L’analyse des flux comptabilisés par Eurostat montre une appétence record des Britanniques pour la banane à cuire de type plantain.
Faire passer des vessies pour des lanternes, ce n’est pas nouveau. C’est, dans tous les cas, l’appât d’un gain supérieur qui fait franchir la ligne rouge. Au regard des sommes en jeu, on peut se poser la question dans le cas de la banane plantain au Royaume-Uni en 2016.
Les importations européennes de plantain sont relativement stables depuis des années. Depuis 2012, les 28 importent entre 73 000 et 86 000 t de ce légume-fruit. Surprise en 2016 lorsque ce montant a bondi de 53 % pour atteindre 131 000 t ! Et c’est la Colombie, elle qui se partage le marché avec l’Équateur, qui fait des étincelles. L’origine latino-américaine a, en effet, doublé ses exportations de plantain vers l’UE. Bizarre, bizarre car, dans le même temps, les douanes colombiennes restent stoïques et annoncent un chiffre comparable à celui des années précédentes.
A y regarder de plus près, il s’avère que c’est le Royaume-Uni qui a importé ce surplus de banane plantain et cela durant le 1er semestre 2016. Banane dessert et banane plantain, bonnet blanc et blanc bonnet. Pourquoi couper les cheveux en quatre pour quelques milliers de tonnes ? Eh bien parce qu’aux yeux de la réglementation douanière, les choses sont très différentes. En 2016, la banane dessert en provenance de Colombie devait acquitter un droit de douane de 103 euros/tonne, alors que la banane plantain rentre à droit nul.
En fin de compte, l’addition est salée puisqu’elle atteint 4.7 millions d’euros. Il ne s’agit sans doute que d’une erreur de déclaration en douane. On ne peut pas demander à tous les douaniers de distinguer une banane dessert d’une banane à cuire. Aussi, pour faciliter le travail des importateurs, des transitaires et des services de sa Gracieuse Majesté, on rappellera, et cela gratuitement, les codes douaniers :
- Banane dessert : 08 03 90 10
- Banane plantain : 08 03 10 10
Pour les 4.7 millions d’euros, le négociateur en chef du Brexit n’aura qu’à ajouter cela à la facture de 40 à 60 milliards d’euros que l’UE demande au Royaume-Uni.
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