Production et commerce de l’ananas frais et transformé

  • Publié le 14/11/2016 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°244 , Page 47 à 47
  • Gratuit

Selon les chiffres de la FAO, la production mondiale d’ananas continue de croître. Elle a doublé en 25 ans pour atteindre 24 millions de tonnes. Analyser le marché de l’ananas revient à s’intéresser à deux segments très différents : celui du transformé (jus et conserve) et celui du fruit frais. En termes d’importation, le jus et la conserve dominent les échanges. Les deux tiers du commerce de l’ananas se font sous forme transformée. Dans cet univers, les deux tiers des échanges sont consacrés au jus et le tiers restant à la conserve.

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Ces deux segments (transformé et frais) organisent la production en termes géographiques et industriels. En effet, il y a une grande spécialisation des zones de production. L’Asie est le centre névralgique de l’ananas transformé et cela depuis des décennies. L’Amérique latine, et plus précisément le Costa Rica, fournit le marché international du frais. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’au début des années 2000, la Côte d’Ivoire fut hégémonique, puis elle laissa sa place au bulldozer centro-américain. En moins de deux décennies, le Costa Rica s’est hissé sur la plus haute marche du podium, ne laissant que quelques miettes à ses concurrents. Selon nos estimations pour 2016, l’origine détient 82 % des parts de marché aux États-Unis (consommation de 1 million de tonnes) et 87 % « seulement » pour l’UE à 28 (830 000 tonnes). Très peu d’origines résistent à ce déferlement, d’autant que le Costa Rica a en plus imposé un standard : la variété MD-2, Sweet ou Extra-Sweet. Le Cayenne lisse est passé aux oubliettes de l’histoire… mais pas tout à fait. L’Afrique tente de redonner quelques couleurs à cette variété qui a fait le succès de ses producteurs et qui a beaucoup d’atouts, dont celui de la qualité gustative si les règles de production et de récolte sont respectées. C’est aussi l’ananas utilisé en Asie dans l’industrie du jus et de la conserve.

Pour ce qui est du marché du transformé, difficile de faire plus opposé en termes d’évolution. C’est une crise qui le caractérise aussi, mais une crise de l’offre ! Un chiffre fera toucher du doigt l’ampleur du phénomène : le cours du concentré congelé d’ananas a atteint en octobre 2015 le chiffre faramineux de 3 800 USD/tonne (cfr Rotterdam). Le précédent record n’était que de 2 000 USD fin 2010. Pour être complet, le niveau le plus bas jamais enregistré fut touché en 2000 à environ 650 USD. Le soufflet est un peu retombé en 2016 avec un prix au 4e trimestre de 2 900 USD/tonne tout de même. Comme toujours, c’est la Thaïlande qui fixe le sens et l’ampleur des changements dans ce secteur. Et ce fut la douche froide lorsqu’elle a annoncé une réduction de sa production de plus de 35 %, sans que l’Indonésie ou les Philippines puissent fournir le complément. Le marché de la conserve a réagi aussi intensément que celui du jus. Le point haut a été touché en deuxième moitié de 2015, quand le carton standard (6xA10 grade rings in light syrup) aurait dépassé les 20 USD fob Bangkok, et se maintient depuis lors. Attention toutefois au retour de cycle, mais aussi à la désinformation dont les industriels asiatiques sont devenus maîtres. Les agriculteurs, motivés par de très bons retours en production, sont d’ores et déjà dans une logique d’intense plantation et replantation. D’ici 18 mois, on pourrait voir un retournement de tendance du fait de récoltes plus abondantes. Dans tous les cas, à ces niveaux de prix, la demande, notamment de jus d’ananas, est réduite à peau de chagrin, ce qui pourrait faire l’affaire des producteurs de jus d’orange et de jus de pomme qui cherchent des raisons d’y croire encore. Les opérateurs thaïlandais n’annoncent pas de retour à la normale en termes d’offre avant 2018

ananas - thailande - cours mondial du concentre
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