L’avocat au Kenya

  • Publié le 17/05/2016 - Elaboré par IMBERT Eric
  • FruiTrop n°240 , Page 53 à 57
  • Gratuit

Fiche pays producteur

Le Kenya est la seule origine exportant des volumes d’un bon niveau (25 000 à 30 000 t par an), dont la base productive repose en grande partie sur de petits agriculteurs vivriers. La filière a su répondre à la mutation de la demande européenne en accroissant son niveau de certification et en recentrant son offre sur le Hass, tout en diversifiant ses débouchés notamment vers la péninsule arabique. La culture de l’avocat se développe pour tirer profit des fortes potentialités agronomiques du pays, mais la gestion de l’hétérogénéité d’une partie de la production et une logistique relativement longue restent des challenges.

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Localisation

Le Kenya est constitué principalement de savanes et de déserts, et seulement 15 % des surfaces sont utilisables pour l’agriculture. La quasi-totalité des terres agricoles se concentre sur les plateaux du quart sud-ouest du pays (Midlands et Highlands). L’avocat est majoritairement cultivé dans la zone comprise entre Nairobi et le nord du Mont Kenya : Kiambu, Embu, Meru, Nyeri, Kirinyaga et Muranga, où se trouve la seule plantation industrielle du pays près de Makuyu. La pluviométrie est suffisamment abondante (1 200 mm/an en moyenne) et bien répartie pour limiter les besoins d’irrigation. Les sols  volcaniques drainants permettent d’éviter les problèmes de Phytophthora. Les températures clémentes comprises entre 16 et 24°C, grâce à une altitude variant de 1 700 à 2 100 m, font qu’il est possible de produire durant une grande partie de l’année. La cercosporiose est une contrainte sanitaire sérieuse. Des plantations sont aussi présentes à l’ouest de Nairobi, dans la partie centrale et méridionale de la vallée du Rift (Bungoma, Nyamira, Kisii). Leur surface tend à se développer, même si les terres sont plus lourdes dans certaines zones et les problématiques de Phytophthora plus sévères. 

avocat - kenya - zones de production
avocat - kenya - zones de production

Production

L’introduction de l’avocat est ancienne. Cependant, la culture ne s’est développée qu’après l’indépendance, l’État cherchant à diversifier une économie très dépendante du thé et du café. Des mesures ont été mises en place pour développer l’horticulture (création du Horticultural Crop Development Authority), en s’appuyant notamment sur les petites exploitations vivrières (modèle ayant fait ses preuves durant la période coloniale avec le plan Swynnerton). Une base productive extrêmement large de très petits agriculteurs (5 à 10 arbres) s’est constituée, notamment via un programme de distribution gratuite de plants et d’appui technique minimum mené par le National Horticultural Research Station, de la fin des années 1970 au début des années 1980. Parallèlement, des sociétés privées se sont impliquées dans la collecte, le conditionnement et l’exportation. Les trois quarts de la production du pays continueraient d’être issus de ces très petites structures, le reliquat étant aux mains du seul groupe agro-industriel du pays présent dans le secteur (Kakuzi, qui dispose d’environ 400 ha de plantations propres). Durant les années 2000, la relation entre le monde de la production et celui de l’export a évolué et s’est renforcée, sous l’impulsion de programmes internationaux comme le Kenya Business Development Service Programme, financé par l’USAID. Les négociants/collecteurs, qui n’assurent aucun suivi technique et profitent de la faiblesse des petits producteurs, restent actifs. Cependant, une part des exportateurs a construit une relation directe et sur le long terme avec des producteurs structurés en groupes, auxquels ils assurent un suivi technique (conseil, fourniture d’intrants, etc.) et une garantie de meilleurs retours économiques. La production devrait continuer à se développer dans les années à venir, notamment en Hass.

