La culture de la noix de coco

  • Publié le 30/10/2011 - Elaboré par GERBAUD Pierre
  • FruiTrop n°193 , Page 41 à 44
  • Gratuit

Cocos nucifera L. (famille des Arecaeae)

Ouvrir/Fermer Boutique

noix de coco F193 p43

Historique

Le cocotier est une plante tropicale qui serait originaire de Mélanésie. Les dernières traces de noix de coco fossiles retrouvées en Inde et en Nouvelle-Zélande remontent à plusieurs millions d’années. Le cocotier a connu plusieurs vagues de dissémination à travers le monde. La première s’est réalisée grâce à la capacité naturelle de ses fruits à flotter et donc à traverser les milieux marins pour aller peupler les îles voisines. Au cours du Moyen Age, le commerce arabe a créé d’importants échanges au sein de l’océan Indien et a favorisé sa diffusion. Au XVIe siècle, les colons européens contribuèrent à sa dissémination à partir de la région indienne vers l’Afrique de l’Ouest et la côte Ouest de l’Amérique.

Jusqu’au XVIIe siècle, on appelait ce fruit uniquement coco. Puis l’expression « noix de coco » a prévalu. Le nom coco dériverait d’un terme portugais qui signifiait museau de singe, se référant à l’aspect singulier de la noix de coco qui évoque l’animal.

Botanique

Le cocotier, ou Cocos nucifera, appartient à la famille des Aracées ou Palmacées. Comme tous les membres de la famille des palmiers, le cocotier porte des palmes (feuilles pennées). Le nom d’espèce du cocotier, nucifera, provient du latin nux (noix) et fero (je porte) : porteur de noix. Malgré leur apparence, les cocotiers ne sont pas des arbres au sens botanique du terme, mais plutôt des herbes géantes pouvant mesurer jusqu’à 30 mètres de hauteur. On ne parle pas de tronc mais plutôt de stipe, qui résulte de la cicatrisation des palmes tombées les années précédentes. Celui-ci est constitué d’un unique bourgeon terminal qui émet en continu des palmes mesurant jusqu’à 7 mètres. Elles sont disposées en spirale pour former la couronne du palmier. On peut déterminer le nombre de régimes de noix en dénombrant les feuilles, car à l’aisselle de chaque palme se trouve une inflorescence. Celle-ci est composée d’une quarantaine de tiges (épillet), chacune portant des fleurs mâles et des fleurs femelles. Le mode de reproduction varie en fonction des espèces.

Le cocotier est une plante qui fructifie toute l’année. Les fruits mettent entre 11 et 12 mois pour arriver à maturité. Entre 50 et 150 noix sont produites par plant et par an. Les cocotiers sont des herbacées qui fructifient pendant plus de cent ans, mais les rendements maximaux sont généralement atteints au bout de 10 à 20 ans.

Le fruit est une drupe globuleuse, de forme ovoïde ou ellipsoïde, qui pèse en moyenne 1.5 kg. Il renferme une graine unique, la noix de coco, qui représente environ 60 % du poids total du fruit. Lorsqu’on achète une noix dans le commerce, on peut voir sur sa coque des fibres qui ne sont autres que les restes d’une enveloppe épaisse (la bourre) que l’on a pris soin de retirer (le débourrage). Une seconde enveloppe très mince recouvre la bourre. Cette peau lisse est de couleur verte, orange, jaune ou ivoire lorsque le fruit est à maturité.

La noix jeune contient beaucoup d’eau de coco ainsi qu’une fine pellicule blanche gélatineuse collée à la paroi interne de la coque. En mûrissant, cette pellicule gélatineuse s’épaissit et se solidifie, donnant une pulpe d’un blanc éclatant, l’amande. Différentes techniques d’extraction permettent d’obtenir, à partir de cette pulpe, divers sous-produits huileux : coprah, lait, crème, huile.

Ecologie du cocotier

Le cocotier est une plante très familière des régions tropicales humides. Il s’adapte relativement bien aux conditions climatiques et il est tellement apprécié dans certains pays qu’on le retrouve au-delà de ses niches écologiques. La culture du cocotier demande une luminosité importante et sa température de croissance optimale est de 27°C, avec des extrêmes s’étalant de 13°C à 35°C. S’il est vrai que la majorité des cocotiers sont plantés en dessous de 500 mètres, ils peuvent néanmoins prospérer au dessus de 1 000 mètres, bien que les basses températures compromettent la croissance et le rendement du palmier. Le cocotier pousse généralement dans des régions où les précipitations réparties uniformément sur l’année avoisinent les 1 500 à 2 500 mm et où l’humidité relative de l’air est élevée. C’est la raison pour laquelle on le trouve principalement dans les zones côtières chargées d’humidité par les vents marins et tempérées.

