Campagne d'ananas avion 2016-17

  • Publié le 14/11/2017 - Elaboré par PAQUI T.
  • FruiTrop n°252 , Page 51 à 52
  • Gratuit

La donne est-elle en train de changer ?

Ce qui relevait de tentatives, de coups d’essais, à savoir la commercialisation d’une offre par avion de Sweet parallèlement à une offre bateau moins chère, est maintenant en train de se concrétiser. Le Cayenne, qui jusque-là était bien installé sur le créneau avion, a ouvert une voie au Sweet du fait de l’irrégularité de l’offre de certaines origines en qualité et en présentation. L’arrivée de petits lots de Sweet depuis la dernière campagne s’est maintenant banalisée et ce n’est plus une mais plusieurs origines qui se positionnent sur ce créneau rémunérateur avec plus ou moins de succès. 

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La décision des autorités béninoises d’interdire toute exportation d’ananas colorés, en attendant de résoudre le problème d’éthéphon, a permis au Cameroun de mieux s’implanter sur le marché avion. Malheureusement, cette origine, qui jusque-là se partageait avec le Bénin la majeure partie du marché aérien, a connu pendant plusieurs mois des soucis de qualité variables selon les marques commercialisées (évolution rapide des fruits, coloration hétérogène), facilitant ainsi, semble-t-il, l’implantation de l’offre aérienne de Sweet.

Les premiers lots de Sweet en provenance de Cuba et par la suite de République dominicaine, mis en marché en 2016, se sont étonnamment vite et bien vendus à des cours très largement supérieurs à ceux du Cayenne. Cependant, il s’agissait d’envois sporadiques et limités. Plusieurs origines semblent maintenant s’intéresser à ce créneau. Les plus fréquemment disponibles sur les marchés sont Cuba, la République dominicaine, le Panama, la Colombie, le Costa Rica et, dans une moindre mesure, le Ghana et la Côte d’Ivoire.

Toutes les origines d’Amérique centrale proposent des produits de qualité supérieure, qui correspondent aux attentes des acheteurs européens du marché avion, prêts à payer un prix premium pour ce type de produit. Alors que les cours moyens de l’offre de Cayenne fluctuent entre 1.80 et 2.20 euros/kg selon les origines et les marques, l’offre aérienne de Sweet en provenance d’Amérique centrale voit ses prix varier entre 2.40 et 2.60 euros/kg selon les disponibilités.

Plusieurs facteurs semblent pour l’instant faciliter l’implantation de l’offre de Sweet en provenance d’Amérique centrale. Elle est très régulière en qualité et fortement colorée. Les fruits sont très bien travaillés et bien présentés. Et, point essentiel, elle reste pour l’instant limitée car les opérateurs veillent à maintenir la rentabilité de ce créneau de niche. Compte tenu des coûts de revient assez élevés, les importateurs ont plutôt tendance à restreindre leur approvisionnement. Ainsi, pendant une bonne partie de l’été, ces fruits ont été absents des étals en raison de la forte disponibilité de fruits de saison à bas prix. Le niveau élevé des prix payés pour ces fruits tient donc au caractère de niche de cette offre. Sur un marché comme celui des Pays-Bas, où on a vu se multiplier le nombre d’opérateurs proposant du Sweet par avion, les cours ont fléchi et semblent pour l’instant se stabiliser entre 2.20 et 2.50 euros/kg, alors qu’ils étaient auparavant stables à 2.50 euros/kg.

Les essais en provenance d’Afrique (Ghana et Côte d’Ivoire) ne semblent pas assez concluants pour l’instant, car la différenciation entre offre maritime et offre aérienne n’est pas claire. S’agit-il d’un problème d’image, de présentation ou simplement de qualité ? Toujours est-il que l’offre africaine de Sweet par avion semble peiner à se positionner.

L’offre de Sweet est maintenant installée et fait partie de l’offre avion régulière. Va-t-elle connaître le même sort que l’offre bateau et voir ses prix décliner au fur et à mesure que seront mis en marché des lots de qualité plus hétérogène ? La question reste posée.

ananas france - france - prix import
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La campagne au fil des mois

En l’absence de Cayenne du Bénin depuis début décembre 2016, le marché avion a été moins chargé en fruits et les ventes ont été plus fluides dans l’ensemble. En effet, les volumes mis en marché trouvaient assez facilement preneur, même si on pouvait observer parfois quelques soucis de qualité ici et là (sur certains lots du Cameroun notamment).

