La réassurance par tierce partie est malheureusement une activité en plein boom

  • Publié le 12/06/2016 - Elaboré par Observatoire des Marchés / FruiTrop
  • FruiTrop n°241 , Page 2 à 2
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Elle se manifeste par un label privé apposé sur les produits, qui est censé être porteur de valeurs environnementales ou sociales, et bien souvent les deux.

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 Le cas du bio est un peu différent car, en ce qui concerne l’UE ou les États-Unis, les principes ont été fixés par les autorités publiques, même si la certification et le contrôle sont délégués à des cabinets privés (ce qui peut poser problème, notamment dans les pays tiers). En revanche, pour les labels privés à usage collectif (Fair Trade, Rain Forest Alliance-RA, GlobalG.A.P., Max Havelaar, etc.) ou ceux à usage privé (Tesco Nurture ou Filière Qualité Carrefour), les cahiers des charges sont conçus et proposés par des intermédiaires de type ONG ou de grands distributeurs. Et comme il faut le faire savoir, le marketing est soit assuré par le gestionnaire de label, soit par un tiers (encore un) qui se charge de la promotion du concept. En fin de compte, il s’agit là d’un business comme un autre.

Ce ne serait pas grave en soit si, premièrement, les impacts de cette course au label étaient évalués et si, deuxièmement, les acteurs les plus fragiles (ouvriers agricoles, petits entrepreneurs, etc.) bénéficiaient bien des avantages survendus par les labels. Et c’est bien là que le bât blesse. Les études d’impacts sont rares et, dans beaucoup de cas, relèvent de l’auto-déclaration. Et si études il y a, les conclusions sur les effets réels sont mitigées. Deux exemples. Le Guide international des labels de commerce équitable (édition 2015) a passé en revue des dizaines de labels de commerce équitable ou assimilés. Sur le papier, les engagements sont solides, les contrôles fiables, les procédures transparentes, sans parler des impacts positifs ! Cependant, les auteurs pointent du doigt que : « il existe malheureusement peu de travaux qui portent sur les impacts sociaux des labels de développement durable ». S’agissant de Rain Forest Alliance, le label à la mode, les auteurs jugent que : « il n’y avait aucune différence entre les exploitations agricoles certifiées et non-certifiées sur un certain nombre de points (…) ». Bigre ! Il y aurait donc une différence entre les concepts sur papier glacé et la réalité. Le deuxième exemple est moins sévère. Il nous est fourni par une récente étude sur l’impact de la certification Fair Trade sur l’emploi salarié dans le secteur de la banane dans trois pays : Colombie, Ghana et République dominicaine. Les conclusions y sont nuancées. Si les impacts sont souvent positifs (niveau de salaire par exemple), des progrès, voire des révolutions, restent à faire dans certains domaines comme, par exemple, les conditions de travail en République dominicaine ou la place des migrants au sein des entreprises certifiées et plus généralement dans la société dominicaine.

Il y a donc bien des risques pour les donneurs d’ordre en aval des filières à s’en remettre corps et âme à un tiers certificateur. A minima, et de manière cynique, ils prennent le risque de voir leur réputation entachée, alors qu’il s’agit d’un de leurs actifs stratégiques essentiels. De manière moins cynique, l’entreprise véritablement socialement responsable fait ainsi défaut à ses propres valeurs. Pour toutes ces raisons, il est crucial pour elle de s’intéresser de nouveau à ses chaînes de valeur sous peine de voir son image, sa marque, sa crédibilité et ses valeurs s’écrouler comme un château de cartes à la première étude réalisée par les lanceurs d’alertes ou les chiens de garde, désormais très organisés et très influents.

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