Pommes et poires européennes : perspectives 2017-18

  • Publié le 4/10/2017 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°251 , Page 20 à 23
  • Gratuit

un peu d’optimisme, notamment en pomme

Comme chaque année, 300 représentants du secteur de la pomme et de la poire se sont rencontrés à l’occasion de la 41e Conférence Prognosfruit, qui s’est déroulée début août à Lerida en Espagne. Les prévisions de récolte dévoilées à cette occasion reflètent les effets des gelées du printemps et de la sécheresse du début de l’été, conduisant à la plus petite récolte de pomme de ces dix dernières années et à une production réduite de poire, comme l’an dernier.

Ouvrir/Fermer Boutique

Quantitativement, ces déficits se chiffrent par une baisse importante de 21 % en pomme par rapport à 2016 (9.43 millions de tonnes, soit - 17 % sur la moyenne des 5 dernières années) et de 1 % en poire (2.18 millions de tonnes, soit - 4 % sur la moyenne des 5 ans). Le déficit en frais devrait, par ailleurs, être amplifié par des départs plus importants vers l’industrie, notamment en pomme. La situation devrait ainsi être meilleure pour la pomme par rapport aux trois dernières années, avec un certain équilibre entre offre et demande qui incite à un « optimisme prudent », comme le souligne le communiqué de WAPA, même si les effets de l’embargo russe vont perdurer et que des incertitudes demeurent avec le Brexit. Les bonnes conditions de commercialisation de l’année 2016 devraient probablement se reproduire en poire. La campagne est marquée par un début de saison précoce, avec jusqu’à quinze jours d’avance dans certaines zones de production.

Pomme

Des baisses marquées dans la plupart des pays, notamment en zones d’altitude et en Europe de l’Est...

Avec des pertes sévères dans certains pays dues à des épisodes gélifs, la récolte 2017 est donc bien loin des 12 millions de tonnes des trois dernières années, où le niveau de production était quasiment à son maximum. La baisse est imputable aux gelées d’avril, qui ont fortement touché toutes les zones de production des Alpes (nord de l’Italie, Autriche, Suisse, sud de l’Allemagne, sud-est de la France) et les régions ne disposant pas d’équipements modernes pour lutter contre ce type de gelées, notamment le Limbourg en Belgique. De son côté, l’Europe de l’Est a été davantage impactée par les gelées de mai, les bourgeons n’ayant pas encore débourré. Ainsi, les pertes s’élèvent à 71 % sur la moyenne des 5 ans en Belgique, à 53 % en Autriche, à 43 % en Allemagne et à 21 % en Italie et en Suisse. La baisse devrait être d’au moins 20 % en Pologne, sachant que la moitié de la production sera destinée à l’industrie, de 88 % en Slovénie et de 19 % en République tchèque.

Les autres grands pays d’Europe de l’Est ont également été affectés, avec une baisse attendue de 30 % en Russie (1.1 million de tonnes) et de 12 % en Ukraine (1.007 million de tonnes). Les pays d’Amérique du Nord ont été relativement épargnés et annoncent des potentiels en baisse de - 5 à - 3 %, après la bonne récolte engrangée l’an dernier, que ce soit les États-Unis (4.849 millions de tonnes) ou le Canada (313 000 t). La croissance chinoise s’amortit avec une production comparable à celle de 2016, qui atteint toutefois 43.8 millions de tonnes ! La situation pourrait donc être particulièrement favorable pour les pays ayant été épargnés par le gel, notamment la France même si certaines zones ont quand même été affectées (- 5 % sur la moyenne des 5 ans). De plus, on attend peu de concurrence de l’Italie ou de la Pologne et une demande accrue des pays du Nord comme l’Allemagne, la Belgique et même le Royaume-Uni, qui affiche un déficit de 24 % sur la moyenne des 5 ans, d’autant que les jardins familiaux ont également été très touchés dans ces pays.

...qui devraient s’amplifier au fur et à mesure de la campagne

Le déficit pourrait être plus marqué en deuxième partie de campagne, car ce sont essentiellement les variétés tardives qui ont été les plus touchées, notamment Golden Delicious (- 20 %) et tout le groupe variétal des Jonagold/Jonagored/Idared (- 36 %), ainsi que Elstar (- 30 %) et Braeburn (- 25 %). Il y aura bien sûr très peu de Boskoop compte tenu du déficit en Belgique (- 53 %). En revanche, la récolte s’annonce d’un bon niveau en Gala (- 3 % sur 2016 et + 1 % sur la moyenne des 5 ans) et même en Fuji (- 2 % sur 2016 et + 4 % sur la moyenne des 5 ans). Elle sera un peu inférieure à l’an dernier en Granny (- 9 %), mais proche de la moyenne des cinq dernières campagnes (- 4 %). On attend une petite baisse en variétés club par rapport à la campagne dernière (- 2 % en Cripps Pink et - 15 % pour les autres nouvelles variétés), amortie toutefois par le développement des jeunes vergers.

pomme - UE - prevision de recolte
pomme - UE - prevision de recolte

Poire

Une production encore moyenne

La situation est moins tranchée en poire avec une récolte qui devrait être, tout au plus, du même niveau qu’en 2016. Si des déficits de production en Allemagne et au Benelux sont annoncés, ils seront en partie compensés par de meilleurs volumes au Portugal, déficitaire ces deux dernières années. Ainsi, sans atteindre le record de 2014 (203 000 t), la récolte portugaise devrait être supérieure de 28 % à la moyenne des cinq dernières années (+ 65 % sur 2016 !), soit la quatrième plus grosse récolte de ces dix dernières campagnes. Le recul devrait être assez peu marqué en Italie, avec des volumes légèrement supérieurs à ceux de l’an dernier (+ 5 %) et dans la moyenne des cinq dernières années (+ 1 %). En Espagne, les quantités sont, tout au plus, stables par rapport à 2016, soit un niveau inférieur de 14 % à la moyenne des 5 ans. En France, le recul devrait être de 6 % par rapport à 2016 (- 7 % sur la moyenne des 5 ans). Le repli devrait surtout être marqué en Allemagne (- 50 % sur la moyenne des 5 ans) et, dans une moindre mesure, aux Pays-Bas (- 18 %) et en Belgique (- 7 %). Les pays d’Europe de l’Est, quant à eux, ont été plus touchés avec des volumes qui devraient être inférieurs de 32 % à la moyenne des 5 ans en Pologne, de 10 % en Roumanie et de 37 % en Russie. La production s’annonce moyenne aux États-Unis, autour de 592 000 tonnes (- 3 % sur 2016 et - 10 % sur la moyenne des 5 ans).

De bons volumes en Rocha et Abate et un déficit sans excès en Conférence

Le potentiel devrait être réduit pour la plupart des variétés, à l’exception de la Rocha du Portugal (+ 28 % sur la moyenne des 5 ans) et de l’Abate (+ 7 %). La baisse serait marquée seulement pour quelques variétés, typiquement celles d’automne-hiver comme Comice (- 35 %), Durondeau (- 40 %) et Passe-Crassane (- 23 %), dont les surfaces baissent, et, dans une moindre mesures, pour les variétés d’été (- 9 % en Guyot ou Williams). De même, le recul ne serait finalement que de 4 % en Conférence.

poire - UE - prevision de recolte
poire - UE - prevision de recolte

 

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.