Le marché de la datte

  • Publié le 31/05/2013 - Elaboré par DAWSON Carolina
  • FruiTrop n°211 , Page 14 à 21
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Un marché européen toujours saisonnier et peu évolutif

La datte, aliment de base de nombreuses populations, est particulièrement consommée durant la période du Ramadan. La consommation européenne continue de progresser légèrement, mais reste encore timide et peu comparable à celle des grands pays consommateurs. Au niveau mondial, de nouveaux acteurs de poids apparaissent.

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Une production mondiale en progression constante

La production mondiale de datte connaît une croissance très marquée et continue. Depuis 1950, elle a doublé tous les vingt ans, atteignant près de 8 millions de tonnes en 2011, le double des années 90. Cependant, il y a eu des phases de ralentissement comme au début des années 80 ainsi qu’au début des années 2000 suite à des baisses de production dans de grands pays producteurs impliqués dans des conflits régionaux. Mais de manière globale, la croissance reste forte à + 22 % depuis 2000 et + 131 % depuis 1990.

Des zones de production traditionnelles

La culture du palmier-dattier, considérée comme l’une des plus anciennes,  demeure très régionale et concentrée à 96 % dans le nord de l’Afrique et au Moyen-Orient. Elle est également répandue en Asie (Chine, Inde) et sur le continent américain (Etats-Unis, Mexique, Costa Rica, Pérou). Cependant, ces productions restent anecdotiques par rapport à celles des grands pays producteurs qui sont, depuis les années 80, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak, l’Egypte, le Pakistan, les Emirats arabes unis, l’Algérie et le Soudan. 

Jusqu’en 2000, l’Irak dominait la production mondiale avec des volumes proches du million de tonnes. Toutefois, la guerre a fait plonger sa production de manière vertigineuse jusqu’en 2007 (430 000 tonnes). Elle est remontée depuis, mais le pays n’a pas retrouvé sa place de leader.

En effet, avec 1.3 million de tonnes en 2011 l’Egypte est devenue le premier producteur mondial de dattes, suivie de l’Arabie saoudite (1.1 million), de l’Iran (1 million), des Emirats arabes unis (900 000 t), de l’Algérie (690 000 t) et de l’Irak (619 000 t). Ces pays produisent à eux six près des trois quarts des volumes mondiaux. 

Il faut remarquer la part croissante de la Chine, qui a réussi à multiplier sa production par dix depuis les années 90, pour se positionner en tant que 12e dans la classification mondiale.

La production des Etats-Unis (Californie, Arizona) continue de progresser, mais les 30 000 tonnes atteintes en 2011 sont peu significatives.  

date prod
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Des exportations mondiales en progression, mais toujours anecdotiques

La datte est un produit de base surtout consommé dans les pays musulmans, en particulier lors de la période du Ramadan. De ce fait, la part de la consommation locale reste très importante. On estime que seulement 10 % de la production mondiale est exportée. Ainsi, l’Egypte autoconsomme la quasi-totalité de sa production puisqu’elle n’exporte que 1 % de ses volumes. De même, les exportations de l’Arabie saoudite ne représentent que 7 % de sa production. Les principaux exportateurs mondiaux sont les Emirats arabes unis, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Tunisie.

Avec 227 000 tonnes importées en 2010, les Emirats arabes unis sont les principaux importateurs de datte. Leur rôle dans le commerce mondial de la datte est devenu incontournable : 4e producteur, 1er exportateur et 1er importateur ! En effet, si la consommation locale est certes soutenue, les Emirats jouent aujourd’hui le rôle de plateforme du commerce entre les différents pays du Moyen-Orient et le reste du monde. Les dattes importées par bateau, qui proviennent majoritairement des pays voisins (Irak, Iran, Arabie saoudite, Oman, Inde) sont réexportées par la suite vers le monde entier (Japon, Pays-Bas, Australie, Syrie entre autres). Des infrastructures modernes ainsi qu’une situation centrale et une certaine stabilité politique au sein d’une région passablement instable confèrent à ce pays le rôle de « hub ».

Le deuxième plus grand importateur est l’Inde, avec 193 467 t importées en 2010, suivie de l’Union européenne (71 497 t) et du Maroc (51 500 t).

datte export
datte export

 

L’UE, un marché en croissance mais toujours réduit

Les importations européennes ne représentent aujourd’hui que 10 % du commerce mondial de la datte. Toutefois, elles ont connu une forte croissance ces dernières années passant d’environ 50 000 t à 72 000 t en l’espace d’une décennie, soit une croissance de 44 %.

