Melon de contre-saison

  • Publié le 27/01/2017 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°246 , Page 54 à 59
  • Gratuit

Hausse d’un ton !

Après avoir traversé une période d’incertitude, le marché du melon semble retrouver ses marques, soutenu peut-être par la diversification de la gamme. En effet, si celle-ci est déjà en marche depuis plusieurs années avec un large éventail de variétés (Charentais, Cantaloup, Piel de Sapo, melon Canari, Galia), le développement de la pastèque, au lieu de grignoter des parts de marché, semble plutôt élargir davantage le rayon. 

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Quand les pastèques entrent en piste

Après une période d’incertitude, les importations communautaires de melon semblent de nouveau légèrement progresser ces deux dernières campagnes, notamment celles en provenance du Brésil et du Maroc. Les exportations du Brésil vers l’Europe ont repris, mais un peu contraintes et forcées du fait d’un ralentissement de la consommation intérieure. Plusieurs origines voient également leurs envois stimulés par la diversification de la gamme des melons (Cantaloup, Galia, Piel de Sapo, Canari, Honeydew), mais également par le développement de la pastèque. Les importations extra-communautaires de melon ont ainsi augmenté de 4 % l’an dernier (345 000 t) du fait d’une hausse de 3 % des envois des pays d’Amérique latine : + 8 % pour le Brésil (189 000 t) et + 10 % pour le Honduras (39 100 t), qui ont surtout grappillé des parts de marché sur le Costa Rica (51 700 t) et le Panama (- 22 %). Il faut également souligner que le tonnage en provenance du Maroc (43 000 t) s’est finalement maintenu, en dépit des très mauvaises conditions climatiques du printemps 2016. Mais ce sont surtout les importations extra-communautaires de pastèque qui ont augmenté l’an dernier (+ 33 % par rapport à 2014-15 entre octobre et mai, d’après les chiffres des douanes européennes). Elles oscilleraient autour de 185 000 t, dont 55 000 t en provenance du Maroc (+ 56 %), 44 000 t du Brésil (+ 55 %), 34 000 t du Costa Rica (+ 14 %) et 23 000 t du Panama (+ 10 %).

melon - UE - import extra communautaire
melon - UE - import extra communautaire
melon - UE - importations extra communautaires
melon - UE - importations extra communautaires

Le Brésil fait danser la samba aux autres origines 

La croissance s’étant nettement ralentie au Brésil, les exportateurs de ce pays ont dû de nouveau se tourner vers le marché européen, qui avait été un peu délaissé au profit du marché intérieur en raison des bas niveaux de prix réalisés sur le vieux continent en 2014 et 2015. Le Brésil est entré en récession et demeure très affecté par l’incertitude politique, même si les économistes prédisent un rebond de l’économie de ce pays en 2017. Les grandes sociétés de production continuent néanmoins d’étendre leurs surfaces en melon. Certaines annonçaient des hausses pour cette campagne de 5 % par rapport à 2015-16, espérant une progression de 10 % de la production compte tenu de l’amélioration des techniques (équipement, lutte biologique, nouvelles variétés). Les plantations sont toutefois bridées par la disponibilité en eau, également nécessaire aux autres cultures comme la banane et la papaye, d’autant que la sécheresse de ces dernières années a encore réduit les réserves. Les surfaces globales seraient tombées à 13 700 ha, contre plus de 15 000 ha en 2008. Aussi, les producteurs ont plutôt choisi d’échelonner les plantations afin de réduire la production en début de saison et de l’étaler jusque dans le courant du premier trimestre. Les derniers arrivages ont ainsi été réceptionnés jusqu’à mi-février en 2016 en Europe du Nord. De gros volumes sont toujours envoyés en fin d’année à compter du mois de novembre, entraînant la formation de stocks et des niveaux de prix en deçà de 1.30 euro/kg en Cantaloup (1.00-1.10 euro/kg, rendu Europe du Nord). Le reliquat de production en début d’année est par ailleurs très préjudiciable au déploiement des autres origines, que ce soit le Honduras ou le Costa Rica dont la campagne débute entre mi-décembre et début janvier et se termine en avril. Les importations ont même baissé l’an dernier avec un développement tardif (mi-février) du fait de la présence encore marquée du Brésil, mais également de problèmes sanitaires (mouche blanche) qui amputent la production, notamment au Honduras. En conséquence, après avoir fait le forcing pour pénétrer le marché européen, ces origines ciblent plutôt d’autres destinations comme les pays asiatiques. Les premières exportations honduriennes vers le Japon sont prévues cette année.

