Principalement concentré dans le sud-est de l’état, le secteur avocatier du Jalisco a mis en place le cinquième verger mondial de Hass en à peine plus de dix ans. La région dispose de nombreux atouts, au premier rang desquels figure le calendrier de commercialisation de sa variété phare, le Hass Mendez, qui lui permet de profiter d’une fenêtre commerciale estivale très ouverte et lucrative. L’autorisation d’exporter vers les États-Unis obtenue en mai 2016 et les importantes réserves foncières bien adaptées à la culture devraient encore renforcer une dynamique de plantation déjà très affirmée.
Les 17 000 ha de jeunes vergers se concentrent principalement dans le sud-est de l’état. Environ 85 % des plantations se trouvent autour de Ciudad Guzmán, dans un rayon d’environ 50 km. Les principaux pôles de culture sont situés à l’ouest (Zapotitlán, San Gabriel, Tapalpa, etc.), au nord (Sayula, Gómez Farías, etc.) et à l’est (Concepción, Mazamitla, etc.). Les plantations s’échelonnent entre 1 200 et 2 500 m, le Mendez étant généralement planté sur les étages les plus bas (1 200 à 1 800 m). Dans la plupart des zones, les sols sont d’origine volcanique et présentent de très bonnes aptitudes pour la culture de l’avocat (texture sableuse et richesse en matière organique). Ils peuvent être plus argileux et moins propices dans certaines parties de l’état (Sayula). Les structures de production sont d’une taille supérieure à celles du Michoacán (de l’ordre de 8 à 10 ha) et leur niveau de technicité est plus élevé. Ainsi, près des trois quarts des vergers sont irrigués, permettant d’atteindre des rendements compris entre 15 et 25 t/ha (moyenne de l’ordre de 18 t/ha). L’Association des Producteurs Exportateurs d’Avocats du Jalisco (APEAJAL) fédère l’essentiel des 1 300 producteurs de la région.
A la différence du Michoacán, l’avocat n’est pas une production traditionnelle du Jalisco, dont le secteur agricole est plutôt tourné vers les cultures industrielles (canne à sucre, agave, maïs) ou certaines spécialités horticoles comme la tomate. Les tout premiers vergers commerciaux d’avocat ont été mis en place par deux groupes agricoles régionaux au début des années 1980. Après une période de relative stabilité, les plantations ont connu un premier essor vers le milieu de la dernière décennie, avec l’installation de producteurs du Michoacán cherchant à compenser leur manque de production durant l’été en implantant un clone précoce (le Mendez) dans des zones plus chaudes. Les surfaces sont passées de moins de 1 000 ha en 2004 à environ 17 000 ha en 2016, l’avocat se substituant à des plantations de canne à sucre ou d’agave, ou à des prairies et des forêts primaires de pins. La croissance, déjà extrêmement soutenue ces dernières années (d’environ 1 000 à 2 000 ha/an), devrait encore s’accélérer avec les fortes perspectives commerciales liées à l’ouverture du marché des États-Unis. Le climat politique est plus propice aux investissements que celui du Michoacán voisin et les réserves foncières restent importantes, même si les meilleures terres sont déjà occupées et que la concurrence d’autres cultures à haute valeur ajoutée comme la myrtille est significative.
Le Mendez, cultivar précoce de Hass, est l’atout majeur du Jalisco. Sa récolte peut démarrer début juin dans les zones basses les plus chaudes (août à octobre pour les zones où l’altitude est supérieure). Cette variété représenterait environ 40 à 50 % de la production. Le reste du verger est constitué de Hass, les plantations étant essentiellement concentrées dans les zones les plus élevées.
Les exportations se sont rapidement développées ces dernières années, pour atteindre un niveau de l’ordre de 50 000 t en 2015-16. Jusque-là, elles étaient principalement destinées aux marchés japonais, canadien et européen. L’autorisation d’entrée aux États-Unis, dont le décret officiel a été divulgué fin mai 2016 et qui devrait prendre effet durant l’été, devrait à la fois provoquer un net accroissement des volumes exportés et une réorientation vers ce marché facile à travailler de par sa proximité et plus flexible que le Japon ou l’Europe en termes de calibre ou d’aspect des fruits. Les 5 700 à 6 000 ha accrédités par l’USDA devraient permettre d’expédier entre 45 000 et 50 000 t vers cette destination dès la campagne 2016-17. Une quinzaine de stations de conditionnement sont en activité, dont une à capitaux américains (Calavo).
La majeure partie de la production est écoulée en frais sur le marché local, où la variété Mendez permet de profiter des prix soutenus pratiqués de juin à août durant le creux de production du Michoacán (25 à 30 pesos/kg au stade de gros, contre 15 à 20 pesos en début d’année). Toutefois, l’export tend à fortement monter en puissance. Une huilerie a été mise en place en 2015 dans le sud de l’état (Mevi avocados qui achète environ 600 t/semaine pour la transformation selon la presse locale).
Les fruits destinés au marché japonais sont acheminés par camions jusqu’au port de Manzanillo, situé à moins de 200 km sur la côte Pacifique (2 heures de trajet). Le transport maritime est d’une petite vingtaine de jours. L’Europe est desservie depuis la côte Atlantique via le port d’Altamira distant d’environ 900 km (environ 11 heures de trajet). La desserte maritime prend environ 20 à 25 jours pour gagner les ports du Nord. Les exportations vers le Canada se font par la route (plus de 4 000 km, environ 5 jours de trajet). Le marché des États-Unis sera lui aussi desservi par la route (une vingtaine d’heures jusqu’à la frontière texane).
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