Bilan mensuel 2016 : difficultés multiples d’adaptation de l’offre à la demande

  • Publié le 5/04/2017 - Elaboré par GERBAUD Pierre
  • FruiTrop n°247 , Page 65 à 67
  • Gratuit

MARCHE EUROPEEN DE LA MANGUE

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Un début d’année difficile

L’année 2016 a mal commencé avec des apports du Brésil et du Pérou très supérieurs aux capacités d’absorption du marché. Mi-janvier, les livraisons cumulées des deux origines dépassaient les 200 conteneurs par semaine. Ces quantités excessives pesaient lourdement sur les transactions qui se faisaient à prix bas. En dépit du retrait assez rapide du Brésil courant janvier, les tonnages disponibles sont restés importants en raison des stocks. On se retrouvait avec un marché à deux vitesses avec, d’une part, des marchandises écoulées à bas prix car moins compatibles avec la demande en termes de variété, calibre et qualité et, d’autre part, des marchandises d’arrivage, plus conformes à la demande et dont les prix se raffermissaient légèrement.

Retour à l’équilibre en février-mars

C’est en fait pour une raison purement météorologique que le marché s’est redynamisé. En effet, de violentes tempêtes dans l’Atlantique Nord en février ont entraîné des perturbations logistiques et des retards de bateau, qui favorisaient l’écoulement des stocks disponibles et contribuaient à assainir le marché. Mi-mars, les volumes du Pérou dominaient le marché européen, mais ceux du Brésil restaient assez stables.  Les conditions de marché étaient disparates selon les places européennes, avec des variations de prix notables.

Le marché américain était, lui, sous-approvisionné du fait de la fin précoce et rapide de la campagne péruvienne. Les envois mexicains prenaient  le relais, mais se développaient lentement.

Première transition mitigée en avril

L’approvisionnement européen, dominé jusque-là par le Pérou, s’est tourné vers les origines d’Afrique de l’Ouest. Le Brésil n’intervenait à cette période que comme origine d’appoint, avec des quantités assez modérées principalement composées de Tommy Atkins, Keitt et Palmer. Cette transition s’effectuait plus rapidement pour les fruits avion compte tenu des délais de transport. Mais l’Afrique de l’Ouest ne fournissait que des volumes limités et, en tout état de cause, inférieurs à ce qui était annoncé. Mi-avril, le marché européen était sous-approvisionné en raison de la disparition de l’offre péruvienne (en fin de campagne), du lent démarrage de la campagne ouest-africaine et des apports modérés du Brésil. La récolte ivoirienne s’amplifiait, mais le nombre de conteneurs chargés était inférieur aux prévisions, dans la mesure où les fruits étaient majoritairement de petit calibre et d’un stade de maturité encore juste. Le déficit quantitatif favorisait le maintien des prix, dont les variations ponctuelles étaient principalement imputables à la prédominance des petits calibres et aux variations qualitatives.

Une production moindre que prévu en Afrique de l’Ouest

En mai, le marché européen était mieux approvisionné et alimenté en continu par les volumes de Côte d’Ivoire en progression, renforcés par ceux du Mali et du Burkina Faso qui, même s’ils étaient moins importants, permettaient un élargissement de l’offre. Toutefois, les conditions d’approvisionnement depuis la Côte d’Ivoire restaient difficiles. L’apparente baisse de production enregistrée en 2016, et surtout sans annonce préalable des opérateurs, les mouvements de grève des services de douane, le manque de disponibilité en conteneurs et, en conséquence, les retards de chargement, contribuaient fortement aux dysfonctionnements ressentis sur les marchés européens.

Toutefois, lorsque seront connues en septembre les dernières mises à jour des statistiques européennes, elles révéleront que la Côte d’Ivoire a poursuivi son envolée avec environ 30 000 t exportées en 2016, et que le Mali a progressé également mais à un niveau plus modeste (6 777 t). En définitive, après un recul prolongé, les origines ouest-africaines semblent conforter malgré tout leurs parts de marché en Europe depuis 2010, en dépit du démarrage tardif de leurs campagnes d’exportation.

Perturbations fin mai

Deux raisons expliquent la légère tendance à la baisse du marché européen. Tout d’abord, le report de consommation sur les fruits de saison se fait plus net en mai, en dépit de volumes souvent déficitaires et de prix élevés. Le marché sort progressivement de la période de contre-saison. Ensuite, le marché français a été perturbé par des mouvements de grève et par le blocage des centres d’approvisionnement en carburant. Les transports internationaux se sont raréfiés, entraînant peu à peu une réduction des volumes distribués. Le post-acheminement des produits est devenu plus compliqué sur le marché national.

Deuxième phase de transition en juin

La campagne d’exportation d’Afrique de l’Ouest s’achevait avec des volumes du Mali et du Burkina Faso en déclin. Les apports par bateau reposaient alors sur les Keitt de Porto Rico et de République dominicaine. Le Brésil assurait un approvisionnement minimum de l’ordre de 20 conteneurs par semaine, niveau le plus bas de l’origine et inférieur de moitié à celui de 2015.

