Pommes de l’hémisphère Sud

  • Publié le 19/05/2017 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°248 , Page 14 à 18
  • Gratuit

Adopter la bonne tactique

Les prévisions de récolte faites par les différentes organisations professionnelles font état d’une augmentation globale de la production de l’hémisphère Sud. Elle pourrait se situer autour de + 4 % à + 10 % par rapport à 2016 selon les sources (5.2 millions de tonnes selon les chiffres de WAPA). Les situations sont toutefois très différentes selon les origines. L’Argentine rencontre de graves difficultés, ainsi que le  Brésil mais dans une moindre mesure. L’Afrique du Sud et le Chili maintiennent leurs positions grâce à la diversification de leur portefeuille de clientèle et à l’évolution de leur gamme. Mais c’est surtout la Nouvelle-Zélande qui tire son épingle du jeu ces dernières années, grâce au marché asiatique qui lui a permis de développer sa production, même si la croissance commence également à ralentir.

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Certains sont encore en plein rebond

Les très bons retours de ces dernières années ont permis aux producteurs de Nouvelle-Zélande de continuer d’investir dans la plantation de variétés modernes destinées, entre autres, aux marchés asiatiques. La surface plantée augmenterait cette année encore de 4 % par rapport à 2016, pour atteindre 9 500 ha. L’année dernière, la production a dépassé 540 000 t grâce à des conditions climatiques favorables et malgré une alternance de production négative, alors que les nouveaux vergers n’étaient pas encore à maturité. Les exportations ont suivi la même tendance (+ 5 % en 2016), notamment grâce à l’amélioration qualitative de la production qui permet d’atteindre un pourcentage plus élevé de produits correspondant aux standards d’exportation. Les envois ont augmenté à destination des États-Unis, où l’origine a signé en 2016 une très belle performance (48 000 t, soit + 52 %), et de Taïwan (32 000 t, soit + 45 %). En revanche, ils se sont tout juste maintenus vers le marché européen (117 000 t) et auraient même reculé vers le Moyen-Orient (- 5 % pour les Emirats Arabes Unis) et vers l’Asie (- 39 % pour la Thaïlande, - 11 % pour l’Inde et - 8 % pour Hong-Kong).

Les surfaces ont également progressé en Afrique du Sud ces dernières années (24 000 ha), mais la croissance est désormais moins marquée (+ 1 % par rapport à 2016). Toutefois, le potentiel de production est en hausse (980 000 t, soit + 3 % sur 2016 et + 13 % sur la moyenne des 3 dernières années), grâce à l’entrée en production de jeunes vergers et à des conditions climatiques assez favorables, même si l’origine fait face à une sécheresse récurrente. Les exportations ont encore progressé l’an dernier (+ 3 % en 2016), compte tenu des disponibilités, de la faiblesse du rand et d’une forte demande des autres pays africains. Cependant, les tonnages ont reculé à destination de l’Europe (- 8 %), mais restent encore proches de 100 000 t, et ils stagnent vers la Russie, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est.

Les surfaces se sont effritées au Chili avec le transfert des parcelles ayant les plus faibles rendements vers d’autres cultures comme la cerise. La baisse devrait être amortie cette année (- 1 % sur 2016 et - 4 % sur la moyenne des 3 dernières années). La production peine donc à passer les 1.67 million de tonnes et les exportations sont actuellement en deçà du seuil de 700 000 t. Les quantités exportées ont de nouveau progressé l’an dernier vers l’Europe (124 600 t, soit + 12 % sur 2015) et vers les États-Unis (105 700 t, soit + 35 %), mais sans revenir aux niveaux antérieurs. La croissance est plus ralentie vers le Moyen-Orient ou l’Asie du Sud-Est, même si certains pays comme l’Arabie saoudite ou l’Inde sont encore très demandeurs. Par ailleurs, les envois vers les pays voisins d’Amérique du Sud stagnent.

D’autres sont déjà un peu sur la touche

Ces dernières années, la situation s’est surtout dégradée au Brésil et en Argentine, dont les secteurs fruitiers ont régulièrement perdu en compétitivité sur les marchés internationaux depuis 2007. La situation économique s’est aggravée d’année en année pour les producteurs, à mesure que les coûts de production continuaient d’augmenter et que les revenus diminuaient.

En Argentine, l’inflation galopante du coût de la main d’œuvre (20 à 30 % par an) et un peso relativement peu compétitif ont ainsi considérablement pesé sur les prix. La baisse de rentabilité du secteur a entraîné un recul progressif des superficies plantées (21 500 ha en 2017, soit - 2 % sur 2016), notamment dans la principale région fruitière du Rio Negro et dans les provinces de Neuquen et San Juan. Dans la province de Mendoza, les terres traditionnellement utilisées pour la production de pomme ont été converties vers le raisin de cuve et d’autres cultures plus rentables. Les petits producteurs ont bien sûr été les plus touchés, certains ayant dû vendre leurs plantations à des producteurs plus importants ou à des conditionneurs/exportateurs. Toutefois, lorsque les plantations étaient en mauvais état phytosanitaire ou que les rendements étaient insuffisants en raison du manque de ressources financières pour mettre en œuvre des traitements phytosanitaires (environ 30 à 40 % des plantations totales n’ont pas été élaguées en 2016, en particulier les pommiers), les terres ont été rachetées par des projets immobiliers. Même les grandes entreprises doivent réduire leurs infrastructures. L’origine est également délaissée par les investisseurs étrangers, découragés par les pertes économiques. Les exportations de pomme d’Argentine ne cessent de baisser et ont atteint leur plus bas niveau en 2016 (100 000 t, soit - 19 % sur 2015), avec seulement 14 300 t à destination de l’Europe (120 000 t en 2005), le reste se répartissant entre l’Amérique du Sud (Brésil, Paraguay), la Russie et les États-Unis.

