Ananas par avion

  • Publié le 11/07/2017 - Elaboré par PAQUI T.
  • FruiTrop n°249 , Page 26 à 29
  • Gratuit

Le Pain de sucre, deux poids, deux mesures ?

En 2015, les Pains de sucre avaient permis au Bénin d’augmenter fortement ses exportations d’ananas. Malheureusement, en 2016 plusieurs interceptions effectuées en France par les services de la répression des fraudes ont montré que ces fruits dépassaient très largement les doses d’éthéphon autorisées. Malgré plusieurs tentatives pour ajuster les doses et respecter la réglementation, les dépassements de LMR restaient excessifs (supérieurs à 2 mg/kg). Il est vrai que, contrairement au Cayenne ou au Sweet, aucun itinéraire technique permettant de doser correctement l’éthéphon n’a encore été développé sur Pain de sucre. De ce fait, il est pratiquement impossible de produire des ananas colorés en respectant les LMR. Comment se fait-il alors qu’on trouve sur le marché des Pains de sucre colorés du Togo ou du Ghana malgré plusieurs interceptions pour dépassement de LMR (Togo) ? Deux poids, deux mesures ? Poser la question, c’est peut-être déjà y répondre.

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En 2016, sur la lancée des contrôles effectués sur Pain de sucre, la DGCCRF s’est également intéressée à des lots de Cayenne et de Sweet en provenance de toutes les origines. Les résultats ont été satisfaisants dans l’ensemble, même si on a de nouveau trouvé quelques cas de dépassement de LMR d’éthéphon sur des Cayenne du Bénin.

L’impossibilité pour les producteurs du Bénin de produire des Pains de sucre colorés qui respectent les LMR sur éthéphon peut se comprendre dans la mesure où il n’existe pas d’itinéraire technique spécifique à ce fruit. La filière béninoise a été amenée à prendre des décisions. Certaines ont été bénéfiques car nécessaires et d’autres ont été plus surprenantes.

Parmi les mesures nécessaires, on peut citer l’arrêt de l’application d’éthéphon sur les Pains de sucre, avec pour corollaire l’exportation de fruits verts, leur coloration naturelle. Un gros travail a été fourni par les principaux importateurs pour expliquer aux consommateurs que la couleur verte ne changeait rien à la qualité gustative du fruit. Parallèlement, cela a également permis aux producteurs béninois de se structurer, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent.

Malheureusement, force est de constater que depuis les ventes n’ont cessé de décroître. Certains importateurs avouent écouler actuellement moins de 40 % des volumes qu’ils importaient auparavant. De plus, la présence d’une offre de Pains de sucre colorés en provenance du Togo et du Ghana vient compliquer la vente de ces fruits verts et brouille complètement le message qu’essayent de faire passer les producteurs et importateurs. Si les lots verts peinent à trouver preneur entre 1.90 et 2.00 euros/kg, ceux colorés du Togo et du Ghana se vendent sans difficulté entre 2.30 et 2.50 euros/kg !

Début décembre 2016, alors que les opérateurs s’apprêtaient à véritablement lancer leur campagne d’ananas avion, les autorités béninoises ont décidé de suspendre l’exportation de tous les ananas colorés. Aussi louable que soit cette décision, elle reste incompréhensible à plus d’un titre. Tout d’abord, il existe un itinéraire technique spécifique au Cayenne qui permet d’avoir des fruits colorés qui ne dépassent pas les LMR d’éthéphon. Pourquoi empêcher leurs exportations ? De plus, certains exportateurs faisaient effectuer des contrôles par leurs importateurs et respectaient les limites maximales autorisées. Pourquoi les pénaliser au même titre que ceux qui ne respectaient pas ces LMR ? Ainsi, cette décision a abouti à une redéfinition de l’offre sur le marché avion.

Le Bénin, qui était un des acteurs clés de l’offre de Cayenne avec le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana, a disparu. Ses parts de marché ont été réparties entre les origines qui lui étaient concurrentes.

En l’absence de Cayenne du Bénin, le marché avion a été moins chargé en fruits et les ventes ont été plus fluides dans l’ensemble. En effet, les volumes mis en marché trouvaient assez facilement preneur, même si on pouvait observer parfois quelques soucis de qualité ici et là (sur certains lots du Cameroun notamment).

Depuis le début de l’année, la Côte d’Ivoire semble être l’origine qui a su le mieux profiter de l’absence du Bénin pour se positionner avantageusement auprès des revendeurs spécialisés.

L’offre du Ghana, qui occupe le haut du tableau en termes de prix, reste très limitée en volume. Seuls quelques opérateurs acceptent de travailler avec cette origine compte tenu de coûts de transport élevés.

On aurait pu penser que la disparition d’un des acteurs créerait un manque et, pourquoi pas, une hausse spectaculaire des cours, mais cela n’a pas été le cas. Les prix des fruits des origines concurrentes du Bénin se sont raffermis et, progressivement, les acheteurs se sont habitués à ne plus se pourvoir auprès de cette origine. On a également vu se développer une offre complémentaire très colorée de Sweet en provenance de Cuba, du Panama et de la République dominicaine qui, même si elle reste limitée, s’écoule sur des bases stables entre 2.40 et 2.70 euros/kg !

En choisissant la solution de facilité pour éviter tout dépassement de LMR sur les exportations de  Cayenne, les autorités béninoises ont peut-être, sans le vouloir, mis leur filière ananas export hors-jeu.

ananas avion - france - prix import
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ananas pain de sucre avion - france - prix import
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