Calendrier de production et variétés

Le Hass tend à se développer fortement, notamment auprès des petits producteurs. Cette variété est plantée essentiellement entre 1 800 et 2 200 m et sa saison est principalement concentrée entre juin et septembre, des quantités plus réduites étant disponibles à partir d’avril. Le Fuerte, qui reste une variété importante, est produit durant une grande partie de l’année. Le climat tropical permet jusqu’à trois floraisons. De plus, l’étalement des plantations sur une large palette d’altitudes permet aussi d’étendre la saison. La production culmine entre fin février et fin août. Les disponibilités sont réduites entre novembre et janvier. D’autres variétés vertes, non exportées, sont aussi présentes (Reed, Booth 8, Pinkerton, etc.).

avocat - kenya - calendrier de production
avocat - kenya - calendrier de production

Exportations

Les exportations sont restées marginales jusqu’au début des années 1990, la compétitivité du Kenya par rapport aux autres fournisseurs du marché étant grevée par une dépendance coûteuse au fret aérien. Elles se sont progressivement développées par la suite, grâce à la mise en place d’une liaison maritime permettant le transport de conteneurs réfrigérés entre Mombasa et Marseille (ICTC-Anvers). La croissance s’est accélérée à partir du début des années 2000 avec le développement d’un nouveau segment de marché construit autour du Fuerte kenyan : avocat d’entrée de gamme, généralement de petit calibre et conditionné en filet de 3 à 4 pièces. L’évolution progressive de la demande européenne, tant en termes de variétés (baisse d’intérêt pour les variétés vertes au profit du Hass) que d’exigences de qualité (obligation de certification pour travailler avec la grande distribution, puis obligation de traçabilité) a interrompu la dynamique et provoqué de profondes mutations. En amont, les débouchés se sont diversifiés (marchés du Moyen-Orient notamment, qui absorbent aujourd’hui des volumes importants de Fuerte), alors qu’en aval le pool des exportateurs servant l’Europe s’est recentré autour des structures offrant la plus grande intégration avec la production (Kakuzi, seul à disposer d’une large production propre renforçant sa part de marché). Une dizaine de structures sont actives à l’export, un nombre significatif de nouveaux opérateurs qui disposent de leur station de conditionnement ayant rejoint les six acteurs historiques de la filière ces dernières années (Kakuzi, EAGA, Sunripe, KHE, Vegpro, Indufarm). En aval, la filière s’est organisée et concentrée en se recentrant sur les importateurs spécialistes de l’avocat. Les importateurs français restent les leaders européens de cette origine, déchargée principalement à Marseille et largement commercialisée dans l’Hexagone. 

avocat - kenya - tableau exportations
avocat - kenya - tableau exportations
avocat - kenya - exportations par destination
avocat - kenya - exportations par destination
avocat - kenya - exportations
avocat - kenya - exportations

Débouchés

L’exportation absorbe environ un tiers de la production. La majeure partie des volumes est autoconsommée ou écoulée à des prix très bas sur le marché local. L’hôtellerie et la restauration, très présentes dans ce pays touristique, sont des segments de marché plus lucratifs. La transformation est aussi un secteur actif et permet de valoriser des écarts de triage d’un niveau important. Au moins quatre huileries de taille moyenne sont en activité : Ruiru Natural Oil à Ruiru, Old Land Trade Company à Kisii, Avo Oil à Nakuru, Olivado Oil à Muranga (environ 1 000 t d’huile par an). Le secteur se développe.

Logistique

Les fruits issus des petites exploitations sont collectés, souvent par des intermédiaires, et expédiés par la route jusqu’aux stations de conditionnement de Nairobi (environ deux heures de trajet). Les cartons sont directement chargés dans des conteneurs reefers, qui sont acheminés par camions jusqu’au port de Mombasa, distant de 430 km. La logistique vers l’Europe est plus longue et coûteuse que celle du rival sud-africain. Le fonctionnement du port de Mombasa s’est amélioré, mais la congestion reste importante et provoque des retards de chargement. Une liaison maritime directe existe avec l’Europe, mais la fréquence n’est pas hebdomadaire (5 navires par 2 mois). Les temps de transport des autres dessertes sont plus longs, en raison d’un transbordement, mais leur fréquence est néanmoins meilleure. Le risque de piraterie dans le golfe d’Aden rallonge la route maritime (passage au large des côtes somaliennes) et provoque des surcharges de coût.

avocat - kenya - principales liaisons avec europe
avocat - kenya - principales liaisons avec europe

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