Kiwi de l’hémisphère Sud

  • Publié le 12/06/2016 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
  • FruiTrop n°241 , Page 41 à 43
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Des investissements qui vont payer

La dynamique est repartie de plus belle en kiwi, après le coup d’arrêt porté par le Psa à la production de l’hémisphère Sud. Et même si la bactérie infecte toujours une grande partie du verger, son impact sur la production est réduit par les mesures de prophylaxie prises en amont. Il est d’autant plus faible en Nouvelle-Zélande que les variétés plantées sont résistantes, permettant le redéploiement des surfaces, qui, en revanche, ne sont pas encore stabilisées au Chili.

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Une reprise confirmée

L’année 2015 a confirmé le renouveau de la production de l’hémisphère Sud, après deux années de forte baisse due au Psa ( Pseudomonas syringae pv. Actinidiae) et aux gelées de 2013 au Chili. La production aurait même atteint un niveau record de près de 650 000 t (+ 46 % par rapport à 2014), bien au-delà des 618 000 t récoltées en 2010. Les exportations ont également rebondi de 43 %, franchissant un nouveau seuil à 639 000 t. La hausse a été sensible sur le marché européen (+ 33 %), sans toutefois revenir aux près de 300 000 t de 2008 (200 000 t pour la Nouvelle-Zélande et 100 000 t pour le Chili). Elle a été encore plus marquée sur le marché américain (+ 53 %), où les tonnages sont aussi élevés qu’en 2012. De même, les envois à destination de la Russie ont été supérieurs de 45 %, la Nouvelle-Zélande étant en repli ces deux dernières années en raison du retour du Chili qui maintient ses parts de marché sur ce débouché. Les envois continuent de progresser régulièrement vers l’Asie (+ 39 %), avec le déploiement de la Nouvelle-Zélande vers ces destinations de proximité et le retour du Chili à des niveaux proches de ceux atteints avant les gelées. Cette dernière origine a également repris des parts de marché en Amérique latine et au Moyen-Orient, mais les tonnages étaient encore un peu inférieurs à ceux des années précédentes.

kiwi - hemisphere sud - exports
kiwi - hemisphere sud - exports

Un gros capital confiance en Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande confirme la très bonne santé de sa filière, dopée par les nouvelles variétés, notamment le SunGold de Zespri. Ainsi, après avoir atteint son plus bas niveau en 2013 (361 000 t), la production néo-zélandaise a littéralement explosé lors de la dernière campagne (475 000 t, soit + 30 % sur 2014) pour dépasser le niveau d’avant le Psa (435 000 t en 2010). Celui-ci est toujours bien présent dans les vergers néo-zélandais, mais toutes les nouvelles variétés sont désormais résistantes, y compris les kiwis verts. Les producteurs ont appris à vivre avec cette menace. Les méthodes de contrôle sont bien maîtrisées et appliquées par les producteurs pour ne pas le propager. Ils sont particulièrement vigilants pour repérer les symptômes désormais bien connus de la maladie et couper immédiatement les sections infectées. Les pulvérisations de cuivre sont autorisées à de faibles taux et de préférence avant la pluie, sur des coupes d’élagage qui ne doivent jamais être faites dans des conditions humides.

L’augmentation de la production concerne essentiellement le kiwi jaune. Les bons résultats des deux dernières campagnes ont redonné confiance aux producteurs. Les plantations ont été massives la saison dernière, ce qui, additionné au surgreffage du Hort 16, porte le total à 4 800 ha de kiwi jaune, soit 36 % du verger total de kiwi. Elles devraient se poursuivre sur un bon rythme dans les années à venir puisque Zespri a pris la décision, devant la très forte demande, d’autoriser la plantation de 400 ha supplémentaires à partir de cette année jusqu’en 2019. Le potentiel en vert s’est également redéployé, l’augmentation des rendements ayant permis de franchir à nouveau la barre des 300 000 t à l’export en 2015, tandis que les exportations de kiwi jaune ont dépassé les 100 000 t. L’objectif à terme est d’arriver à un équilibre entre kiwis vert et jaune de 50/50, qui pourrait être atteint après 2020. Ainsi, la production néo-zélandaise couvre aujourd’hui plus de 12 000 ha déjà en production et plus de 13 000 ha plantés, soit un potentiel qui devrait encore augmenter pour atteindre rapidement plus de 570 000 t dès 2018. La filière poursuit, par ailleurs, ses essais variétaux. Environ 100 000 plants différents sont actuellement évalués. Une nouvelle variété à chair rouge est au stade d’essais pré-commerciaux chez Zespri.

