Pommes et poires de l’hémisphère Sud Perspectives 2016

  • Publié le 7/04/2016 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°239 , Page 21 à 25
  • Gratuit

Pas de grands changements attendus, mais toujours de l’espoir

La campagne 2016 a démarré sur les mêmes bases que la précédente, avec un potentiel en amont dans l’ensemble sans excès. Cependant, les productions locales en aval sont encore assez présentes. Les taux de change sont, toutefois, assez favorables, laissant espérer aux opérateurs une meilleure campagne qu’en 2015 ou, au moins, une consolidation des niveaux d’exportation.

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Baisse des surfaces en Argentine et au Brésil

Les campagnes passées auront laissé des traces en production. Les fortes tensions au sein de la filière, liées aux conditions économiques, ont encore eu des effets particulièrement délétères en Argentine. En effet, les grèves ont généré une nouvelle hausse des coûts de main-d’œuvre, mais ont également été très préjudiciables à la récolte, entraînant des pertes de production. Les exportations de poire ont donc sensiblement baissé de 335 000-360 000 t selon les sources, soit environ - 23 % par rapport à 2014, notamment vers le marché européen (- 34 %) ainsi que vers la plupart des autres débouchés (- 25 %). Toutefois, elles ont été d’un bon niveau sur le marché américain (47 000 t, soit + 22 %). Les exportations de pomme ont également fortement fléchi en 2015 (120 000 t, soit - 18 %), sauf là aussi vers le marché nord-américain (13 800 t, soit + 50 %). Elles sont tombées à seulement 14 000 t à destination de l’Europe (110 000 t en 2007). Et l’on n’attend pas de meilleurs résultats cette année car, même si le peso argentin a un peu été dévalué, la baisse a été moins significative que pour les autres pays sud-américains.

pomme - production des principaux pays producteurs de hemisphere sud
pomme - production des principaux pays producteurs de hemisphere sud

En 2016, la récolte de pomme et poire ne devrait pas tellement dépasser la précédente et devrait donc être très en deçà des années antérieures. En cause, l’arrêt d’un certain nombre de petits producteurs et de mauvaises conditions climatiques au printemps (pluie, grêle, basses températures) qui ont généré dans certains secteurs des pertes physiques, mais également économiques du fait de l’impact de la grêle et des maladies. De plus, la floraison a été tardive, entraînant une baisse du calibre des fruits.

Au Brésil, les surfaces sont en baisse depuis 2014 (- 3 % par an), que ce soit sur Santa Catarina ou dans le Rio Grande do Sul. La production de pomme devrait donc, au mieux, être stable cette année, car les conditions climatiques (hiver doux, gelées tardives, grêle et humidité excessive au printemps) ont impacté le niveau de la récolte ainsi que le calibre, qui devrait être moyen. Les exportations sont néanmoins remontées pour cette origine en 2015 (+ 36 %), après le fort repli enregistré en 2014, sans toutefois retrouver les niveaux antérieurs (60 000 t contre 85 000 t en 2013 et 112 000 t en 2008). Les envois vers la Communauté européenne n’ont progressé que de 17 %. Les exportateurs espèrent, cependant, consolider cette année le niveau d’exportation retrouvé en 2015, voire récupérer encore quelques parts de marché à l’export (65 000 t, voire 70 000 t).

Des parts de marché à regagner en pomme pour le Chili

L’année 2015 a été très décevante en pomme pour le Chili, avec le ralentissement des exportations qui sont descendues à leur plus bas niveau depuis 2009 (628 300 t, soit - 22 % par rapport à la moyenne des 3 dernières années). En revanche, les envois de poire ont été d’un très bon niveau (143 500 t, soit + 9 % sur la moyenne des 3 ans) et sont revenus au niveau de 2013, après une campagne 2014 particulièrement difficile.

La baisse des envois de pomme a été particulièrement marquée à destination de l’Europe (111 600 t importées en 2015, soit - 32 %) et des États-Unis (78 700 t, soit - 34 %). Davantage de volumes ont donc été dirigés vers la Russie (26 000 t, soit + 72 %). Les importations européennes de poire sont, par contre, pratiquement revenues à leur plus haut niveau (+ 35 % sur 2014 et + 20 % sur la moyenne triennale), ce qui n’avait plus été le cas depuis 2009. De même, les importations américaines ont retrouvé leur niveau antérieur (+ 21 % sur 2014).

