Point de campagne pomelo d’hiver

  • Publié le 29/01/2014 - Elaboré par IMBERT Eric
  • FruiTrop n°218 , Page 26 à 32
  • Gratuit

Un début de saison particulièrement difficile

Le pire n’est jamais certain, sauf sur le marché du pomelo. C’est ce que doivent penser bien des professionnels travaillant ce produit en Europe après la première partie de cette saison d’hiver 2013-14, tant elle fut calamiteuse. Les volumes vendus affichent un recul majeur et général, les prix ayant été de surcroît des plus mauvais pour la plupart des origines. Pourquoi une telle situation ? FruiTrop vous propose de faire le point, tout en vous donnant quelques perspectives pour la deuxième partie de saison.

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Des exportations sud-africaines records vers l’Europe

C’est l’importance des volumes livrés durant la saison d‘été qui explique le très difficile démarrage de la saison d’hiver. Une bombe à retardement, dont la filière sud-africaine fut à la fois l’innocent artisan et la première victime. Les exportations du leader du marché mondial du pomelo de contre-saison, qui oscillaient entre 12 et 14 millions de colis de 15 kg toutes destinations confondues depuis 2007, ont approché la barre des 18 millions de colis en 2013 : un record historique jamais atteint jusqu’alors, même durant la campagne 2005. Malgré une réelle diversification des débouchés, notamment vers la Russie et la Chine, l’importance des volumes expédiés en Europe a lourdement pesé sur les retours économiques, tant en amont qu’en aval. De plus, la saison en Europe a été prolongée car des stocks significatifs restaient encore disponibles début octobre. Par effet domino, les fruits mexicains, qui assurent normalement l’approvisionnement durant la période de transition entre campagne d’été et saison d’hiver, n’ont pu trouver que tardivement et difficilement leur place sur le marché, à une époque où le pomelo des origines d’hiver prend normalement le relais. Les pluies exceptionnelles ayant frappé le Mexique en septembre, qui ont fragilisé la tenue d’une large part de l’offre, n’ont rien arrangé…

Pomelo-UE

Pomelo UE Bilan fin Novembre

Les origines méditerranéennes touchées de plein fouet

La période allant de fin septembre à mi-novembre, date à partir de laquelle le pomelo passe au second plan dans les linéaires, est souvent propice aux producteurs méditerranéens. Elle permet généralement de constituer une « poire pour la soif », en écoulant de 35 à 40 % des volumes de la saison pour une origine comme Israël, à des prix souvent assez rémunérateurs en septembre et octobre. Mais, face au contexte de concurrence aussi fort qu’inhabituel décrit précédemment et au problème de fond de déconsommation, la « poire » est bien maigre cette saison. Israël a écoulé des volumes inférieurs de 20 % à la moyenne et à la saison passée durant cette période. Elle est aussi bien blette, car le niveau des prix est loin de compenser la baisse des volumes : le cours moyen calculé par notre Observatoire pour les origines méditerranéennes affiche un recul de 15 à 20 %  par rapport à la moyenne, les prix ayant plongé à un niveau inférieur aux coûts de revient dès le début de saison.

Net recul aussi pour la Floride,mais seulement des volumes

La baisse des volumes commercialisés par la Floride durant cette même période d’octobre à novembre est tout aussi majeure. Néanmoins, ce recul ne s’explique pas seulement par les difficultés du marché. Les volumes disponibles au stade production en début de saison ont été limités. D’une part, la maturité interne et le calibrage ont affiché un retard important. Des problèmes liés non seulement aux conditions climatiques, mais aussi aux effets sur les arbres du stress dû au greening, comme l’ont montré plusieurs travaux scientifiques. D’autre part, les écarts de triage ont été importants, notamment en raison de défauts d’aspect dus à une mélanose plus présente que les autres années. Ainsi, malgré l’atout que représente dans ce contexte la « troisième marque » d’entrée de gamme, introduite ces dernières années par une majorité d’opérateurs, les volumes commercialisés accusaient une baisse d’environ 30 % fin novembre, si l’on se fie aux données d’arrivages. Pour autant, la clientèle a été bien présente, même si les ouvertures de lignes dans la grande distribution ont été plus progressives que les autres années en raison de l’insuffisance des volumes. Ainsi, le prix moyen arrêté fin novembre affiche un niveau très similaire à celui de la saison passée.