Des efforts qui finiront par porter leurs fruits au Chili

La production n’est pas encore stabilisée au Chili. Après avoir régulièrement augmenté jusqu’en 2012 (11 900 ha), les surfaces sont en recul depuis maintenant trois ans (9 700 ha en 2015), entre les arrachages liés au Psa et les difficultés économiques. Pourtant, la production est revenue autour de 180 000 t lors de la dernière campagne, après les gelées de la fin de l’année 2013 qui avaient réduit de plus de moitié le potentiel. Cependant, elle n’a pas retrouvé son niveau antérieur du fait des séquelles de cet épisode gélif et du Psa (220 000 t en 2012). Celui-ci affecte aujourd’hui au moins 20 % du territoire chilien, dont 15 % des surfaces en variétés vertes et 40 % en variétés jaunes, qui y sont plus sensibles, notamment la variété Kiss. Toutefois, les kiwis jaunes ne totalisent pas plus de 800 ha, dont la moitié de Jintao (Jin Gold). Ainsi, le choix des zones de production est déterminant pour les producteurs qui souhaitent développer ce créneau : le nord du pays et les zones côtières sont recommandés, dans la mesure où les conditions climatiques y sont moins favorables au Psa. Des mesures de prophylaxie ont bien été mises en place pour éviter sa propagation, mais les contrôles démontrent qu’elles sont encore insuffisamment appliquées pour l’instant. Outre les mesures prises au champ (pédiluve, surveillance, taille et nettoyage des outils), il est notamment conseillé aux producteurs d’être vigilants lors de l’expédition des fruits, d’exclure tout débris végétal et de couvrir les chargements. De même, des protocoles stricts de désinfection ont été établis en station pour le lavage des bacs, ainsi que pour la destruction des déchets végétaux issus du conditionnement. En outre, le Comité chilien du kiwi, qui suit la bonne application de ces mesures, a également travaillé cette année à l’élévation globale du niveau qualitatif de la production, avec l’établissement d’une valeur minimale de 14.5 % de matière sèche à la récolte, pour faire face à la concurrence néo-zélandaise sur les marchés export.

kiwi - hemisphere sud - exports en 2015
kiwi - hemisphere sud - exports en 2015

De bons volumes attendus cette campagne

La stabilisation du verger après l’épisode du Psa laisse présager un développement du potentiel dans les années à venir. Cette année, il devrait être similaire au bon niveau déjà récolté l’an dernier. Le potentiel chilien s’annonce légèrement déficitaire de 10 % (165 000 t, contre 183 000 t en 2015), à cause d’un automne où les heures de froid ont fait défaut, ce qui a affecté la floraison, et d’un printemps humide suivi d’un été chaud. La production néo-zélandaise devrait, elle, de nouveau approcher voire dépasser les 480 000 t.

Ainsi, les quantités exportées devraient être au minimum assez similaires à celles de l’an dernier. Zespri annonce un potentiel export au moins équivalent au précédent, avec des volumes peut-être un peu inférieurs en vert, entre 280 000 et 300 000 t, mais nettement supérieurs en jaune. Fait marquant de cette campagne, le premier bateau en provenance de Nouvelle-Zélande, qui a accosté fin avril à Zeebrugge, ne contenait que des kiwis jaunes, les premiers kiwis verts n’arrivant qu’à la mi-mai. Cependant, l’origine pense terminer la campagne de Sungold vers mi-septembre. En revanche, la partie s’annonce particulièrement complexe pour le Chili, dont la campagne a débuté mi-mars. En effet, la pénétration du marché européen devient de plus en plus difficile pour cette origine, confrontée aux productions locales présentes de plus en plus tardivement et à la concurrence accrue de la Nouvelle-Zélande non seulement sur le vieux continent mais également en Asie. Les opérateurs espèrent cependant pouvoir capitaliser sur le niveau qualitatif de la production, avec un calibre supérieur à celui de l’an dernier et un taux de matière sèche plus élevé pour respecter les nouveaux critères de maturité fixés par le Comité chilien du kiwi

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