Hausse sans précédent sur le marché de la noix de cajou

  • Publié le 22/09/2017 - Elaboré par RICAU Pierre
  • FruiTrop n°251 , Page 14 à 14
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Le marché international de la noix de cajou a connu une hausse sans précédent sur un fondement principalement spéculatif, au cours de la première moitié de l’année 2017. Cependant, les prix ont amorcé un réajustement à la baisse depuis juillet, qui devrait se poursuivre au cours des prochains mois en raison d’une offre importante, alors que la demande semble se tasser.

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Conformément aux prévisions du Service N’Kalô, la production ouest-africaine a connu une forte hausse en 2017 et devrait dépasser les 1 700 000 tonnes.

Fin août, le Vietnam avait reçu 878 000 t de noix brute d’Afrique de l’Ouest dans ses ports, soit une hausse de 300 000 t par rapport à la même période de l’année passée. L’Inde, dont les statistiques douanières ne sont disponibles que jusqu’à fin juillet, avait reçu de son côté 280 000 t d’anacarde ouest-africaine, en baisse de 15 000 t par rapport à l’année précédente à la même période. Enfin, le Brésil, petit importateur de noix de cajou, a vu ses importations de noix brute africaine monter à 22 000 t sur les huit premiers mois de l’année 2017, contre 10 000 t importées sur la totalité de l’année 2016.

Dans le même temps, les exportations totales d’amande de cajou (noix de cajou décortiquée) des trois grands pays transformateurs sont restées pratiquement identiques à celles de l’année précédente, avec une très légère baisse au Vietnam (- 0.7 %), une forte baisse au Brésil (- 30 %) et une nette augmentation en Inde (+ 10 %).

Malgré une offre qui tend donc à excéder la demande sur le début de l’année 2017, les prix de la noix brute se sont envolés lors de la campagne de commercialisation qui s’est clôturée en Afrique au cours du mois de juille. Les prix bord-champ ont dépassé les 800 FCFA/kg dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest, avec des pics allant jusqu’à 1 100 FCFA/kg en Guinée-Bissau et au Sénégal, où se trouve la meilleure qualité de la sous-région. Les prix à l’exportation ont évolué entre 1 700 et 2 200 USD/t fob Afrique selon les origines et les qualités.

Ces niveaux de prix, jamais observés dans l’histoire de la filière noix de cajou, sont complètement paradoxaux dans un contexte de croissance de l’offre dans les principaux pays producteurs et de stagnation de la demande dans les pays consommateurs. Cette situation s’explique en grande partie par la surcapacité de transformation industrielle du Vietnam. Grâce à une amélioration des technologies de transformation automatisée, une forte compétitivité de la main d’œuvre et des conditions d’investissement attractives du fait de politiques sectorielles du gouvernement vietnamien, ce secteur a connu une explosion ces dix dernières années au Vietnam. En 2016, il a dépassé l’Inde, leader historique, en termes de capacité et de volume de transformation. Alors que leur nombre et leur capacité ne cessent de croître, les transformateurs vietnamiens ont réagi avec affolement à la baisse de leur production locale en 2017 (environ - 150 000 t de noix de cajou brute) et ont lancé des vagues de commandes sans précédent en Afrique de l’Ouest afin de se garantir un minimum d’activité sur l’ensemble de l’année. Un phénomène de micro-bulle spéculative s’est donc constitué au sein du premier pays transformateur mondial, qui a fait le bonheur des producteurs africains, mais qui menace d’une grande instabilité l’ensemble du marché au cours des mois à venir.

Le marché se trouve aujourd’hui dans une situation dangereuse. D’énormes stocks de noix brute sont encore disponibles en Asie et ont été payés à des prix très élevés par les importateurs et les transformateurs locaux. Dans le même temps, la stagnation de la demande (freinée par les prix élevés) et la prudence des importateurs occidentaux ont provoqué un début de baisse des prix du produit transformé depuis fin juillet.

Si le mouvement se prolonge, les usines qui ont fait les plus gros stocks pourraient se retrouver en situation de travail à perte et, si une panique vient à toucher le secteur, une forte chute des prix pourrait intervenir au cours des prochains mois. L’Association nationale des transformateurs vietnamiens de noix de cajou (VINACAS) essaie actuellement de limiter la baisse en incitant ses membres à maintenir des prix de vente élevés de l’amande de cajou, mais la concurrence des transformateurs indiens pourrait à moyen terme avoir raison de cette tentative d’autorégulation un peu tardive. Les prochains mois seront donc à surveiller avec attention.

Source : Service N’Kalô - Rongead 

 

graphe noix de cajou pour web FRA
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