No cogito ergo sum

  • Publié le 12/12/2017 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°253 , Page 1 à 1
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Edito FruiTrop n°253

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Les politiques et scientifiques ont laissé échapper leur pouvoir. Poussée par des médias qui n’aiment décidément pas les trains qui arrivent à l’heure, c’est l’opinion publique qui décide. Le principe d’ultra-précaution a complètement remplacé l’analyse de risque et l’évaluation du coût-bénéfice. L’affaire du glyphosate est d’ailleurs révélatrice d’une société qui a peur et dont les édiles ne semblent plus prêts à être responsables de grand-chose. Les pouvoirs publics ne s’intéressent qu’aux sujets que les groupes de pression ont décidé de mettre en lumière. Sans d’ailleurs se demander pour qui ou pour quoi ils roulent. Dans un monde où les réseaux sociaux ont remplacé les hommes d’État et où le nombre de followers donne son poids à l’argumentation, il n’est pas étonnant de voir se développer une culture post-moderne. L’argument scientifique est suspect et le chercheur sert forcément les intérêts des méchants industriels. Le compromis scientifiquement argumenté est banni. Adoubés : l’émotion, le ressenti, l’intuition. Le bon sens a remplacé la discussion scientifique. L’instinct animal a remplacé l’Homme de Descartes. La phobie et l’inquiétude ont pris le pouvoir. Une des plus grandes avancées de toute l’histoire en santé publique, la vaccination, est même remise en question. On voit ainsi réapparaître des maladies que l’on croyait éteintes. Dans un élan de retour fantasmé à la belle époque d’avant la technologie, le jardin d’Eden en quelque sorte, les citoyens du Nord ont en effet oublié que l’espérance de vie en bonne santé a fait un bond stupéfiant et que des centaines de millions de personnes au Sud rêvent d’accéder à un niveau de vie équivalent. Evidemment, pouvoirs publics et chercheurs ont une part de responsabilité dans cette méfiance et même, désormais, cette défiance. Il est vrai que les liens parfois malsains et ambigus entre État, recherche et industrie ont fini par consumer le capital confiance dont jouissaient les autorités. Science, technologie, chimie, en résumé le progrès, ne sont pas les ennemis de l’homme. Le lucre, la bêtise et le manque de courage, voilà ses vrais ennemis. Mais cela n’intéresse pas grand monde pour l’instant.

Denis Lœillet

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