Petits fruits rouges de contre-saison

  • Publié le 4/04/2017 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°247 , Page 26 à 29
  • Gratuit

Des fruits rouges qui virent au bleu !

Le marché des petits fruits rouges est actuellement en pleine mutation. L’évolution qualitative des productions de fraise a permis à l’Espagne de maintenir ses positions, bien que la concurrence se soit amplifiée avec l’allongement du calendrier de production des autres pays européens. Cette pression a, par ailleurs, incité nombre d’opérateurs à diversifier leur gamme avec, en premier lieu, les framboises, mais aussi maintenant les myrtilles et, dans une moindre mesure, les mûres.   

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Du goût et des couleurs en Espagne

Même si les exportations espagnoles de fraise se sont maintenues autour 300 000 t, les surfaces se sont sensiblement contractées depuis trois ans et reculent cette année de 7 % par rapport à 2016 (5 400 ha), sachant qu’elles culminaient à près de 7 000 ha en 2014.

Cependant, la superficie totale de fruits rouges de la zone de Huelva est globalement en hausse de 4 % (10 030 ha) du fait de la diversification. Celle-ci a débuté avec la framboise, un peu avant les années 2000 (300 ha), et son développement se poursuit encore (1 945 ha, soit + 7 % sur 2016). Mais c’est surtout la myrtille (2 538 ha, soit + 30 %) et, dans une moindre mesure, la mûre (160 ha, soit + 23 %) qui connaissent désormais les plus fortes progressions. Les plantations de myrtille dépassent maintenant celles de framboise, la pleine récolte n’intervenant que dans trois ans.

Pour autant, la fraise reste un atout majeur pour la production espagnole. Les exportations ont même tendance à se redéployer vers les marchés nord-européens, plus rémunérateurs, avec un total de 302 000 à 311 000 t selon les sources pour la campagne dernière, soit + 11 à + 14 % par rapport à 2016. Les producteurs espagnols ont, en effet, entamé un vaste programme de recherche pour sélectionner des variétés plus gustatives afin de se démarquer. Cette mutation a commencé depuis longtemps déjà avec le choix de variétés comme Candonga pour remplacer l’emblématique Camarosa, qui ne représente plus qu’un peu moins de 10 % des surfaces. Elle s’est poursuivie avec Sabrina (35 % des surfaces en 2015-2016), qui forme avec Splendor et Fortuna le trio de tête. Elle devrait même s’accélérer avec les recherches menées en collaboration entre la filière, les unités de recherche et les sélectionneurs afin de tester des variétés plus typées et adaptées au terroir. Les travaux ont abouti à plusieurs créations, dont la variété Rociera (A10-48-3) de FNM (Fresas Nuevos Materiales) qui semble remporter un franc succès en production avec la plantation cette année de plus de 50 millions de plants, contre 1 million en test l’an dernier. Par ailleurs, les différentes fédérations professionnelles (Interfresa, FAECA, UPA, ASAJA, COAG et Freshuelva), sous l’égide du gouvernement d’Andalousie, ont formé récemment un groupe de travail chargé de réfléchir aux pistes d’avenir de la filière et d’envisager la fédération des entreprises au sein d’une IGP « Fraises de Huelva ».

Les exportations progressent régulièrement pour les autres petits fruits rouges, au rythme du développement de la production. La quasi-totalité des volumes espagnols de framboise et de myrtille sont exportés essentiellement vers le marché européen, soit environ 20 000 t pour chaque espèce. 

petits fruits rouges - UE28 - importations extra-UE et espagne
petits fruits rouges - UE28 - importations extra-UE et espagne

Du bleu à l’horizon pour le Maroc

La production marocaine est celle qui a perdu le plus de parts de marché en fraise sur le marché du frais, alors qu’elle est pourtant soutenue par le plan Maroc Vert. Les surfaces seraient stables, autour de 3 500 ha, avec un report des volumes vers l’industrie où cette origine a gagné des parts de marché sur la production espagnole. La gamme a également évolué pour coller davantage au marché du frais, avec les variétés Splendor et Sabrina qui ont pris le dessus sur la Camarosa. Cependant, les producteurs se doivent de conserver des variétés à double fin pour pouvoir diriger les produits vers l’un ou l’autre des débouchés selon la conjoncture.

Ils misent également beaucoup sur les autres petits fruits rouges. Les premières tentatives d’introduction de la culture de la framboise et de la myrtille datent du début des années 2000 dans la zone de Loukkos. Cependant, les variétés introduites provenant d’Europe, leur développement a été freiné par la nécessaire adaptation aux conditions climatiques du Maroc. La production de framboise n’a donc réellement été lancée qu’en 2005. De 30 ha, les surfaces, qui se sont régulièrement développées, progressent encore à un rythme d’environ 20 à 25 % par an et atteindraient actuellement plus de 500 ha.

De même, la culture de la myrtille est en plein essor, d’autant que cette petite baie a une durée de vie plus longue que la fraise ou la framboise et s’adapte très bien à différents types de sols et de conditions climatiques. Ainsi, cinq années après les premiers essais faits à Moulay Bousselham, plus de 500 ha auraient déjà été plantés avec le soutien du plan Maroc Vert, qui vise un objectif de plus de 1 000 ha à l’horizon 2020, voire jusqu’à 3 000 ha à terme pour un potentiel d’exportation de 30 000 t.

Les surfaces de framboise pourraient atteindre à terme 1 500 ha pour un potentiel d’exportation de 15 000 t, avec des plantations qui se développent également dans le sud du pays. Les producteurs redoutent toutefois une rapide saturation du marché, d’autant que les plantations ne sont pas toujours faites avec des variétés adaptées, ce qui pourrait entraîner une hétérogénéité qualitative de la production exportée.

Des clignotants qui pourraient passer au rouge dans l’hémisphère Sud

C’est déjà ce qui se profile pour les origines de contre-saison, avec un rythme de plantation effréné et l’exacerbation de la concurrence. Les superficies ont plus que doublé en Amérique du Sud, 10 000 ha ayant été plantés entre 2005 et 2012. Au Chili, pionnier de cette culture dans les années 1980, même si le rythme de plantation ralentit maintenant, le potentiel devrait augmenter dans les années à venir avec l’entrée en production de jeunes vergers. L’origine dispose actuellement d’un potentiel de plus de 100 000 t pour une surface d’environ 16 000 ha.

Mais la plus forte progression est attendue au Pérou. Les surfaces couvrent aujourd’hui 2 250 ha, pour 30 ha seulement  en 2010. Les plus grosses entreprises du pays annoncent les unes après les autres de nouveaux projets, de 300 ha jusqu’à 600 ha par an. De son côté, le ministère de l’Agriculture a lancé un programme d’aide aux petits producteurs qui facilite leur installation en fournissant des plants, une aide sous forme de financement et un soutien technique pour débuter la production. Les surfaces devraient atteindre 4 000 ha en 2016, avec une projection autour de 7 000 ha en 2021.

D’autres pays intensifient également leur production de myrtille, notamment la Chine (12 000 ha en 2012) et la Pologne (3 500 ha en 2012). Se posera donc, dans les années à venir, la question du chevauchement du calendrier des différentes origines, même si le potentiel de garde de la myrtille est important avec la conservation sous atmosphère contrôlée, qui demande néanmoins à être optimisée.

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