La mangue de République dominicaine

  • Publié le 7/04/2016 - Elaboré par BALMER B.
  • FruiTrop n°239 , Page 74 à 79
  • Gratuit

Fiche pays producteur

Petit pays propice à la culture de la mangue, la République dominicaine figure sur la scène internationale depuis peu (une décennie), avec un taux de croissance insolent (volume multiplié par 7 en dix ans), même si les quantités restent encore modestes (14 300 t en 2014). La Keitt semble avoir trouvé un terroir propice à son développement, puisqu’elle représente 70 % au moins des volumes exportés, malgré les efforts des institutions publiques et associatives pour diversifier les cultivars afin de se positionner sur des marchés de niche (ethnique, bio, gourmet). Car, à l’évidence, le pays n’est pas en mesure de concurrencer les poids-lourds du secteur.Situation peu habituelle par rapport à d’autres filières agricoles du pays, la mangue est exportée en grande majorité vers l’Europe. Les résultats atteints sont plus qu’honorables et méritent d’être mentionnés, vu la croissance des parts de marché. Le partenaire économique naturel, les États-Unis, reste difficile d’accès pour des raisons concurrentielles et sanitaires. La République dominicaine doit faire face, néanmoins, à un enjeu de taille : le changement climatique qui s’est traduit par une forte sécheresse depuis l’été 2014, entre autres problèmes inhérents à la filière.

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Historique

1966 : introduction par le ministère de l’Agriculture à San Cristobal (province à l’ouest de Saint Domingue) de 16 variétés de mangue, dont Keitt et Kent en provenance de Floride. Puis concentration du développement sur Irwin, Kent, Keitt, Glenn, Carrie, Tommy Atkins, Springfield et Sensation.

1980 : première plantation commerciale.

2003 : premières exportations.

2004 : création en décembre du cluster de la mangue ProMango sur fonds publics américains et structuration de la filière.

2006 : mise en place par le cluster d’une stratégie compétitive de filière avec la vision globale suivante : « être en 2015 l’exportateur leader de l’Amérique centrale et de la Caraïbe de mangue de haute qualité pour les marchés ethnique, bio et gourmet (mangue mûre à point) en Europe et aux États-Unis ». Une mission ambitieuse, mais pas totalement accomplie...

2014 : importation de variétés de niche pour un développement local sur 5 à 6 microclimats.

2015-2016 : construction par ProMango d’une station de conditionnement avec salle de maturation qui devrait être opérationnelle pour la récolte 2016.

2015 : développement d’une marque pays pour les variétés locales (la Banilejo en particulier, tirant son nom de la ville de Bani, capitale dominicaine de la mangue).

 

Localisation

Si les manguiers poussent globalement sur l’ensemble du territoire, la production structurée est concentrée sur la zone côtière du sud-ouest et du centre-ouest. Par ordre décroissant d’importance en volume, les principales provinces concernées sont Peravia (40 % des surfaces cultivées du pays), Azua, San Cristobal et San Juan. A ces provinces, qui représentent de 65 à 70 % des surfaces plantées, de la production et du nombre d’exploitations structurées, il importe de rajouter la région du nord-ouest (province de Dajabon, proche de la frontière haïtienne), celle du nord (Moca, province d’Espaillat), ainsi que celle du sud-est (province de La Romana).

Une fête de la mangue a lieu annuellement dans la ville de Baní (chef-lieu de la province de Peravia), baptisée pour la circonstance « capitale dominicaine de la mangue ». Le bassin de production de Baní et ses environs comptent une quinzaine de stations de conditionnement de mangue (parfois mixtes pour d’autres fruits et légumes).

 

mangue - rep dom - carte zones de production
mangue - rep dom - carte zones de production

Production

La production à visée commerciale représentait en 2014-15 une surface de 4 717 ha pour un volume d’environ 30 000 t, dont 40 à 50 % sont exportées. La Keitt comptait pour 70 % de ce volume et serait en progression (certaines sources mentionnent jusqu’à 80 % des exportations). Suivent la Tommy Atkins pour 15 % (en régression) et d’autres variétés pour 15 %, y compris les variétés locales (à fruit jaune, surtout Banilejo, Mingolo, Gota de Oro). A priori, la Kent ne représente que des volumes mineurs. 

mangues banilejo et gota de oro - rep dom
mangues banilejo et gota de oro - rep dom
mangues yamagui - mingolo - grano de oro
mangues yamagui - mingolo - grano de oro

 

mangues gota de oro - mingolo - banilejo - crema de oro - rep dom
mangues gota de oro - mingolo - banilejo - crema de oro - rep dom
mangues keith - tommy atkins - rep dom
mangues keith - tommy atkins - rep dom

Si le nombre estimé de producteurs se situe entre 1 400 et 1 500 (qui formeraient le cluster de la mangue), ceux qui réalisent la majorité de la production commercialisée et exportée se comptent sur les doigts d’une main et disposeraient chacun de quelques centaines d’hectares. Certains producteurs sont certifiés GlobalGap, Tesco, JAS, Fair for Life. Par ailleurs, selon les années, 10 à 30 % de la production exportée serait certifiée bio, avec trois principaux producteurs situés dans les provinces d’Azua et de Peravia. Enfin, un petit producteur de la province d’Azua produit de la mangue (et de la banane) en biodynamie (Demeter).