Grâce à ses feuilles coriaces demi-xérophiles, le cocotier est capable de résister à des périodes de sécheresse de plusieurs mois, mais un apport d’eau insuffisant peut induire un avortement des fleurs, une chute prématurée des fruits ainsi qu’une diminution de la taille des noix.

Le cocotier montre une grande adaptabilité vis-à-vis du sol  puisqu’il est capable de pousser sur des terrains marginaux, voire inadaptés pour d’autres cultures. Ainsi on retrouvera ces palmiers sur les terrains sableux à forte salinité, les sols sulfatés acides de mangroves ou les tourbes profondes. Le sel a même un effet bénéfique sur la dimension de la noix de coco.

Avec son stipe mince et ses longues feuilles pennées, le cocotier offre peu de prise au vent et est donc capable de résister à des vents violents, voire à des cyclones.

Photo noix de coco F193 p44

L’arbre aux cent usages ou l’arbre de vie

Que ce soit chez les populations locales ou dans les pays développés, le cocotier a de multiples usages.

Le bois est utilisé pour la fabrication de sculptures, de manches d’outils, d’ustensiles domestiques, de pilotis pour les maisons, de ponts, de bateaux, de parquets ou encore de meubles.

Après une incision des inflorescences, on récupère un jus sucré servi comme boisson (nommé toddy en Inde). Après fermentation, on obtient un vin de palme légèrement alcoolisé mais qui peut être distillé pour obtenir une boisson plus alcoolisée, l’arak. Le vinaigre de coco est quant à lui issu du vin de palme.

Les feuilles du cocotier sont utilisées en couverture des toitures. Une fois tressées, elles permettent la confection de nattes, de chapeaux, de balais, de paniers, d’éventails et de géotextiles. Avec les fibres de la bourre, on élabore des tapis, des paillassons, des balais, des cordes, des matelas, des substrats horticoles et même des sièges de voiture.

Le coeur du palmier à la chair blanche et tendre est un mets très apprécié (le « choux coco »). La coque est utilisée comme récipient, mais elle trouve aussi des usages industriels comme la fabrication de charbon actif pour le filtrage des gaz et vapeurs par exemple (filtre de cigarette, filtrage de certaines radiations nucléaires, etc.). On utilise aussi le cocotier comme combustible, brut ou à l’état de charbon et les cendres servent comme engrais pour les cultures.

Les noix de coco jeunes apportent une boisson rafraîchissante et désaltérante. Les fruits du Cocos (cocotier) sont une source alimentaire abondante et représentent généralement pour les populations des atolls le principal apport de matière grasse d’origine végétale. La pulpe peut être consommée crue ou transformée en divers sous-produits. Une fois séchée, elle donne le coprah avec lequel on obtient après pressage l’huile de coco.

Avec près de 2.1 millions de tonnes chaque année, l’huile de coco est la 7e huile végétale la plus commercialisée dans le monde. L’huile de première pression est utilisée pour la confection de produits alimentaires. En revanche, l’huile obtenue par pression à chaud est transformée en savons, shampoings, cosmétiques, détergents, peintures, produits pharmaceutiques. Dans l’industrie alimentaire, elle entre dans la composition de nombreux sous le terme d’huile végétale : Végétaline®, huile de coprah et margarine. Outre ses qualités gustatives, l’huile est aussi appréciée pour d’autres propriétés, notamment sa capacité à rester à l’état solide à des températures élevées (24°C) grâce à sa composition en acides gras saturés. Le coco est utilisé dans l’industrie agroalimentaire pour parfumer les pâtisseries, les biscuits, les barres chocolatées, les produits lactés, les crèmes glacées, etc.

Le lait et la crème de coco sont obtenus par pression d’un mélange d’albumen frais râpé et d’eau. C’est un ingrédient traditionnel de plusieurs plats africains et asiatiques et il est de plus en plus utilisé dans les pays du Nord. Par ailleurs, les racines, le lait du jeune palmier et l’huile de coco auraient des vertus médicinales. L’arbre est également utilisé comme plante ornementale. Avec sa couronne gracieuse et son tronc légèrement incliné, il symbolise les tropiques.