Pomelo US

Une deuxième partie de saison plus sereine pour la Floride

Quid de la deuxième partie de saison ? Même si un tel pronostic est bien difficile à établir, quelques tendances émergent. Le scénario à venir semble plutôt positif pour la Floride. Les opérateurs démarrent l’année beaucoup plus sereinement qu’en 2013, les stocks étant très légers grâce à un recul des ventes moins marqué que les autres années en décembre et à des apports étant restés déficitaires jusqu’à fin décembre. Par ailleurs, les disponibilités en amont sont revenues à un niveau nominal, permettant d’assurer un bon approvisionnement dans les mois à venir. Le coup de froid historique, qui continue de frapper le nord des Etats-Unis à l’heure où nous mettons sous presse, n’a jusqu’alors pas eu d’impact. Enfin, le ratio sucre/acide a retrouvé un niveau supérieur à celui de la saison passée. Toutefois, malgré le retard pris à l’export, la campagne ne devrait pas se prolonger. La prévision de production, qui tablait déjà dans sa première mouture sur le plus bas niveau de récolte jamais connu, a encore été revue à la baisse. Par ailleurs, le calibrage reste nettement déficitaire et les écarts de triage sont toujours aussi importants. Ainsi, les derniers arrivages significatifs sur le marché communautaire devraient avoir lieu entre fin mars et mi-avril selon les opérateurs, soit en suivant un calendrier similaire ou légèrement plus précoce que celui de la saison passée.

La situation du marché japonais risque-t-elle de modifier ce scénario ? C’est assez peu probable. Même si ce marché reste le premier débouché des exportateurs floridiens, son niveau de rémunération a beaucoup baissé et n’est plus si différent de celui de l’Europe (cf. graphe). Crise économique oblige, les importateurs japonais sont moins positionnés que par le passé sur des produits très haut de gamme, tant au niveau du calibre que du niveau de sélection qualitative. Le recul des envois vers cette destination, qui a été plus franc que vers l’Europe ces dernières années, est un signe tangible de la baisse d’affection des exportateurs floridiens pour ce marché.

Le poids du retard pour les origines méditerranéennes

La deuxième partie de saison paraît plus chargée qu’en 2013 pour les origines méditerranéennes. Tous les pays exportateurs affichent un retard de commercialisation significatif, alors que les récoltes sont d’un niveau au moins équivalent à celui de la saison passée. C’est le cas en Espagne et en Israël, où les problèmes climatiques de décembre n’ont pas eu d’impact sur les fruits, car ceux-ci sont situés à l’intérieur de l’arbre et donc protégés par le bouclier que constituent les feuilles superficielles. Quant à la Turquie, la récolte y est particulièrement importante. Le retour à une meilleure dynamique de vente qui semble commencer à se profiler devrait permettre de revenir à un contexte plus favorable pour les fruits moyens à gros. En revanche, la situation risque fort de rester difficile pour les petits fruits (calibres 50 et 55), plus présents que l’an passé dans la récolte espagnole et surabondants dans celle de la Turquie.

Pomelo Mediterranée

Reste une inconnue de taille qui va déterminer le scénario pour la toute fin de campagne : l’évolution de la règlementation sanitaire européenne, qui interdit depuis octobre 2013 l’introduction d’agrumes d’Afrique du Sud en raison d’un contrôle du black spot jugé insuffisant. Si la réouverture ne fait guère de doute, quelles en seront les conditions ? Un durcissement des mesures de contrôle ou une interdiction de certaines zones de production affecteraient au premier chef le pomelo, principalement issu des zones au climat tropical du nord du pays où la maladie est présente. Les autorités européennes devraient statuer après que l’EFSA ait rendu son rapport, attendu au plus tard fin janvier 

Corsican grapefruit p 32
Corsican grapefruit p 32

 

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