Le rendement moyen des exploitations traditionnelles est de 10 à 11 t/ha, alors que le rendement maximum est de 30 t/ha pour une exploitation disposant de moyens de production plus sophistiqués (irrigation goutte-à-goutte, induction florale poussée, etc.).

Le cluster ProMango a vu le jour grâce à des fonds publics américains en 2004. Par la suite, il a bénéficié d’aides de divers autres bailleurs internationaux. ProMango regroupe environ 350 membres actifs et est constitué de producteurs, y compris les 149 membres de l’unique coopérative du pays, Cooperativa Villa Fundación, d’une quinzaine d’exportateurs déclarés actifs dans ce secteur et d’associations locales des provinces concernées.

La coopérative Villa Fundación est un projet sorti de terre en 2004 dans le village du même nom, d’une superficie totale d’environ 260 à 270 ha, produisant surtout des Keitt (56 % de la surface cultivée) et, dans une moindre mesure, des Tommy Atkins (37 %). Après avoir été en sommeil pendant quatre ans suite à des problèmes de gestion, ce projet a été relancé en 2013 grâce à un prêt de 56 millions DOP (environ 1 million d’euros) accordé par le FEDA (Fondo Especial para el Desarrollo Agropecuario), fonds spécial de développement agricole dépendant directement de la Présidence.

Si ProMango ne se charge pas encore d’exporter directement, il est en train de construire une station de conditionnement avec chambre de maturation à Villa Sombrero (province de Peravia, proche de Bani), qui devrait être opérationnelle en 2016. Ce centre offrira des prestations de service aux producteurs-exportateurs ainsi qu’aux exportateurs qui collecteront les fruits auprès de producteurs de la zone. A
plus long terme, il n’est pas exclu que ProMango se charge d’exporter en se servant de cette installation. Il est prévu que la station de conditionnement soit certifiée en matière de bonnes pratiques de préparation dans le but, à terme, d’obtenir la certification GlobalGap. Selon ProMango, une cinquantaine de producteurs devraient commercialiser leur production via celle-ci. 

Une fois décrite cette structure, force est de constater que les affaires dans cette filière restent entre les mains de quelques gros opérateurs privés, qui se positionnent en fonction de leur intérêt et bénéfice propres. Et quoiqu’on en dise, les extensions de surface concernent une mangue bien adaptée au terrain dominicain et qui est, par ailleurs, demandée par les marchés internationaux : la Keitt.

La mouche du fruit du genre Anastrepha (notamment Anastrepha obliqua et Anastrepha ludens, ou mouche mexicaine du fruit) constitue le principal problème phytosanitaire rencontré dans le pays. Les producteurs sont de fait obligés de se soumettre à un programme de gestion et de contrôle régi par les normes phytosanitaires internationales. Ainsi, en novembre 2014, le pays a été infesté par la mouche méditerranéenne, entrée par l’est du pays (via l’aéroport international de Punta Cana). En conséquence, les États-Unis ont fermé leur frontière à une série de fruits et légumes dominicains (tomate rouge, avocat à peau lisse, fruit de la passion, poivron, etc.) à partir de mars 2015, avec une levée partielle début janvier 2016 dans les zones qui n’étaient pas touchées. Cette fermeture a représenté des pertes sèches importantes pour certains produits. Les faibles flux de mangue à destination du continent américain ne sont pas concernés par cette interdiction, étant donné les conditions sanitaires déjà imposées par le département de l’Agriculture américain avant cette crise (bain d’eau chaude). Hormis ceci, d’autres problèmes phytosanitaires sont présents : autres mouches des fruits, anthracnose, acariens, lépidoptères type Prays citri et Cryptoblabes gnidiella, cochenilles, oïdium, rats, etc.

 

Variétés et calendrier de récolte

Après divers programmes de recherche, le ministère de l’Agriculture a fini par caractériser 133 cultivars locaux, ainsi qu’une cinquantaine de variétés non dénommées. A noter que les noms vernaculaires peuvent se recouper. Par exemple, le Crema de Oro peut être dénommé Gota de Oro ou Crema de Leche selon certaines sources bibliographiques. Les provinces de Peravia et de San Cristobal concentrent le plus de variétés.

La mangue domestique se caractérise par une petite taille (237 g en moyenne), une couleur jaune et un taux de pulpe inférieur à celui des mangues importées. Les cultivars les plus utilisés comme porte-greffe sont Largo, Sumozo, Mameyito et Banilejo. Cette dernière, aussi appelée dans certains cas Mameyito, est ressortie comme étant la variété locale la plus apte à être industrialisée. Elle est d’ailleurs utilisée pour la fabrication de pulpe du fait de son faible taux de fibres.