Dès le début de l’année 2017, la Côte d’Ivoire a semblé être l’origine qui a su le mieux profiter de l’absence du Bénin pour se positionner avantageusement auprès des revendeurs spécialisés. L’offre du Ghana, qui occupe le haut du tableau en termes de prix, est restée très limitée en volume. Seuls quelques opérateurs acceptent de travailler avec cette origine compte tenu de coûts de transport élevés.

On aurait pu penser que la disparition d’un des acteurs créerait un manque et, pourquoi pas, une hausse spectaculaire des cours, mais cela n’a pas été le cas. Les prix des fruits des origines concurrentes du Bénin se sont raffermis et, progressivement, les acheteurs se sont habitués à ne plus se pourvoir auprès de cette origine. On a également vu se développer une offre complémentaire très colorée de Sweet en provenance de Cuba, du Panama et de la République dominicaine qui, même si elle est restée limitée, s’est écoulée sur des bases stables entre 2.40 et 2.70 euros/kg !

Les semaines 18 à 26 ont été marquées par une atonie de la demande. Les opérateurs ont rapidement fait le choix de réduire leurs importations pour les adapter à la demande. Malheureusement, malgré une baisse des volumes, les ventes sont restées calmes car la demande était essentiellement captée par les fruits de saison proposés en abondance à des prix assez bas. L’offre camerounaise, majoritaire sur le marché avion en l’absence du Bénin, était fortement hétérogène en raison de pluies en zone de production. Ainsi, l’absence du Bénin a surtout profité aux fruits du Ghana et de Côte d’Ivoire, plus disponibles et surtout plus réguliers en termes de qualité.

Sur le marché du Pain de sucre, le volume des ventes de lots verts du Bénin n’a cessé de baisser, tandis que celui des fruits plus colorés du Togo et du Ghana a été plus régulier. Les fruits verts du Bénin peinaient à atteindre 2.00 euros/kg, alors que ceux plus colorés du Ghana et du Togo parvenaient à se vendre jusqu’à 2.30 euros/kg. Les lots complémentaires de Sweet par avion en provenance d’Amérique centrale (Cuba, République dominicaine et Panama), toujours très limités en volume, se sont eux vendus entre 2.20 et 2.60 euros/kg au cours de cette période.

Tout au long de l’été (semaines 27 à 35), l’activité a été réduite sur le marché avion. La demande, moins active en raison des nombreux départs en vacances, a une fois de plus obligé les opérateurs à réduire les volumes mis en marché. La faiblesse de la demande a affecté tout le marché avion, même les ventes de lots complémentaires de Sweet. Les opérateurs ont alors fait le choix d’interrompre les approvisionnements en attendant que les conditions de marché soient meilleures. La situation est restée pratiquement inchangée sur le marché du Pain de sucre, avec une offre de fruits verts du Bénin qui se vendait de moins en moins bien et une offre colorée, notamment ghanéenne, qui s’imposait un peu plus sur ce créneau. Au cœur de l’été, les autorités du Bénin ont adopté des procédures de contrôle leur permettant de lever l’interdiction d’exporter qui frappait les ananas colorés depuis le 1er janvier 2017.

Au cours des semaines 36 à 39, on a vu revenir sur le marché les premiers fruits colorés du Bénin, pour des volumes assez limités qui n’ont pas apporté de grands changements sur le marché du Cayenne, toujours dominé par une offre camerounaise assez hétérogène. Ces fruits, qui dans un premier temps se sont vendus assez chers (jusqu’à 2.10 euros/kg), ont vu leur cours se stabiliser en fin de période sur des bases plus  régulières (entre 1.80 et 2.00 euros/kg). C’est surtout pour le marché du Pain de sucre que le retour de l’offre béninoise a entraîné un changement. Plusieurs lots réceptionnés étaient très colorés sans dépasser les LMR d’éthéphon. La disponibilité d’une offre colorée du Bénin concomitamment à une offre verte a fortement brouillé le message qu’essayaient de faire passer certains opérateurs. Cette offre colorée a marginalisé un peu plus l’offre verte du Bénin, réduisant d’autant l’intérêt des acheteurs pour les lots de Pain de sucre verts. Les soucis de qualité qu’ont connu certains lots de Pain de sucre colorés du Bénin en fin de période, et qui se sont soldés par de nombreux litiges commerciaux (ventes annulées, avoirs), ont fini par détourner les acheteurs de l’origine.

Il faut espérer que la solution trouvée pour obtenir des Pains de sucre colorés, tout en respectant les LMR, ne s’est pas faite au détriment de la qualité intrinsèque du fruit, auquel cas on pourrait craindre qu’il s’agisse là d’une victoire à la Pyrrhus.

Thierry Paqui, consultant
paqui@club-internet.fr

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