Campagne ananas par bateau 2015-2016

  • Publié le 30/11/2016 - Elaboré par PAQUI T.
  • FruiTrop n°244 , Page 55 à 58
  • Gratuit

Le marché de l’ananas a-t-il les moyens de se renouveler ou en a-t-il vraiment envie ?

Peut-on vraiment parler de miracle quand une situation se renouvelle deux fois de suite ? Ne s’agit-il pas simplement d’une évolution vers laquelle tous les secteurs devraient tendre ? C’est le marché européen de l’ananas qui motive cette réflexion, tant le niveau des prix pratiqués au cours des douze derniers mois a de nouveau été exceptionnel. Encore une fois, c’est l’extrême faiblesse de l’offre globale de Sweet qui a permis d’atteindre des sommets et, de plus, les périodes durant lesquelles les cours sont restés élevés ont été plus longues. Toutefois, la majorité des opérateurs n’ont pas été à l’origine de ces baisses de l’offre, ils n’ont fait que les subir. Seuls quelques acteurs clés, en Afrique ou au Costa Rica, ont fait le choix de considérablement réduire leur production et, par conséquent, de raffermir leurs prix. Mais rien ne semble indiquer que d’autres souhaitent s’engager sur cette voie, qui semble pourtant le seul moyen de continuer à créer de la valeur sur le marché de l’ananas frais.

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A l’exception de la précédente campagne (décembre 2014 à septembre 2015) durant laquelle les prix moyens au stade importation se sont situés entre 7.00 et 9.00 euros/colis, les cours moyens au cours des dix dernières années ont plutôt fluctué entre 6.00 et 8.00 euros selon les calibres. Bien sûr, il y a eu des périodes où les prix étaient plus élevés, mais elles ont été d’assez courte durée. Au cours de la dernière campagne (semaine 41 de 2015 à semaine 39 de 2016), les cours moyens ont fluctué entre 8.00 et 11.00 euros/colis, avec parfois des périodes de pointe où ils atteignaient et dépassaient même 13.00 euros. Les petites marques ont pu bénéficier de ces cours car les grandes marques se sont souvent vendues à des prix nettement plus élevés selon les marchés.

Le Costa Rica a de nouveau confirmé son rôle d’acteur principal du marché de l’ananas. Malgré une baisse de près de 12 % de ses exportations vers l’UE-28, il est resté le premier fournisseur du marché européen en 2015 avec plus de 720 000 tonnes, maintenant ses parts de marché à 86 %. Cette baisse découle de plusieurs facteurs. Il y a d’abord eu les fortes pluies et inondations qui ont touché le pays entre la fin 2014 et le début 2015, pluies qui ont également eu un impact sur la disponibilité de fruits pour l’industrie de la conserve. Ainsi, à plusieurs reprises, l’agroindustrie de la transformation a payé jusqu’à 1 dollar de plus au kilo que le prix du marché pour s’assurer un approvisionnement. Cette politique agressive a eu pour conséquence de limiter un peu plus la disponibilité de fruits frais pour le marché européen. De plus, l’attractivité du marché nord-américain a été forte, soutenue par une demande un peu plus dynamique que sur le continent européen.

Les bons prix obtenus en 2014-15, campagne où l’offre avait été très sensiblement réduite, semblaient donc indiquer une piste à suivre. Ainsi, les marques qui ont volontairement réduit leur production, et dont les produits sont d’une qualité élevée, ont pu bénéficier de prix stables. Ce qui semble confirmer la justesse de leur choix si l’on souhaite retrouver une certaine rentabilité sur le marché de l’ananas.

ananas bateau - UE - prix import
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Une demande à la traîne

Il faut cependant ajouter un bémol à ces propos. En effet, alors que l’offre d’ananas du Costa Rica connaissait une baisse inédite, jamais la demande n’avait été aussi peu intéressée par le fruit. Il apparaît clairement que les hausses de prix ont davantage été liées à l’extrême faiblesse de l’offre à certains moments de la campagne plutôt qu’à une réelle tonicité de la demande. 

Que peut-on faire pour redynamiser la demande ? Certaines marques se sont déjà posé la question et se sont positionnées en proposant des fruits plus colorés, mais valorisés plus cher auprès de leurs clients. En dehors de ces rares cas, force est de reconnaître l’atonie générale et croissante de la demande pour les Sweet mis en marché. Du fait de cette faible demande globale, les opérateurs en viennent presque tous à redouter l’arrivée par à-coups de gros volumes qui les obligent pratiquement à chaque fois à baisser leurs prix pour éviter la constitution de stocks.

La campagne écoulée a également permis de confirmer le rôle de plus en plus prépondérant joué par les GMS dans la commercialisation des volumes d’ananas importés. Les opérateurs ayant des contrats avec les GMS sont ceux dont les ventes ont été les plus régulières. Mais ils ont également davantage souffert du manque de fruits, ayant été souvent obligés de racheter à prix élevés des lots pour pouvoir respecter leurs contrats et conserver leur référencement auprès de ces GMS.