Par ailleurs, en 2014, ProMango a importé une dizaine de nouvelles variétés destinées à des marchés de niche (consommation ethnique). Cet achat de matériel génétique fut réalisé auprès du Fairchild Tropical Botanic Garden en Floride, dans le cadre d’un programme de développement mené par l’IDIAF, l’institut de recherche agricole dominicain. Cinq à six microclimats ont été identifiés comme susceptibles d’accueillir ces nouvelles variétés. Les arbres devraient entrer en production dans trois ans environ.

Finalement, seule une dizaine de variétés fait l’objet d’exportation. Banilejo et Mingolo sont appréciées aux États-Unis et au Royaume-Uni par une population asiatique. Exportée en plus grand volume à partir d’Haïti, la Madame Francés (ou Madame Francis) est aussi destinée en majorité aux USA.

Les variétés locales se récoltent globalement de mars à juillet, alors que les variétés introduites le sont un peu plus tard (juin à août-septembre pour la Keitt).

mangue - rep dom - calendrier de recolte des varietes exportables
mangue - rep dom - calendrier de recolte des varietes exportables
mangue - rep dom - caracteristiques des varietes locales exportables
mangue - rep dom - caracteristiques des varietes locales exportables
mangue - rep dom - principales varietes identifiees et introduites
mangue - rep dom - principales varietes identifiees et introduites

 

Débouchés

La consommation domestique de mangue est difficile à calculer vu le manque de fiabilité des données de production. En effet, une grande partie des mangues consommées dans le pays provient de jardins privés, de vergers particuliers, d’arrière-cours, autant de surfaces non recensées par le ministère de l’Agriculture. L’offre pour le marché national est constituée majoritairement de variétés locales et des écarts de triage de l’offre exportable. Une partie des fruits est destinée à la transformation. A noter qu’il importe d’intégrer dans la consommation nationale celle des 4 millions de touristes qui se rendent annuellement en République dominicaine. En octobre 2015, les mangues étaient commercialisées de 20 à 35 DOP la pièce dans les points de vente (y compris ambulants) de la capitale, Saint Domingue. Ce prix chute dans les zones rurales proches des lieux de production.

La République dominicaine a commencé à exporter des mangues à partir de 2003. De 300 000 colis en première année, le volume est passé à plus de 2.5 millions de colis en 2014. Les exportations n’ont cessé d’augmenter, notamment vers l’Europe, à un taux plus que notable. Les principales destinations sont ainsi l’Europe continentale à plus de 80 % et la Caraïbe. Au sein de l’UE, le Royaume-Uni constitue le principal débouché, suivi des Pays-Bas. Ayant stagné à moins de 500 t pendant des années, les États-Unis ont atteint 883 t en 2013 et 932 t en 2014.

Si les États-Unis, principal partenaire économique du pays, représentent en théorie le marché naturel de la République dominicaine, les exportations de mangue vers ce pays sont néanmoins limitées en raison de deux facteurs principaux. D’une part, la République dominicaine entre en concurrence frontale avec le Mexique, avec une pression sur les prix guère supportable pour les exportateurs dominicains, surtout en ce qui concerne les Tommy Atkins, Kent, etc. D’autre part, du fait de la présence de la mouche des fruits ( Anastrepha ludens, ou mouche mexicaine des fruits, et maintenant Ceratitis capitata, mouche méditerranéenne), les États-Unis imposent aux exportateurs un traitement hydro-thermique : bain d’eau chaude à 46°C, de 65 à 110 minutes selon le calibre des fruits. Le processus doit être suivi et validé par des agents des services fédéraux de l’APHIS (Animal and Plant Health Inspection Service de l’USDA). Un seul exportateur, situé au nord du pays, est équipé de cette installation, contre 8 en Haïti. Cette contrainte technique et son surcoût non négligeable (installation + coûts de suivi et d’inspection), couplée au facteur commercial, ne sont pas pour faciliter l’essor des exportations vers cette destination. A l’évidence, la valorisation des mangues dominicaines continuera de passer par le développement des débouchés en Europe ainsi que dans la Caraïbe.

La mangue avion représenterait environ un tiers des volumes exportés. Elle profite de la disponibilité cargo des avions de touristes pour être expédiée en Europe à partir des principaux aéroports du pays : Punta Cana, La Romana, Saint Domingue, Puerto Plata.

La mangue bateau est exportée essentiellement à partir du port de Caucedo (proche de Saint Domingue) et, dans une moindre mesure, de Haina (Saint Domingue).

La Keitt domine largement avec une part de 70 à 80 % des volumes exportés.

Durée de transport maritime :

  • Europe (Royaume-Uni et Rotterdam) : 10 à 12 jours
  • New York : 5 jours
  • Miami : 2 jours

 

Le pays compte de 10 à 15 exportateurs. Certains sont aussi producteurs, mais il ne s’agit pas d’une règle dans ce pays. Globalement, la majeure partie des exportations reste le fait de quelques opérateurs.

Il existe un secteur de la transformation des fruits en République dominicaine. Des produits dérivés de la mangue sont exportés en petite quantité, en quasi-totalité vers les États-Unis (y compris Porto Rico), une petite partie partant vers la Caraïbe.

mangue - rep dom - evolution des exportations
mangue - rep dom - evolution des exportations

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