs du marché communautaire ne jouent qu’un rôle mineur durant cette première partie de saison. La Corse, qui livre quasi exclusivement le marché français, est très déficitaire après une saison 2016-17 record. Le potentiel export de clémentine est encore très incertain au Maroc. Malgré l’explosion des surfaces, la production est décevante et le calibrage limité, en particulier dans le Souss et l’Oriental où les infrastructures d’irrigation sont encore insuffisantes. Les cours devraient donc être d’un bon niveau en novembre et décembre, en particulier pour les fruits gros et moyens.
Les volumes disponibles devraient revenir à un niveau moyen durant la deuxième partie de saison, l’entrée ou la montée en production des jeunes vergers d’hybrides plantés ces dernières saisons compensant les effets délétères du climat ou de l’alternance. Au Maroc, la production de Nadorcott progresserait d’environ 10 % par rapport à la saison passée, malgré un verger pratiquement stabilisé à environ 6 000 ha. De même, en Espagne, la récolte de Nadorcott s’annonce légèrement supérieure à la précédente, tout comme pour l’Orri. Par ailleurs, cette saison devrait aussi voir le réel démarrage des productions ibériques de la variété Tango sur le marché communautaire, avec des volumes estimés à 25 000 t selon la source officielle. Toutefois, ces progressions modestes devraient être contrebalancées par une baisse sensible de la production israélienne d’Orri (- 30 %, en contrecoup du record à 165 000 t de la précédente campagne). Dans ce contexte de volumes stables, les prix devraient donc être soutenus durant cette deuxième partie de saison, d’autant que la transition entre clémentines/hybrides de début de saison et hybrides de fin de saison devrait se passer dans un meilleur contexte qu’en 2016-17 (des problèmes qualitatifs majeurs ayant pesé sur les prix de toutes les variétés).
L’UE-28 ne devrait pas être le seul marché très ouvert. La Russie, débouché absorbant plus de 700 000 t (soit l’équivalent de 40 % de la consommation communautaire) est revenue aux achats en 2016-17, grâce à une petite remontée du rouble et à la fin de l’embargo sur les productions turques (celui sur les productions communautaires restant en vigueur). L’important déficit de production de la Turquie (- 25 % par rapport à la saison 2016-17), son principal fournisseur, devrait profiter au Maroc, qui sert aussi le marché communautaire. En revanche, la petite décrue de la production californienne (- 4 % par rapport à 2016-17 à 870 000 t) ne devrait guère changer la donne, le grand marché des États-Unis restant toujours aussi peu consommateur (2.5 kg/habitant) et toujours aussi peu ouvert aux productions méditerranéennes, dont les exportations stagnent à 75 000-80 000 t (le Maroc progressant au détriment de l’Espagne).
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