Au Brésil, les surfaces continuent de baisser (34 000 ha, soit - 2 % sur 2016) en raison des difficultés économiques (moindres retours et hausse des coûts de production, marché européen saturé) et des conditions climatiques sévères de ces dernières années. Ainsi, les producteurs ont encore arraché de vieux vergers dont les rendements étaient faibles pour planter d’autres cultures. De même, les exportations ont fortement reculé en 2016, compte tenu d’un déficit en production et de la faiblesse du calibrage. Elles sont tombées à 30 000 t (- 49 % sur 2015), la moitié à destination du marché européen (16 700 t, soit - 53 %, contre 122 900 t en 2003) et 30 % livrées au Bangladesh, 2e destination désormais des pommes brésiliennes. Un peu moins de 10 % des tonnages ont été absorbés par le marché russe.

Mais dans tous les cas, ça matche mieux si on a une bonne pomme !

Dans ce contexte concurrentiel, les pays qui se sont maintenus sont surtout ceux qui ont fait le bon choix variétal au bon moment, plutôt que ceux qui étaient compétitifs, cette notion étant trop volatile. La dynamique est notamment forte en Nouvelle-Zélande, où le verger est encore dominé par la variété Gala (30 % des tonnages). Les surfaces de cette variété se maintiennent grâce à un renouvellement avec des clones très colorés et toute une gamme de variétés a été déployée ces dernières années, comme la Jazz qui représente 9 % du verger néozélandais et la Cripps en progression significative (6 %). Mais la hausse des surfaces est surtout liée à la plantation de la gamme Pacific (11 %), notamment de Pacific Queen qui est la variété actuellement la plus plantée avec Envy. D’autres variétés comme Aztèque, Fuji Supreme, Kiku et Candy remplacent peu à peu la traditionnelle Fuji. De nouveaux cultivars tels que Smitten, Plumac (marque Koru), Sweetango, Ambrosia et Kansi sont également plantés.

Le verger sud-africain se distingue par une gamme atypique dominée par la Golden (24 % de la production), qui reste la première variété plantée par les producteurs devant Granny (18 % des tonnages). On trouve aussi des bicolores comme Gala (16 %), Cripps Pink (10 %), Cripps Red (3 %), Fuji (9 %), Braeburn (3 %) et des variétés club comme Kanzi ou Jazz.

Le renouvellement du verger chilien, ces dernières années, a conduit à une modification progressive de la gamme, dominée désormais par les bicolores avec en tête Gala (54 % des volumes contre 30 % il y a dix ans) et Cripps Pink (9 % contre 4 %), tandis que la part des Granny est tombée à 10 % et celle des rouges à 14 %. Les nouvelles plantations concernent surtout des clones de ces bicolores avec pour objectif d’étaler la période de production.

En revanche, le verger argentin a, jusqu’à présent, peu évolué avec une prédominance des variétés rouges dans l’assortiment (55 % de la production), loin devant Granny (18 %) et Gala (14 %). De même, la gamme brésilienne demeure centrée sur deux variétés emblématiques : Gala (55 % de la production) et Fuji (40 %). Les autres variétés ne représentent que 6 % des volumes, avec toutefois la plantation de Eva ces dernières années.

pommes - hemisphere sud - exportations
pommes - hemisphere sud - exportations
pommes - hemisphere sud - production
pommes - hemisphere sud - production

L’espoir d’une petite reprise en 2017

Les perspectives pour la campagne 2017 sont un peu plus souriantes que les années passées, avec un stock de pomme au niveau européen au 01/03/2017 un peu inférieur à celui de l’année dernière (2.83 millions de tonnes, soit - 3 % sur 2016) et un potentiel de production d’un bon niveau pour la plupart des origines de l’hémisphère Sud, y compris pour le Brésil qui devrait revenir en production. Notons également que l’hémorragie semble enrayée sur le marché européen, après la forte baisse de ces dernières années (- 4 % par rapport à 2015, contre - 15 à - 20 % les années antérieures). Toutefois, si les premiers volumes sont arrivés en Europe fin mars, le démarrage de la commercialisation risque d’être un peu lent, comme l’an dernier où le marché ne s’était réellement reporté vers les origines de l’hémisphère Sud qu’à partir de mi-mai. De même, le basculement a été tardif en Granny l’année dernière, avec un intérêt plus marqué seulement à partir de juin. En revanche, la campagne de Pink Lady débute pour l’instant toujours vers la même période, avec la fin de la campagne européenne mi-mai. Ainsi, les exportateurs néo-zélandais espèrent pouvoir augmenter leurs envois du fait d’une récolte en hausse de 6 % par rapport à 2016 (572 000 t), mais encore faudra-t-il trouver le débouché. Les exportations sud-africaines pourraient progresser de 2 à 4 % en 2017 selon les sources, pour se situer autour de  435 000 t. Les producteurs chiliens anticipent une belle récolte (1 675 000 t, soit + 2 % sur 2016), mais des incertitudes planent toujours sur le niveau des envois selon les sources (entre 659 000 t et 750 000 t). Les exportations d’Argentine devraient rester très affectées par les difficultés économiques et au mieux remonter de 2 %, voire jusqu’à 10 % selon les sources, soit entre 100 000 et 110 000 t. Les producteurs brésiliens espèrent pouvoir renouer avec le niveau de 2015, soit environ 60 000 t

pommes - UE - stock au 1 mars
pommes - UE - stock au 1 mars

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