Banane : l’effet de l’inflation

  • Publié le 9/04/2018 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°254 , Page 76 à 77
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Banane L’effet de l’inflation

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Prix d'import de la banane

Un calcul trop rapide nous dit que le prix import de la banane en Europe a augmenté de 4 % entre 2007 et 2017. Il faut savoir que depuis des décennies, les sociétés occidentales vivent avec une inflation basse, voire très basse. L’économie européenne frisant même la déflation, les banques centrales ont réinjecté massivement des liquidités dans le système. Depuis 2013, en France, le taux général d’inflation varie entre 0.09 % (2015) et 1.11 % (2017 provisoire). Pour compenser a minima cette inflation sur dix ans et donc conserver la même valeur à un produit, il faut que son prix augmente d’au moins 13.3 %. Si ce n’est pas le cas, le prix obtenu de la vente du produit en question, un kilo de banane dans notre cas, ne permet plus d’acheter la même quantité de biens qu’auparavant (toutes choses égales par ailleurs). C’est toute la différence entre un prix en euro courant (non déflaté) et un prix en euro constant (déflaté).

Pour le dire autrement, le pouvoir d’achat d’un kilo de banane baisse si son prix n’augmente pas au moins au même rythme que l’inflation. Si l’on prend maintenant en compte l’inflation dans le seul secteur des fruits frais, la sanction est encore plus lourde car ce segment de la consommation affiche une inflation beaucoup plus importante qu’ailleurs. Entre 2013 et 2017 (provisoire), les prix des fruits frais ont glissé de 5.5 % et depuis 2007 de 22.8 %.

Comparons donc maintenant le prix d’un kilo de banane au stade import et au stade de détail en France hors et avec inflation. La conclusion est sans appel. Le pouvoir d’achat d’un kilo de banane au stade import a dévissé en dix ans de 8 % par rapport à l’inflation tous secteurs confondus et de 15 % par rapport au seul secteur des fruits frais.

Prix de détail de la banane

La situation est différente pour le prix de détail. A partir des relevés de prix du Réseau des Nouvelles des Marchés (RNM - service du ministère français de l’Agriculture), on est en capacité de suivre le prix moyen de détail non pondéré en France. Toujours sur la même période 2007-2017, le prix de détail en euro courant a grimpé de 15 %. Il a baissé en euro constant de 6 % par rapport aux autres fruits frais, mais a augmenté de 2 % par rapport à l’indice général de la consommation.

On peut donc conclure aisément que le kilo de banane a perdu moins vite de sa valeur au stade détail qu’au stade import. Il en a même pris un peu (+ 2 %) au regard de l’indice général. De là à penser que le maillon distributeur a protégé ses marges, il n’y a qu’un pas qu’il serait toutefois trop facile de franchir. En effet, les structures de coûts et les gains ou pertes de productivité sont différents selon que l’on est au stade import ou au stade de la distribution finale. Il faudrait donc voir plus loin que le simple prix. La tâche est ardue et il n’y a que très peu d’informations en libre accès. Aussi étudions l’évolution du coût de production. Le CIRAD a développé depuis quelques années un indice qui reste incomplet (salaires non pris en compte pour l’instant), mais qui donne tout de même quelques indications précieuses. Sur les dernières années, si les prix en euro courant n’ont augmenté que très modérément (et ont baissé en euro constant), l’indice des coûts est resté très élevé jusqu’en 2014 avant le reflux violent des prix du pétrole. L’indice a touché un point bas en 2016 à 91 (base 100 en 2007) pour remonter de 7 points d’indice en 2017. Finalement sur dix ans, entre 2007 et 2017, l’indice des coûts s’est resserré de 3 %. Rappelons que sur la période, le prix import en France s’est, quant à lui, contracté de 8 à 15 % selon l’indice des prix retenu.

Même si les indices convergent vers une perte de valeur ajoutée dans la filière, tout au moins au stade importation, on ne peut pas en tirer de conclusion définitive. En effet, des zones d’ombre subsistent comme l’évolution du coût du travail, qui dans tous les cas n’a pas baissé quelle que soit la zone de production, ou encore la productivité qui semble quant à elle avoir augmenté, mais de combien ?

La période de négociations qui va s’ouvrir sur la reprise de la dégressivité du droit de douane à l’entrée dans l’UE verra s’accumuler les études. Espérons qu’elles puissent répondre aux questions que nous venons de soulever 

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