La culture du haricot vert en Afrique

  • Publié le 30/07/2009 - Elaboré par LEVERRIER B
  • FruiTrop n°169 , Page 25 à 26
  • Gratuit

Ouvrir/Fermer Boutique

Exigences

En conditions tropicales, la culture du haricot vert est plus particulièrement pratiquée pendant la saison sèche en zone sahélienne (Sénégal, Burkina Faso). Au Kenya, le climat et les zones de production qui se situent à diverses altitudes permettent des productions tout au long de l'année. Si le haricot se comporte bien sur de nombreux types de sol, il préfère toutefois les terres plutôt fortes mais sans excès car le haricot est sensible à l’asphyxie racinaire. Il se caractérise par un cycle végétatif très court, notamment dans les zones sahéliennes : début de récolte 45 à 60 jours après semis. En zone d'altitude au Kenya, ce cycle est beaucoup plus long : 60 jours minimum. Il convient pour cela de favoriser le développement de la plante en étant rigoureux sur la fertilisation et l’irrigation. Malgré ce cycle végétatif de courte durée, le haricot est sujet aux attaques de maladies et de ravageurs, qui peuvent être préjudiciables à la qualité des produits mais aussi aux résultats économiques.

PHOTO HARICOT

Les sols

Afin de minimiser les attaques fongiques dès la germination et la levée des plantes et pour favoriser la productivité des parcelles, il est nécessaire de pratiquer des rotations culturales. Les précédents culturaux les plus favorables sont les céréales. Les cultures de légumes à feuilles et cucurbitacées sont à éviter. Les sols de structures diverses (limoneux-sableux, argilo-sableux) peuvent être retenus. La culture est possible sur les sols à structure battante (limoneux), mais la période semis-levée nécessite quelques précautions. De par son court cycle végétatif, il faut que le haricot se développe rapidement. C'est pourquoi la préparation du sol doit être minutieuse et rigoureuse. Un sol adapté à la culture du haricot vert doit :

  • être travaillé sur un minimum de 35 à 40 cm ;
  • avoir une structure homogène et un lit de semence aéré et fin ;
  • être correctement nivelé de façon à éviter les zones humides (mauvais développement des plants et risques d'attaques fongiques).

 

La fumure de fond sera incorporée au moment de la préparation du sol pour qu'elle soit localisée dans la zone du développement racinaire des plantes. Les fumures organiques sont déconseillées car elles peuvent favoriser la sensibilité du haricot aux maladies et ravageurs en cas de mauvaise décomposition. Seule une matière organique bien décomposée, enfouie au moment de la préparation du sol, peut être appliquée.

Les semis

Les densités de semis sur les parcelles doivent permettre aux plantes d'avoir un développement végétatif raisonnable, sans excès. Une densité trop importante favorise l'étiolement des plants et, par conséquent, accentue la fragilité et les risques sanitaires. C'est pourquoi les densités de semis doivent tenir compte des éléments suivants :

  • la variété et son développement végétatif ;
  • la saison de plantation (densités moindres en période humide) ;
  • la méthode d'irrigation (densités moindres avec une irrigation à la raie).

Les semences certifiées et traitées sont recommandées car elles permettent de protéger les jeunes plantules contre les premiers ravageurs (mouche des semis) et sont exemptes de germes et maladies de type Fusarium et graisse. Les besoins en semences avoisinent les 30 kg par hectare pour obtenir des densités d'environ 200 000 à 250 000 plants/ha. En cas d'irrigation au goutte-à-goutte, les densités sont en général plus importantes pour atteindre 300 000 plants/ha. Le dispositif d'intervalle entre les lignes de plantation est en moyenne de 30 à 40 cm et de 5 à 7 cm entre plants sur la ligne. En période pluvieuse ou de forte humidité, un espacement plus important sur la ligne permet au plant de sécher rapidement après une pluie. Sur un sol bien ressuyé (si une irrigation a été effectuée auparavant), les graines sont placées à une profondeur de 2 à 5 cm. En sol léger et filtrant (sableux), il faut éviter de semer trop superficiellement. A l'opposé, en sol lourd et/ou battant, une profondeur de 2 à 3 cm est suffisante. Si une irrigation est nécessaire et recommandée dès le semis en sol sableux, il est déconseillé d'irriguer entre le semis et la levée en sol lourd et battant. En règle générale, en sol limoneux-argileux, la pré-irrigation effectuée avant semis est suffisante pour permettre aux graines de germer et d'assurer une levée homogène et régulière sur la parcelle

La fertilisation

De par le cycle court du haricot vert, le choix des formes d'engrais est important. La fertilisation doit être basée sur l'utilisation d'engrais dont les éléments sont rapidement et facilement assimilables. La particularité des plantes de la famille des légumineuses, dont fait partie le haricot, est de pouvoir fixer l'azote grâce aux nodules sur les racines. Si cela permet un apport non négligeable en azote, les apports complémentaires restent nécessaires pour obtenir un rendement commercial optimum. La fertilisation sera raisonnée pour l'ensemble des éléments majeurs (N, P, K) et appliquée en partie avant la mise en culture (fumure de fond) et le solde au cours du cycle végétatif (fumure de couverture).

