Approvisionnement du marché européen de la banane

  • Publié le 22/05/2017 - Elaboré par Observatoire des Marchés / FruiTrop
  • FruiTrop n°248 , Page 78 à 79
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Record après record

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Pour la 4e fois d’affilée, la consommation de banane dans l’UE-28 signe un nouveau record à la hausse. Avec plus de 6.1 millions de tonnes en 2016, c’est même la première fois que la barre symbolique des 6 millions de tonnes est dépassée. Les premières données sur 2017 (janvier et février) montrent que la tendance positive est intacte. On constate même une accélération sur douze mois (mars 2016 à février 2017), avec une consommation cumulée de 6 154 000 t. Si les choses restent en l’état, 2017 devrait être une nouvelle année record avec un taux de croissance du marché européen de plus de 5 % ! Nous n’en sommes pas encore là, même si la marche qui reste à monter est modeste. Car le marché en 2016 a fait + 4.5 %, après + 3 % entre 2014 et 2015 et + 5.6 % entre 2013 et 2014. Et qu’on ne se méprenne pas, ce sont bien des taux de croissance à périmètre de l’UE constant. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes bananiers.

Mais à qui profite cette belle dynamique ? Eh bien à tous ! En indice, les trois grandes sources d’approvisionnement progressent entre 2012 et 2016. Les origines dollar et les ACP passent d’un indice 100 à respectivement 120 et 119. Même la production européenne sort un peu son épingle du jeu avec un indice de 107 en 2016. Mais tous les fournisseurs ne participent pas au festin européen. En effet, si le gâteau grossit, les convives sont de moins en moins nombreux autour de la table. Pour les dollar, 99 % des importations se font auprès de seulement sept fournisseurs. Pour les ACP, six origines concentrent 99 % des parts de marché. Ajoutons à ces treize fournisseurs la production de quatre régions périphériques et nous bouclons le tableau d’approvisionnement du marché européen.

C’est du côté des ACP que les choses ont le plus changé ces dernières années. La concentration s’est faite autour d’une région, l’Afrique (Côte d’Ivoire, Cameroun et Ghana) et d’une origine, la République dominicaine. Belize et Surinam, malgré des difficultés passagères, complètent l’offre ACP. A la trappe la Dominique, St Vincent et même le Mozambique (pourtant nouvel arrivé) et Ste Lucie qui lutte pour sa survie. Au-delà du nombre de pays, c’est aussi une forte réduction du nombre de producteurs à laquelle on assiste depuis vingt ans. On trouve encore un tissu de petits producteurs en République dominicaine, mais là aussi les choses semblent bouger. En Afrique, cela fait bien longtemps que les petits producteurs ont disparu du paysage agricole de la banane. Si le nombre d’opérateurs augmente par exemple en Côte d’Ivoire, c’est grâce à l’implantation d’industriels nouveaux venus et, dans les années à venir, de la stratégie « petits planteurs » imposée par l’UE dans le programme d’assistance à la filière banane (dispositif MAB) mais qui est très largement adossé (techniquement et commercialement) à des opérateurs historiques.

Pour les dollar, le trio de tête (Équateur, Colombie et Costa Rica) ne change pas, ces origines arbitrant plus ou moins leurs volumes selon leurs marchés d’exportation. La Colombie, par exemple, a fait le choix d’exporter en très grande majorité vers l’UE (83 % de ses exportations totales en 2016). Le Costa Rica réalise une année exceptionnelle tant dans l’UE (+ 19 % en volume par rapport à 2015) qu’aux États-Unis/Canada (+ 21 %). Cette origine est à elle seule responsable de la quasi-totalité de la poussée des volumes des pays tiers hors ACP.

C’est au sein des origines secondaires que les choses bougent et que les positions se renforcent de manière continue. Le Pérou, sur le créneau bio et équitable, a augmenté sa présence de 43 % entre 2012 et 2016, pour atteindre 115 000 t. Le Mexique fait une percée remarquable pour atteindre 72 500 t, soit + 254 % depuis 2012. Mais la palme revient au Guatemala : quasi absent du marché européen en 2012, il approche les 100 000 t en 2016 et ses exportations battent des records chaque mois. Enfin, le Panama fait de l’accordéon mais garde sa place de 4e fournisseur dollar. L’avenir semble prometteur pour ce pays, si l’on en croit l’accord que Del Monte vient de signer avec les autorités panaméennes pour relancer l’industrie locale. Il prévoit un rythme de 900 ha de plantation par an, pour un total annoncé en décembre 2016 de 5 800 ha, soit le double de la superficie actuelle détenue par Chiquita.

La production européenne, elle, s’organise autour de six régions, mais seulement quatre comptent vraiment : Canaries, Martinique, Guadeloupe et Madère. Les deux régions françaises vivent au rythme des aléas climatiques. Le cyclone Matthew en septembre 2016 a malheureusement stoppé net la reconstitution du potentiel martiniquais (autour de 200 000 t). La Guadeloupe continue sa belle progression (69 000 t en 2016) et garde son objectif à moyen terme de 80 000 à 100 000 t. Ce sont les Canaries qui tirent le groupe européen avec un chiffre faramineux de 417 000 t commercialisées en 2016, un niveau plus jamais atteint depuis 2004. Enfin Madère, qui rejoint également ses plus hauts niveaux de 2004 pour un volume de 21 000 t. Au total, l’offre européenne progresse de 3 % en 2016 à 693 000 t, chiffre jamais plus atteint depuis 2004.

Globalement, les parts de marché ne sont pas bouleversées. Les bananes dollar baissent pour la première fois depuis 2011 à 69.6 % (- 0.6 %), les ACP grappillent 0.7 % à 19.1 % et la production européenne se stabilise à 11.3 % (- 0.1 %)

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