Repli en période estivale

Dans un premier temps, la demande pour la mangue était en repli face, notamment, à la concurrence des produits de saison, dont les volumes restaient toutefois modérés. L’offre diminuait également et redonnait un certain équilibre au marché. Les prix restaient donc assez fermes, voire ponctuellement augmentaient. Les produits de bonne qualité se valorisaient de façon satisfaisante, mais les problèmes de qualité se multipliaient sur l’ensemble des origines. Mi-juillet, le sous-approvisionnement relatif du marché européen favorisait une réactualisation des prix, plus ou moins marquée selon les places européennes. Fin juillet, de nombreux commerces de détail et marchés forains fermaient pour congés. En août, l’approvisionnement était supérieur à la demande. La multiplicité des origines, la diversité des variétés et l’hétérogénéité  qualitative des produits ne faisaient qu’accentuer le manque de fluidité des ventes. De surcroît, la prédominance des petits calibres, boudés par les acheteurs, entraînait d’importantes variations de prix. Le marché était alors surtout approvisionné par Israël et le Sénégal, avec leur éventail de variétés livrées par avion et par bateau. La campagne d’Espagne démarrait.

Stabilisation en septembre

Mi-septembre, le marché européen s’animait légèrement avec une augmentation des ventes à des prix globalement stables. La campagne d’Israël s’achevait et le Brésil assurait la majorité de l’approvisionnement. Les livraisons d’Osteen d’Espagne s’amplifiaient, favorisant une plus large diffusion mais s’accompagnant d’une baisse des cours significative. Le marché américain était fortement approvisionné en Keitt par le Mexique. Les prix s’élargissaient nettement selon les lieux de commercialisation. Le Brésil expédiait vers l’Amérique du Nord deux fois plus de volumes que vers l’Europe. Fin septembre, le marché européen était d’une stabilité à peu près générale. Après la fin de la campagne d’Israël, les ventes s’effectuaient sur les stocks réceptionnés.

Marché chargé à l’automne

En octobre, le marché a été de mieux en mieux approvisionné, entraînant un tassement plus ou moins perceptible des prix. Avec le développement des exportations de Kent brésiliennes, le cours des Tommy Atkins s’érodait. Les livraisons du Brésil progressaient et devenaient alors majoritaires vers l’Europe. Elles continuaient de décroître vers les marchés nord-américains, largement remplacées par celles d’Équateur qui s’amplifiaient rapidement.

En novembre, un point d’équilibre entre offre et demande a semblé atteint sur les marchés du nord de l’Europe, se traduisant par une érosion des prix, qui restaient toutefois plus fermes en France et en Belgique. Fin novembre, le marché européen était approvisionné presque exclusivement par le Brésil, avec des volumes toujours en augmentation pouvant atteindre plus de 250 conteneurs en une semaine. Ces quantités ont semblé être absorbées de façon assez fluide, soulignant sans doute une progression de la demande compte tenu de la moindre disponibilité en fruits tempérés.

Fin d’année difficile pour aborder la troisième transition

A partir de décembre, la très forte progression des volumes du Brésil et le démarrage très précoce du Pérou ont pesé progressivement sur les prix. Si les livraisons du Brésil atteignaient leur maximum puis diminuaient, celles du Pérou s’accéléraient nettement et les compensaient largement. La disparité des calibres mis en marché ne facilitait pas l’écoulement des quantités réceptionnées. Mi-décembre, le marché européen s’effondrait véritablement sous l’effet combiné des livraisons du Brésil et du Pérou. Le rythme accéléré des arrivages, entre 250 et 300 conteneurs par semaine fin novembre-début décembre, engorgeait le marché. Le passage à 400-480 conteneurs provoquait ensuite une inondation de l’ensemble des places européennes, dans une ambiance de demande plus soutenue mais sans rapport avec les quantités mises en marché. Le fléchissement des apports du Brésil était très largement compensé par le développement des exportations péruviennes. En conséquence, les prix de vente se fissuraient, les fourchettes de prix s’élargissaient et la tendance s’orientait nettement à la baisse. La demande se dirigeait plutôt vers des calibres médians. Or le Brésil fournissait principalement des gros calibres et le Pérou majoritairement des petits calibres. Cette inadaptation de l’offre ne faisait qu’accroître les mauvaises conditions de vente. A la fin de l’année, l’enlisement du marché européen se poursuivait. Les flux d’importation du Brésil et du Pérou submergeaient le niveau de la demande et favorisaient la formation de stocks importants. De nombreux lots étaient placés à la commission sur les différents marchés européens, les opérateurs tentant de se dégager de volumes décidément trop importants par rapport aux capacités d’absorption du marché. L’année 2017 commençait dans une ambiance plus que terne. Or, le pic de production du Pérou était attendu dans les trois premières semaines !

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