Les surfaces ont légèrement baissé en pomme (36 200 ha, soit - 1% sur 2015), mais augmentent encore en poire (8 300 ha, soit + 15 %), avec le développement notamment des Abate. Le potentiel en production devrait être assez similaire à celui de l’an dernier, voire même en légère baisse compte tenu de conditions climatiques un peu chaotiques avec El Niño, même s’il a été moins important qu’on pouvait le craindre. En effet, le froid du printemps a affecté la pollinisation et la nouaison, tandis que les chaleurs ont réduit le calibre. Les exportateurs espèrent une hausse de leurs envois de pomme et de poire d’au moins 10 % par rapport à 2015, voire jusqu’à 15 %. Toutefois, la faiblesse du calibre et l’incertitude sur la coloration risquent de limiter le potentiel exportable sur les marchés européens et nord-américains.

poire - production des principaux pays producteurs de hemisphere sud
poire - production des principaux pays producteurs de hemisphere sud

Un début de saison un peu tronqué en Afrique du Sud

Même si le rythme de plantation est désormais ralenti (coût de mise en place élevé et incertitude des marchés), les surfaces continuent de progresser en Afrique du Sud, atteignant près de 12 000 ha en poire et 23 150 ha en pomme (+ 1 à 2 % par an). Le développement est toujours significatif en Packhams (+ 4 %), première variété du verger, ainsi qu’en Abate Fetel et en Forelle, mais à un rythme maintenant plus lent (+ 1 %). Le verger vieillissant de Williams continue de baisser (- 1 %), même s’il faut souligner le développement de l’offre de Early Bon Chrétien. La production a été un peu inférieure aux attentes en Afrique du Sud l’an dernier, compte tenu des intempéries en début de saison qui ont retardé la campagne et réduit le potentiel. La prudence des acheteurs a également différé et limité les mises en place. Aussi, les exportations de poire ont finalement un peu baissé (- 6 % sur 2014), en dépit de la diversification des débouchés ces dernières années. Ce sont les envois vers le marché communautaire qui ont surtout reculé (90 000 t, soit - 9 %), ainsi que ceux destinés à l’Asie (27 100 t, soit - 8 %). Le Moyen-Orient (31 500 t, soit + 14 %) et les pays d’Afrique (7 800 t, soit + 37 %) continuent toutefois d’absorber des volumes croissants. Par contre, après une année 2014 en demi-teinte, les exportations de pomme ont légèrement progressé (+ 3 %), grâce à de meilleurs tonnages sur le marché européen, sans pour autant retrouver le niveau de 2013 (150 000 t) et encore moins celui de 2003 (180 000 t).

Les premiers chiffres pour 2016 traduisent un assez bon potentiel de production pour cette origine, autour de 398 000 t (+ 3 % sur 2015) en poire et 880 000 t en pomme (+ 2 %). Mais il sera probablement révisé à la baisse du fait de la sécheresse persistante qui impacte le calibre et a déjà entraîné des chutes de fruits, réduisant le potentiel exportable dans les secteurs les plus précoces, notamment les variétés de début de saison. La parité du rand laisse toutefois envisager aux opérateurs un meilleur niveau d’exportation en 2016, qui pourrait atteindre + 3 à + 4 % d’après les premières estimations.