Toujours aussi peu d’ambiance en fin d’année

La période automnale, déjà peu intéressante en termes d’activité (faible consommation) est de moins en moins prisée par nombre d’origines. Certaines comme Israël ont même totalement déserté le créneau. Les premiers volumes du Sénégal ne font leur apparition que fin novembre, avec d’abord quelques envois par avion, puis un développement par conteneurs au cours du mois de décembre pour satisfaire une demande à peine supérieure pour les fêtes de fin d’année, car déjà très sollicitée par tous les exotiques, mangue et litchi en tête. Quelques volumes du Maroc sont également commercialisés, car cette production permet une rotation dans le calendrier des cultures. Les variétés utilisées sont toutefois peu adaptées à la période. Des essais sont en cours afin de trouver de nouvelles variétés adaptées au terroir à cette période de l’année, où la durée entre plantation et récolte est plus courte (60 jours), tout en satisfaisant aux exigences très strictes de la grande distribution. Les tests réalisés en cette fin d’année semblent avoir donné des résultats encourageants en termes de tenue, de calibre et de taux de sucre. Les mois de janvier et février sont également peu porteurs pour ce produit et la campagne ne redémarre généralement pas avant fin février, avec des plantations cadrées sur les fêtes pascales, notamment au Maroc.

On ne sait pas toujours sur quel pied danser au printemps

Les mois de mars et avril sont souvent chaotiques en raison de la météo et du calendrier liturgique qui définit la date mouvante de Pâques. Elle devrait cette année être propice au produit (16 avril 2017). Pour autant, les volumes continuent de progresser, que ce soit en provenance du Sénégal, certains opérateurs ayant confirmé leur intérêt (11 400 t importées en Europe en 2016), ou des zones précoces du Maroc. Ainsi, on note une augmentation des surfaces en 2016 tant pour la zone de Dakhla (250-260 ha de Charentais selon les chiffres publiés au Medfel) que pour celle d’Agadir (100-150 ha), avec une concentration des volumes dans les mains de quelques gros opérateurs. Mais c’est surtout le mois de mai qui reste complexe à gérer, avec de nombreuses opérations en GMS et le développement de la zone de Marrakech qui se télescope de manière plus ou moins brutale avec le début de la production espagnole. Les surfaces semblent se stabiliser en Espagne (1 000 ha de Charentais), avec l’arrêt de petits producteurs et la baisse des surfaces en melon dans la zone d’Almeria au profit de la pastèque. Cependant, cela n’a pas permis l’an dernier de remonter les niveaux de prix en fin de saison (1.40 euro/kg en moyenne, rendu France, Charentais vert, calibre 12). Avec des volumes de l’ordre de 3 000 t, la production antillaise, quant à elle, se maintient, portée par la préférence nationale. L’année dernière, la visibilité du produit en rayon a été renforcée par l’apposition sur les melons d’un sticker aux couleurs bleu-blanc-rouge, qui vise à rappeler que la production est issue de départements français.

Il faut surveiller les verts, les jaunes ou le Galia qui s’immiscent progressivement dans la ronde

La production de melon ne se limite pas au Charentais, très prisé en France. L’offre se diversifie sur les étals, d’autant que le Charentais vert ou jaune ne représente en fait qu’une petite partie de la production dans certains pays. Ainsi, sur un total de près de 12 000 ha au Maroc, ces variétés ne totalisent pas plus de 12 % des surfaces. Le type Galia présente par ailleurs des avantages comme la précocité. Il est cultivé essentiellement en plein champ au Maroc, sur 3 000 ha localisés dans les régions de Marrakech, Chichaoua, Kelâa et Agadir. Cependant, le plus représentatif est le type de jaune canari hybride, qui couvre environ 7 000 ha entre Agadir et le nord du pays, mais qui est encore réservé essentiellement au marché local. Le Piel de Sapo est, quant à lui, cultivé sur seulement 250 ha, dont 50 ha sur Dakhla. Les gros calibres (2 kg) sont exclusivement destinés au marché espagnol, tandis que les petits sont écoulés sur les marchés allemand et anglais. De même, le Sénégal produit du Galia pour le marché britannique et du Piel de Sapo. La gamme est également diversifiée au Brésil et certaines variétés, comme les jaunes, ont bénéficié fin 2016 d’une bonne demande en Europe du Nord. On peut donc s’attendre à un développement de cette gamme pour satisfaire un éventail toujours plus large de la population, comme cela a été le cas pour de nombreux fruits et légumes.

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