 

Dans de nombreuses zones de production, la fertilisation est assurée par des engrais simples et complets. Les engrais azotés (N) seront apportés sous forme uréique, ammoniacale ou nitrique, les phosphoriques (P) sous forme de phosphate d'ammoniaque ou superphosphate triple et les potassiques, sous les formes les plus couramment utilisées que sont le sulfate ou le nitrate de potasse. Les formes chlorures sont à éviter car le chlore est toxique pour de nombreuses cultures maraîchères et le haricot vert en particulier. Au moment des applications des fumures de couverture, il est important de pratiquer un binage superficiel ou de faire suivre l'épandage par une irrigation. Sur certains périmètres disposant d'installations plus techniques, les fertilisations, notamment de couverture, peuvent être associées à l'irrigation au goutte-à-goutte.

 

En complément des éléments majeurs, les éléments secondaires sont, en règle générale, associés à la fumure de fond sous forme de sulfate de magnésie pour la magnésie et de phosphate naturel ou scories pour le calcium. Les apports d'oligo-éléments indispensables à la culture (molybdène, zinc, cuivre et manganèse) seront assurés au besoin par des pulvérisations foliaires, voire apportés par le réseau d'irrigation au goutte-à-goutte.

L’irrigation

Comme pour la majorité des cultures de contre-saison en pays tropicaux, et notamment en zone sahélienne, l'irrigation des parcelles de haricot vert est indispensable pour permettre une production qualitative et quantitative. Sur certaines zones d’altitude au Kenya, les pluies peuvent couvrir en partie les besoins en eau. Traditionnellement, les parcelles sont irriguées par gravité. Certains périmètres ont opté pour des techniques d'irrigation plus pointues, à savoir l'irrigation au goutte-à-goutte et l'irrigation par aspersion.

Par gravité

Il est important pour ce type d'irrigation d'avoir un sol correctement nivelé pour permettre une circulation de l'eau sans encombre le long des lignes de plantation. Des disparités dans le nivellement vont provoquer l'accumulation d'eau dans certaines zones, propice au dépérissement des plants (asphyxie racinaire) et au développement de certaines maladies fongiques. Ce type d'irrigation consomme énormément d'eau et la gestion quantitative est délicate, notamment en saison des pluies (cumul irrigation + pluie parfois excessive).

Au goutte-à-goutte

Très bien adaptée à ce type de culture, la technique du goutte-à-goutte demande de la rigueur, notamment en ce qui concerne le matériel de filtration, car l'eau chargée en particules peut boucher les gaines d'irrigation. Ce principe d'irrigation consomme nettement moins d'eau que le système par gravité et la gestion quantitative est plus souple et rationnelle. De plus, cette technique permet d'apporter, si nécessaire, la fumure de couverture en fractionnant les apports tout au long de la période de culture. Il convient d'être très rigoureux dans le choix et la qualité des engrais qui seront utilisés dans un schéma de ferti-irrigation, les risques d'obturation des goutteurs pouvant être préjudiciables à une bonne irrigation de l'ensemble des lignes et de la parcelle.

Par aspersion

Cette technique permet également de mieux gérer les volumes et apports en eau tout au long du cycle végétatif. Afin d'éviter les risques de brûlure sur feuilles, mais également pour limiter les risques de maladies fongiques notamment par temps lourd,  il est préférable nécessaire d'arroser le matin ou le soir de préférence. Les arroseurs à gros jets ou grosses gouttes sont à proscrire car ils peuvent endommager le feuillage des plantes, mais aussi favoriser les éclaboussures de terre sur gousses et ainsi limiter le rendement commercial de la parcelle. Cette technique d'arrosage a l'avantage de limiter les populations de certains ravageurs, notamment les acariens et les thrips.

 

Le haricot vert redoute le stress hydrique, surtout au stade levée et dans la phase floraison-grossissement des gousses. Malgré tout, il faut se garder d’une irrigation excessive au stade post-levée, pour éviter les attaques fongiques au niveau du collet des plantules. Un léger déficit hydrique raisonné après la levée favorise l'enracinement des plants qui exploiteront ainsi une zone profonde du sol. Les fréquences et doses d'irrigation peuvent être connues au regard des conditions climatiques, notamment en tenant compte des évaporations journalières. L’installation de tensiomètres au sein de la parcelle peut aider aux décisions de mise en eau, tant sur les doses que sur les fréquences. La connaissance et l'expérience des sols et de la culture sont à prendre en considération pour la gestion de l'irrigation. Les irrigations à la raie comme les irrigations par aspersion seront effectuées de préférence le matin, ce qui permet au feuillage de sécher au cours de la journée. Les irrigations par aspersion ne doivent pas être pratiquées immédiatement après un traitement foliaire fongique ou insecticide. De même, on évitera une irrigation juste avant la récolte. Les conditions de récolte seront plus confortables (pas de zones humides) et la qualité des produits meilleure (pas de risque de boue ou terre humide sur les gousses).

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.