Avec 28 355 t importées en 2012, la France est le principal pays importateur de datte en Europe et joue le rôle de plaque tournante. On estime que 40 % des volumes importés en France sont réexportés vers le reste de l’Europe. En effet, les liens historiques étroits développés entre les fournisseurs d’Afrique du Nord et les importateurs-exportateurs français expliquent cette situation. La France s’approvisionne ainsi à 90 % dans les pays méditerranéens (Tunisie, Algérie) qui profitent d’un droit de douane nul suite à des accords commerciaux avec l’UE.

Le Royaume-Uni est le 2e importateur européen, en particulier pendant la période des fêtes de fin d’année, suivi de l’Italie, de l’Espagne, des Pays-Bas et de la Belgique.

Des importations très saisonnières et une consommation qui stagne

L’analyse des importations françaises mensuelles permet de constater que la consommation de la datte reste très saisonnière. Deux pics sont observés, l’un au moment des fêtes de fin d’année et l’autre lors du Ramadan, la consommation de la datte demeurant ainsi très ethnique et festive. 

Les cinq principaux pays consommateurs en Europe sont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Toutefois, la consommation apparente est restée plutôt stable ou en très faible progression ces dernières années. On estime qu’elle est proche de 250 g/habitant en France, chiffre qui se maintient plus ou moins depuis plusieurs années.

En revanche, avec des quantités encore timides (entre 1 000 et 2 000 tonnes), la Suède, le Danemark et la Finlande ont connu les taux de croissance les plus importants de ces dix dernières années en Europe. Même si ces marchés restent modestes, leur dynamisme et le fort pouvoir d’achat des consommateurs représentent un atout pour les pays producteurs et mèneraient la croissance du marché européen. Il ne s’agirait pas dans ce cas d’une consommation ethnique, mais plutôt de la découverte du produit par les populations locales au travers du tourisme, des voyages.  

datte import
datte import

Variétés commercialisées et différentes présentations

Parmi les centaines de variétés de datte existantes, seul un nombre limité est importé en Europe. Les principales variétés commercialisées dans l’UE sont la Deglet Nour, essentiellement produite en Tunisie et Algérie, et la Medjoul, provenant d’Israël et des Etats-Unis. D’autres variétés dites « communes » (Kenta, Alligh, Khouat Allig) sont importées par la France, mais destinées principalement à la réexportation vers d’autres pays européens où elles sont utilisées, comme en Angleterre par exemple, dans des préparations culinaires ou comme ingrédients pour l’industrie.

Les dattes dites « glucosées » sont des dattes sèches réhydratées, généralement recouvertes d’un sirop de glucose leur conférant un potentiel de conservation assez long. Elles sont disponibles presque toute l’année dans les rayons fruits secs.

Il existe également des dattes surgelées aussitôt récoltées qui, une fois décongelées, sont mises en rayon réfrigéré par le distributeur et se conservent une dizaine de jours. C’est le cas de la datte Hayani.

En revanche, les dattes naturelles, disponibles en saison (d’octobre à janvier), sont généralement branchées, mises en carton directement sans aucun traitement et vendues en tant que fruit frais.

La Deglet Nour naturelle branchée est surtout vendue en carton vrac de 5 kg aux grossistes. On la trouve également en cartons de 2 kg et de 1 kg ainsi qu’en bouquet de 500 g, ces deux derniers conditionnements étant plus particulièrement destinés à la grande distribution. La Deglet Nour « glucosée » présentée en carton vrac de 5 kg constitue une faible part des volumes importés et est destinée à certains grossistes, spécialistes de fruits secs. On la trouve plus souvent en raviers poly de 250 g et 500 g.

Des prix stables et peu saisonniers

L’analyse de la valeur globale à l’importation (valeur douanière) montre que les prix sont relativement stables au cours de l’année et oscillent entre 1 500 et 2 000 euros/tonne. Une hausse intervient à partir de septembre, moment où débute la campagne de Medjoul d’Israël. Le haut de la fourchette de prix est atteint lors des fêtes de fin d’année. Ainsi, les pics de consommation constatés en dehors de cette période seraient déconnectés du prix de vente à l’importation.

Les valeurs à l’importation sont très différentes selon les variétés et les origines. On observe que pour la Tunisie, principal fournisseur de Deglet Nour, les prix sont très stables en cours d’année et sur la durée. On ne peut pas parler de saisonnalité des prix. En ce qui concerne l’origine Israël, il est plus difficile de conclure. En effet, la majorité de l’offre est constituée de Medjoul, variété plus haut de gamme et vendue à des prix beaucoup plus soutenus que la Deglet Nour. Quoi qu’il en soit, l’écart de prix entre ces deux origines est relativement important .

datte prix
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