Ce sont les signes avant-coureurs d’une révolution technique qui fera les choux gras des industriels, qui auront compris les premiers les implications que cela aura sur les consommateurs. Difficile de capter les bruissements, les crépitements inaudibles, les mouvements furtifs qui vont révolutionner certaines industries, voire les sociétés dans leur intégralité. Chacun s’organise pour être à l’écoute. Les comités stratégiques, les think-tanks et, de plus en plus, les algorithmes basés sur l’exploitation de nos comportements (big data) sont appelés à la rescousse. Pourtant, les résultats ne sont pas toujours là. Deux raisons à cela. Le marketing arrive beaucoup trop tôt dans le système de veille, ce qui réduit les débats à de la persuasion et même à de l’auto-persuasion. La prophétie est alors auto-réalisatrice. Cela peut certes fonctionner d’un point de vue industriel, sans pour autant être en phase avec les besoins cachés et à long terme de nos sociétés. L’autre écueil tient à ce qui est fait de l’information une fois captée. On se trompe lourdement si l’on pense que c’est l’accumulation d’informations qui permet d’atteindre ses buts stratégiques. C’est en fait la production de connaissances et donc l’investissement dans l’interprétation qui donnent tout son sens à l’information. Et puis, à mettre autant d’énergie à dénicher et à comprendre les ruptures de demain, n’oublie-t-on pas de s’occuper des signaux forts ? L’accroissement des catastrophes naturelles, la fin du phosphore, l’explosion démographique, les pénuries d’eau potable, etc. Difficile, en ces temps de déluge climatique sur le nord des Caraïbes et le sud des États-Unis, de ne pas penser que, finalement, ce n’est peut-être pas le signal qui est faible mais bien l’intelligence collective.
Denis Lœillet
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