Variétés et mode de multiplication

Il existerait plus de 400 cultivars traditionnels de cocotier à travers le monde. Deux lignées ancestrales seraient à l’origine de cette richesse variétale. Le type « Niu Kafa » — à fruit allongé, de forme triangulaire, à la bourre épaisse, flottant facilement et à germination lente — se serait disséminé naturellement par les courants marins. Le type « Niu Vai » — à fruit rond, à la bourre plus épaisse, ne flottant pas facilement, précoce et riche en albumen liquide — aurait été cultivé par l’homme et disséminé par la suite par les navigateurs. Des croisements répétés entre ces deux lignées auraient permis la descendance des différents cultivars actuels de cocotier.

On peut classifier de façon simplifiée les variétés en deux grands groupes : le type « Nain » et le type « Grand ». Plus de 95 % de la cocoteraie mondiale appartient au deuxième groupe. Les principaux cultivars sont le « Grand de Malaisie », le « Grand de l’île Rennell », le « Grand du Vanuatu », le « Grand de Jamaïque », le « Grand Ouest Africain » (variété GOA) et le « Grand Est Africain ». Ce type de palmier peut atteindre des hauteurs de 30 mètres, porte de grosses noix, mais ne fructifie qu’à partir de 5 à 7 ans. Le type « Nain » est plus rare et se caractérise par un tronc plus mince, une succession plus rapide d’inflorescences ainsi qu’une meilleure précocité (au bout de deux ans). Parmi les variétés les plus courantes, on peut citer le « Nain jaune de Malaisie », le « Nain Vert du Brésil », le « Nain Jaune Ghana » et le « Nain Vert Guinée Equatoriale ».

Les croisements Nain x Grand (variétés hybrides) permettent de combiner voire d’amplifier les avantages agronomiques de ces deux groupes. Des résultats de recherche en Côte d’Ivoire ont montré que, sur 135 hybrides testés, 35 produisaient 65 % de plus que le cultivar standard « Grand Ouest Africain ». Certains ont même eu des rendements plus de deux fois supérieurs, comme le PB 121 (hybride de « Nain jaune de Malaisie » x « Grand Ouest Africain ») qui a été aussi largement implanté en Asie du Sud-Est. On estime que 15 % de tous les cocotiers plantés au cours de ces dix dernières années sont des variétés hybrides. Parmi eux, on trouve les séries « KB » et « KINA » d’Indonésie, la série « PCA 15 » des Philippines et la série « PB » (comme « PB 121 ») de Côte d’Ivoire.

Les cocotiers sont généralement multipliés par semis. Ils sont élevés en planches de pépinière ou dans des sacs en plastique avec un apport régulier d’engrais. Après une période de 5 à 7 mois, les jeunes plants sont plantés en plein champ.

Noix de coco photoPNG

Maladies et ravageurs

Le cocotier est touché par une multitude de nuisibles, entraînant des dégâts plus ou moins importants. Une des maladies les plus menaçantes pour la production est le jaunissement mortel. Causée par un phytoplasme (bactérie), elle entraîne une dépigmentation des palmes, une chute prématurée des noix, la mort du bourgeon unique et enfin celle du palmier. Le flétrissement du Kerala (nom indien du cocotier) en Inde et le cadang-cadang aux Philippines sont des maladies graves dues à un virus. Les conditions de culture du cocotier sont idéales au développement de certains champignons pathogènes comme Phytophthora palmivora, Ganoderma boninense, Pestalotia palmarum, etc.

Parmi les ravageurs, on trouve de nombreux insectes comme les coléoptères (Oryctes monoceros en Afrique, Promecotheca spp., Brontispa longissimo, Rhynchophorus spp. en Asie et Pacifique). Une lutte biologique avec Bacillus thuringiensis peut être mise en place contre les chenilles (Hidari irava, Latoia pallida, etc.) friandes des jeunes pousses. Les punaises (Pseudotherapus wayi d’Afrique de l’Est et Pseudotherapus devastans d’Afrique équatoriale), qui attaquent les fleurs et les jeunes fruits, peuvent être contrôlées à l’aide de leur pire ennemi naturel : les fourmis tisserandes (Oecophylla longinoda d’Afrique et Oecophylla smaragdina d’Asie et du Pacifique). Il faut aussi prévenir les dégâts de termites en pépinière et sur les jeunes plantations de cocoteraies. Les noix de coco sont en général cueillies directement sur l’arbre afin d’éviter des pertes de production dues aux attaques de rats et aux vols dans les plantations. Dans certains pays, on utilise des cannes en bambou longues de 25 mètres, avec à leur extrémité un couteau permettant de décrocher les régimes mûrs. En Thaïlande, certains paysans utilisent des singes (Macacus nemestrina) qui, une fois dressés, deviennent de véritables ouvriers agricoles puisqu’ils sont capables de récolter jusqu’à mille noix de coco par jour !

coconut packing station F193 p45

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.