Les prévisions de récolte de pommes et poires européennes ont été dévoilées début août lors de la 42e Conférence Prognosfruit, qui s’est déroulée à Varsovie en Pologne. Elles ont confirmé le retour à une récolte pleine, après le déficit lié aux gelées des mois d’avril et de mai de l’année dernière. La campagne 2018-19 devrait faire ainsi le plein, tant en pommes qu’en poires, avec le retour à la moyenne quinquennale pour les pays d’Europe de l’Ouest et un très gros potentiel en Europe de l’Est.
C’est une production de pomme record qui s’annonce en Europe, avec pas moins de 12.6 millions de tonnes, après une année 2017, il est vrai, très déficitaire (+ 35 % par rapport à 2017) mais qui devrait quand même dépasser de 10 % la moyenne quinquennale. Si la production en Europe de l’Ouest est sans excès (6.6 millions de tonnes, soit + 2 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années), reflétant le retour en production des pays déficitaires l’an dernier (Allemagne, Belgique, Autriche et, dans une moindre mesure, Italie et Pays-Bas), elle devrait atteindre un niveau historiquement élevé en Pologne et dans la plupart des pays situés en Europe de l’Est (5.9 millions de tonnes, + 22 % sur la moyenne des 5 ans) avec au total, pour l’ensemble des pays, 600 000 tonnes de plus que le précédent record de 2014.
Même si cet excédent risque de peser sur les prix, le contexte général est plutôt positif, avec un marché dégagé. En effet, la campagne de fruits d’été s’est terminée précocement, il n’y a pas de stocks résiduels de pomme, que ce soit de l’ancienne récolte européenne ou de l’hémisphère Sud et, de plus, l’industrie est en forte demande d’autant que le déficit de production annoncé en Chine devrait bénéficier à la fois au marché du frais en dopant les exportations, notamment des pays d’Europe de l’Est, et à la transformation. Certains problèmes politiques, comme l’embargo de la Russie ou de certains pays méditerranéens, continueront d’entraver le commerce des grands pays exportateurs comme la France, l’Italie ou le Benelux. Par ailleurs, le niveau qualitatif de la production s’annonce prometteur avec un excellent taux de sucre et le calibre des fruits ne devrait pas être trop affecté par la sécheresse de l’été. Toutefois, la WAPA envisage en août une révision probablement à la baisse de cette première prévision, notamment du calibre moyen dans les pays d’Europe du Nord. La récolte s’annonce plutôt précoce, le temps chaud ayant avancé d’une quinzaine de jours la floraison et la nouaison dans les pays d’Europe du Nord.
Le calendrier variétal devrait être bien fourni, contrairement à la campagne dernière où les variétés de fin de saison, notamment Jonagold et Golden, avaient fait défaut. La gamme des bicolores sera particulièrement bien représentée avec un gros potentiel en Gala (1.45 million de tonnes, soit + 12 % sur la moyenne des 5 ans !) en progression dans l’ensemble des pays de la Communauté, tant en Italie (339 000 t, soit + 7 % sur la moyenne des 3 ans) qu’en Pologne (360 000 t, soit + 10 %) ou en Europe du Nord (+ 21 % en Allemagne et + 8 % au Royaume-Uni), même si l’on enregistre un léger repli en France (281 000 t, soit - 3 %).
Le potentiel est également particulièrement abondant en Jonagold/Jonagored (1.08 million de tonnes, soit + 11 % sur la moyenne des 5 ans), avec une très grosse production en Pologne (530 000 t, soit + 25 % sur la moyenne des 3 ans), une stabilité en Allemagne (177 000 t, soit + 1 %), voire même un net recul aux Pays-Bas (- 22 %) et en Belgique (- 6 %). Idem pour Idared qui devrait atteindre un record avec 1.148 million de tonnes (+ 15 % sur la moyenne des 5 ans).
Les nouvelles variétés continuent de se déployer (307 000 t, soit + 62 % sur la moyenne des 5 ans), de même que Cripps Pink qui devrait atteindre un nouveau record (277 000 t, soit + 15 %). Braeburn (305 000 t, soit + 2 %), Elstar (335 000 t, soit - 8 %) ou Fuji (290 000 t, soit - 6 %) compléteront la gamme, sans ajouter toutefois à l’excédent. La production de Golden continuant de décliner, l’offre devrait encore s’estomper (2.34 millions de tonnes, soit - 3 % sur la moyenne des 5 ans), notamment en France (420 000 t, soit - 4 %) et en Espagne (244 000 t, soit - 7 %) et, dans une moindre mesure, en Italie (816 000 t, soit + 1 %). Certains pays comme la Pologne auront quand même un fort potentiel (380 000 t, soit + 10 %). L’offre devrait être stable en Granny (381 000 t).
Le différentiel par rapport à 2017 devrait être moins marqué en poire qu’en pomme car, même si certaines situations nationales vont s’inverser par rapport à l’an dernier, la récolte au niveau européen devrait rester dans la moyenne quinquennale (2.3 millions de tonnes, soit + 1 % sur la moyenne des 5 ans). Ainsi, le retour en production des pays du Nord (Allemagne, Belgique et Pays-Bas) devrait être compensé par le repli du Portugal qui disposait d’une grosse récolte l’année dernière. La production italienne devrait se maintenir sur le fort niveau de l’an dernier, tandis que la production française devrait rester sur une récolte inférieure à la moyenne quinquennale. La récolte espagnole devrait revenir à un niveau inférieur à la moyenne, après le petit rebond de l’an dernier. Comme en pomme, la production d’Europe de l’Est devrait être d’un fort niveau (141 000 t, soit + 14 %), mais cette origine ne joue pas réellement de rôle sur les destinations export en poire, la production étant destinée à la consommation locale.
Côté variétal, il n’y a pas de grand changement de tendance, même si la répartition a été pondérée par les conditions climatiques. Ainsi, Conférence et Abate devraient continuer à dominer le marché. La pression devrait être un peu plus marquée en Conférence, qui poursuit son développement (+ 4 % sur la moyenne des 5 ans) après le petit déficit de l’an dernier. La récolte pourrait de nouveau atteindre le niveau record de 2014. L’Abate devrait encore renforcer sa présence, avec une nouvelle hausse de la production de 2 % par rapport à 2017, après la bonne récolte enregistrée l’an dernier en Italie, sans toutefois atteindre les records de 2009, 2011 ou 2015.
On attend également davantage de volumes en Comice, après la baisse de production de la campagne dernière (+ 25 % par rapport à 2017), mais le potentiel à l’échelon européen est globalement en baisse (74 000 t, soit - 8 % sur la moyenne des 5 ans). La campagne a débuté dans un contexte dégagé en fruits, avec des récoltes déficitaires pour les premières variétés d’été que ce soit Guyot (- 16 %) ou Coscia (- 6 %). C’est le cas également de la Rocha du Portugal, après le niveau de production record de 2017 (- 15 % par rapport à 2017 et - 1 % sur la moyenne des 5 ans). La production de Williams s’annonce assez similaire à celle de l’an dernier, soit dans la moyenne de ces 5 dernières années (267 000 t).
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