Un verger modernisé en Nouvelle-Zélande pour répondre à la demande asiatique

Les surfaces en production sont stables en Nouvelle-Zélande, mais les plantations, notamment de variétés modernes destinées aux marchés asiatiques, sont en hausse. Cette rénovation du verger a été possible grâce à plusieurs campagnes rémunératrices, favorisées par la hausse des rendements et la baisse du dollar neo-zélandais. Ainsi, la gamme des pommes Pacific continue de se développer et de nouvelles variétés comme Rockit prennent également leur place dans l’assortiment. En ce qui concerne les poires, le verger est également croissant pour certaines variétés comme Corella et Josephine. Ce développement répond à la demande des pays asiatiques, qui représentent désormais 40 % des débouchés de cette origine et ont permis d’augmenter de 6 % par rapport à 2014 les exportations totales de pomme, même si les envois ont baissé vers les marchés européen (- 9 %) et américain (- 21 %). Les exportateurs tablent même sur une nouvelle hausse de 4 % des envois pour 2016, car la production devrait être d’un bon niveau, similaire à celui de l’an dernier, grâce à des conditions climatiques favorables à la floraison qui ont compensé l’effet d’alternance négatif. A contrario, les exportations de poire, qui sont très majoritairement destinées aux marchés historiques, ont baissé en 2015 de 24 % vers l’Europe et de 53 % vers les États-Unis. Cependant, les exportateurs espèrent pouvoir inverser un peu la tendance en 2016 pour atteindre 4 600 t.

Un début de campagne sans doute encore tardif en Europe

Même si les exportateurs espèrent augmenter leurs volumes exportés, le marché européen pourrait être peu réceptif cette année encore. En effet, comme la campagne dernière, l’ouverture du marché communautaire risque d’être assez tardive car, si la campagne européenne 2015-16 a débuté sous de bons auspices avec peu de reliquats de la précédente, tout au moins en bicolores, elle a pris du retard durant l’automne. Bien que le grand export ait démarré plus rapidement que l’an dernier, les sorties ont été très en deçà des attentes durant le dernier semestre 2015, y compris pendant les foires aux pommes qui dynamisent habituellement le marché. La faute en revient probablement à un temps doux, à des fruits sous-calibrés et aux évènements qui ont marqué la fin de l’année 2015.

Pour autant, la campagne de Gala devrait se terminer sur un calendrier proche de celui de l’an dernier, même si, avec l’arrêt des envois depuis début mars vers le grand export, le reliquat de stocks pourrait mettre encore du temps à s’écouler sur le seul marché intérieur (205 000 t au 1 février 2016, soit + 7 % sur 2015). Par ailleurs, des volumes d’autres bicolores comme Braeburn, Fuji ou Jonagold/Jonagored seront encore présents, avec un niveau de stock similaire voire inférieur à celui de l’an dernier à l’échelon européen. Mais ce stock sera encore très pesant localement, notamment en France : + 30 % en Braeburn, + 2 % en Pink Lady, + 31 % en Fuji et + 114 % en Jonagold. De même, les ventes sont lentes en Granny du fait du faible calibrage. Le stock européen est supérieur de 7 % et le stock français de 32 %.

La situation est assez similaire en poire, mais pour des raisons un peu différentes. En effet, la campagne a pris du retard dès le début car la saison de Guyot s’est terminée tardivement en septembre, faute de débouchés export, notamment vers la Russie avec l’embargo et compte tenu du faible calibrage. Tout ceci a retardé la mise en place des Williams, puis des variétés d’automne/hiver (Comice, Conférence ou Abate), surtout qu’il restait également des reliquats de petites variétés comme Alexandrine ou Beurré Hardy. Comme en pomme, le marché a ensuite été très routinier sur la fin de l’année 2015, permettant difficilement de maintenir les niveaux de prix à certaines périodes, comme les vacances scolaires. Le mois de janvier a donc été mitigé. La concurrence s’est exacerbée en petits calibres et des soucis de conservation ont commencé à apparaître sur des variétés en fin de saison comme Comice, en raison du fort taux de sucre cette année, ce qui a entraîné les cours à la baisse en Europe du Nord. Le marché semblait toutefois se décanter quelque peu en février en dépit des vacances scolaires, avec la baisse des disponibilités en petits calibres, notamment en Abate et en Conférence. Le stock était, cependant, encore d’un très bon niveau au 1 février 2016 (617 000 t, soit + 17 % sur 2015), que ce soit en Abate (127 000 t, soit + 16 %) ou en Conférence (411 000 t, soit + 11 %), alors que s’achevait la saison de Comice.

poire - stock dans les principaux pays de UE au 1 fevrier
poire - stock dans les principaux pays de UE au 1 fevrier
pomme - stock dans les principaux pays de UE au 1 fevrier
pomme - stock dans les principaux pays de UE au 1 fevrier

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