Entré il y a une dizaine d’années sur la scène internationale de l’avocat, le Maroc reste un acteur modeste, avec des exportations comprises entre 5 500 et 7 500 t ces dernières campagnes, quasi intégralement destinées à l’Union européenne. Le verger, concentré dans une petite zone côtière du nord du pays au microclimat tempéré, se développe à un rythme modéré mais régulier.
Le verger, estimé entre 3 000 et 4 000 ha, est principalement localisé dans le nord du pays, dans la région du Gharb. Les surfaces en culture se concentrent en quasi-totalité entre Kenitra au sud et Larache au nord, sur une bande côtière longue d’environ 130 km et large de 7 à 8 km. Le microclimat qui prévaut dans cette zone, tempéré grâce à la proximité immédiate de la mer et de plusieurs lagunes (Merja Zerga, etc.), est bien adapté à la culture, même si des protections antigel sont conseillées. Par ailleurs, les sols, généralement sableux et bien drainants, limitent les risques de Phytophthora. La pluviométrie, en baisse et comprise entre 350 et 800 mm ces dernières années, impose le recours à l’irrigation. Les ressources en eau agricole sont bonnes dans la zone nord (de Moulay Bousselham à Larache) grâce au périmètre irrigué du Loukkos, alimenté par l’oued du même nom et le lac de réserve du barrage d’El Makhazine. Elles tendent à se contracter plus au sud (de Moulay Bousselham à Kenitra), où l’irrigation repose sur des puits plongeant dans la nappe de R’mel. Quelques plantations d’extension limitée ont aussi été mises en place au sud de Casablanca, dans la région d’Azzemour. Le tissu productif est composé à 80 % de plantations petites ou moyennes, dont l’extension s’échelonne entre 1 et 20 ha. Les rendements moyens d’un verger adulte sont de 10 à 12 t/ha. Les problèmes sanitaires sont très limités vu la dispersion et la jeunesse du verger.
Si quelques essais de plantation d’extension significative ont bien eu lieu au début des années 1960, l’industrie marocaine du Hass ne s’est développée que très récemment. Les premiers vergers à vocation export ont été mis en place au début des années 2000 par la société Abaz, principal artisan du décollage de la filière dans le pays. Le verger d’avocat, estimé à environ 1 500 ha en 2010, aurait au moins doublé ces dernières années. Le « Plan Maroc Vert » n’a pas eu d’effet déterminant sur cette croissance, l’avocat ne faisant pas partie des produits ciblés (aide se limitant à une subvention significative du système d’irrigation). Le développement de la filière s’est construit autour des potentialités agronomiques de la zone du Gharb et des perspectives offertes par la proximité du marché communautaire en développement, où l’avocat marocain bénéficie de conditions d’accès privilégiées (droit de douane nul, absence de prix d’entrée). Cette culture à haute valeur ajoutée attire un nombre croissant de producteurs, d’autant que la région figure parmi les plus pauvres du Royaume et qu’un de ses piliers économiques, à savoir la filière fraise, est confronté à d’important problèmes commerciaux. Le verger croît d’environ 200 à 300 ha/an. Les plants sont importés (notamment d’Espagne) ou produits localement dans la seule pépinière spécialisée du pays (Brokaw à Moulay Bousselham). Si les surfaces encore disponibles sont importantes, le droit foncier reste un frein majeur au développement (frilosité quant aux investissements agricoles liée à l’absence de baux à long terme, grand morcellement des terres appartenant encore largement à l’État et gérées collectivement). Par ailleurs, le faible niveau technique de la plupart des producteurs et l’absence d’organisme national d’appui risquent de poser problème dans l’avenir, quand la maîtrise technique de la culture deviendra plus complexe. Les producteurs disposent d’une instance représentative, l’AMPEA (Association Marocaine des Producteurs Exportateurs d’Avocats), mais elle est aujourd’hui en sommeil. L’émergence d’un secteur coopératif permettrait d’organiser la production, d’encadrer les transferts de technologie et de mieux défendre les intérêts des producteurs petits et moyens. Cependant, les statuts de ce type d’organisation actuellement en vigueur dans le pays doivent être modernisés pour se rapprocher de ceux d’une entreprise privée.
Le Hass tend à prendre une part croissante et représenterait aujourd’hui environ 50 % des surfaces. Le Fuerte est la principale variété verte. A maturité à partir de fin octobre/début novembre, elle peut être commercialisée jusqu’en février. Une petite production de Zutano et Bacon, tous deux utilisés comme pollinisateurs, est présente en octobre.
Le Maroc reste encore un acteur modeste sur la scène internationale. Les exportations ont été comprises entre 5 500 et 7 500 t ces dernières saisons, mais tendent à se développer. Elles sont dirigées à environ 90 % vers l’UE-28 lors d’une année de production normale et sont principalement importées via l’Espagne, la France et l’Allemagne. Les quelques volumes expédiés hors du marché communautaire sont surtout destinés à la Péninsule arabique (Émirats Arabes Unis, Arabie saoudite notamment). Le secteur est concentré autour de deux acteurs principaux qui disposent chacun d’une station de conditionnement spécialisée : Abaz, le seul grand producteur/exportateur du pays, et Tropical Millenium. Trois autres stations, traitant des volumes plus limités, travaillent aussi ponctuellement l’avocat en prestation de service ou en pratiquant du rachat.
La production de Hass est essentiellement destinée à l’export. Néanmoins, le marché local absorbe des volumes croissants de variétés vertes et de Hass de petit calibre, produits localement ou importés (environ 7 000 à 9 000 t/an). Les fruits sont souvent consommés sous forme de smoothies (baptisés localement Panachi).
Les fruits destinés à l’UE-28 sont exportés par camions réfrigérés. Les principaux marchés d’Europe de l’Ouest sont desservis en 48 heures.
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