Lors des deux dernières campagnes, la durée du phénomène de floraison naturelle n’a cessé de décroître. Au cours de la dernière campagne, elle a duré moins de quatre semaines avec des volumes moins importants mis en marché. Cela a quand même pesé sur le marché et fait baisser assez fortement les cours. Tous les opérateurs se demandent si la baisse des volumes liée à la floraison naturelle va perdurer ou s’il s’agit juste d’une accalmie avant la tempête. Par ailleurs, la réduction des surfaces au Costa Rica devrait également avoir un effet sur les volumes disponibles durant les périodes de floraison naturelle.

ananas bateau sweet du costa rica - allemagne - prix import
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ananas bateau sweet du costa rica - pays bas - prix import
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La campagne au fil des mois

De début octobre à début novembre 2015 (semaines 41 à 45), le marché de l’ananas a été très bien orienté. L’offre du Costa Rica, qui était limitée, a longtemps été inférieure à la demande. Les opérations de promotion prévues de longue date ont eu du mal à se mettre en place en raison du caractère restreint de l’offre. Les opérateurs non engagés avec des centrales d’achat en ont donc profité pour vendre leurs fruits à ceux qui l’étaient, ce qui a souvent donné lieu à des ventes spéculatives. La faiblesse de l’offre ne permettait pas de satisfaire tous les clients et les cours moyens sont très vite montés pour se stabiliser entre 11.00 et 12.00 euros/colis.

Comme c’est souvent le cas, le mois de novembre a été assez compliqué pour les ventes d’ananas. La brusque augmentation de l’offre, à un moment où la demande était peu intéressée par le fruit, s’est traduite par une hausse des stocks. Il faut reconnaître que le contexte général a été assez peu propice en fin d’année 2015. Entre les attentats en France et l’annulation de ventes vers le marché russe, les ventes en général ont été très calmes. La situation a été d’autant plus critique que le marché s’attendait à un tassement de l’offre costaricienne et que le contraire s’est produit. Sans être trop importante, elle a néanmoins été conséquente. Seuls les opérateurs engagés dans des opérations de promotion sont parvenus à écouler leurs fruits avec un peu moins de difficultés. Les cours moyens se sont situés entre 6.00 et 9.00 euros/colis de novembre jusqu’à fin décembre, laissant le marché engorgé en fin d’année et faisant craindre le pire pour le début de l’année 2016.

Dès le début de l’année et jusqu’à la fin du mois de mai (semaines 1 à 21 de 2016), les volumes d’Amérique latine et d’Afrique ont diminué. Intervenue très rapidement en début d’année, cette baisse a permis d’assainir la situation au plus tôt en facilitant l’évacuation des lots de resserre qui pesaient sur le marché en fin d’année. Ainsi, le marché s’est retrouvé sous-approvisionné, l’offre étant bien inférieure à la demande. Les difficultés à obtenir des fruits d’Amérique latine étaient la conséquence de pluies en zones de production et d’une demande plus soutenue de l’industrie de la transformation qui, également à court de fruits, rachetait à tour de bras tous les ananas disponibles. Le marché est donc resté porteur avec des cours moyens qui se sont situés entre 7.00 et 11.00 euros/colis.

ananas bateau sweet du costa rica - belgique - prix import
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Avec l’arrivée des premiers fruits d’été début juin, les consommateurs se sont détournés de l’ananas. De plus, l’offre latino-américaine a augmenté de façon imprévue. En effet, début juin, les autorités phytosanitaires américaines ont intensifié leurs contrôles contre la cochenille (organisme de quarantaine aux USA mais pas en Europe), entraînant le report vers le marché européen de volumes importants et inattendus. Même si cette situation n’a pas duré longtemps, les opérateurs se sont plaints de la faiblesse des ventes et des prix. Cependant, les cours moyens sont restés assez stables, entre 6.00 et 8.00 euros/colis.

De mi-juillet à fin septembre, l’offre était en net repli. Malgré son atonie, la demande est restée supérieure aux volumes disponibles, tellement ils étaient limités. Pour donner un ordre d’idée, au moment où l’offre était la plus basse, certains opérateurs recevaient à peine moins de 20 % de leurs quantités habituelles pour la période. L’augmentation des volumes fin septembre a marqué la fin d’une période de dix semaines au cours de laquelle les cours moyens ont fluctué entre 9.00 et 12.00 euros/colis, avec des pointes égales ou supérieures à 14.00 euros/colis !

La baisse sensible des cours fin septembre, avec des prix moyens passés en moins d’une semaine de 12.00 à 9.00 euros/colis, laissait envisager des semaines plus compliquées pour le marché de l’ananas

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