Il est très difficile d’avoir une idée précise de la taille du marché de la banane labellisée bio ou bio + Commerce équitable, comme pour tout marché spécifique d’ailleurs. Contrairement aux douanes des États-Unis, celles des différents Etats membres de l’UE ne font pas le distinguo entre banane conventionnelle et banane certifiée bio. Aux États-Unis, qu’on peut considérer comme un mètre étalon, le segment se développe à une vitesse folle. En l’espace de quatre ans, le bio est passé de 4 à 9 % des importations. Le taux de croissance en 2017 sur les huit premiers mois est de 18 % ! On dépassera sans doute les 420 000 tonnes en 2017. L’Équateur est la principale origine sur le marché, suivi loin derrière par le trio Colombie, Mexique et Pérou.
En Europe, on ne peut malheureusement faire que des estimations. Quatre origines constituent la quasi-totalité de l’offre bio : la République dominicaine, le Pérou, l’Équateur et la Colombie. La taille du marché serait de l’ordre de 550 000 à 600 000 tonnes, soit un peu moins de 10 % de la consommation totale. La République dominicaine se taille la part du lion avec une part de marché dépassant les 55 %. A dire d’expert et en toute cohérence avec ce qui se passe aux États-Unis, le marché croît de plus de 10 % par an.
Côté valorisation, là encore difficile de se faire une opinion définitive tant les données sont rares et très partielles. En France, les données du RNM montrent une réduction continue de l’écart au stade détail. En moins de dix ans, l’écart de prix avec le conventionnel (et/ou bio + Commerce équitable) a été divisé d’un tiers, passant de 79 centimes d’euro/kg en 2010 à 50 centimes en 2017 (provisoire). Il n’est pas rare de trouver désormais des niveaux de prix de détail équivalents en période de forte pression des volumes, notamment en provenance de République dominicaine.
On comprend aussi mieux pourquoi les producteurs français ont fortement mis en cause la labellisation bio pour les fruits en provenance de pays tiers. Ces fruits profitent de la confiance et de la notoriété du bio sans toujours se conformer, et c’est ce que les producteurs français déplorent, aux règles très strictes de ce label (discussion autour de la notion de conformité et d’équivalence au cahier des charges). En effet, les producteurs français, qui sont soumis à une réglementation de plus en plus restrictive quant à l’utilisation des pesticides et des méthodes de traitement, ont des difficultés à valoriser commercialement la nature foncièrement durable de leur production.
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