Banane : origines dollar et taux de change

  • Publié le 9/03/2018 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°254 , Page 78 à 79
  • Gratuit

La Colombie remporte la mise

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La déprime parmi les opérateurs amont, engendrée par la baisse des cours de la banane, contraste avec le fait que pas grand-chose ne change lorsqu’il s’agit d’investir en production. L’année 2018 mettra peut-être fin au développement des surfaces et des rendements mais, pour l’instant, la planète Banane ne désarme pas. La plupart des origines battent des records à l’exportation. Les projections de volume exporté pour l’Équateur montrent une nouvelle année record à près de 250 millions de cartons (données provisoires). Le Honduras annonce de même une année record à plus de 500 millions USD de recettes à l’exportation. Le Nicaragua est aussi sur un niveau record. Le Panama, via Del Monte, a annoncé fin novembre 2017 la relance de son secteur productif. Le Costa Rica est en chemin pour battre un record historique pour la deuxième année consécutive : 55 millions de caisses exportées à fin octobre. Cela sera sans doute aussi le cas pour la Colombie avec plus de 92 millions de caisses exportées à fin novembre. On connaît aussi le développement phénoménal des exportations du Guatemala, qui a pris le leadership aux États-Unis en écrasant la concurrence et qui débarque de plus en plus en Europe. Côté Afrique, si le Cameroun est en dedans, la Côte d’Ivoire et le Ghana battent chaque mois des records absolus. La machine est en marche et rien ne semble la freiner. Si ce phénomène est en grande partie une fuite en avant – où l’on se dit que si on ne développe pas l’offre soi-même, le voisin le fera – il y a aussi des raisons plus objectives.

Une des explications à ce mouvement est la recherche permanente des zones où les coûts de production sont les plus bas. Cela s’accompagne d’ailleurs souvent d’exigences sociales et environnementales que l’on pourra qualifier pudiquement d’extrêmement basiques. C’est le cas des projets en Amérique centrale. Une autre explication vient de facteurs externes au secteur de la banane, comme le taux de change. En effet, une traduction en monnaie nationale du prix import européen, auquel on a enlevé le droit de douane, montre que parmi les trois grands fournisseurs que sont l’Équateur, la Colombie et le Costa Rica, il y a clairement des gagnants et des perdants. Sous le seul et unique effet de leur taux de change vis-à-vis de l’euro, en 2017 les exportateurs colombiens ont engrangé 25 % de plus en monnaie locale que leurs vis-à-vis équatoriens et 16 % de plus que les costariciens. Depuis 2006 et l’abandon par l’UE du régime contingentaire pour aller vers un régime tarifaire (droit de douane), la Colombie est passée d’un indice 100 à 147 en 2017. Dans le même temps, le Costa Rica et l’Équateur sont passés respectivement à 126 et 118. La récente remontée de l’euro face au dollar devrait redonner un peu de souffle à l’Équateur et au Costa Rica.

Là encore, comme dans le cas de l’influence du taux d’inflation en Europe sur la création ou la destruction de valeur ajoutée (cf. encadré inflation), il faut aller plus loin et prendre en compte la structure de coûts en passant en revue les facteurs de production exposés aux variations de change et ceux produits localement donc en monnaie locale. Il faut aussi prendre en compte l’inflation dans les pays producteurs, réduisant ainsi le « plus » tiré du marché européen. On comprendra aussi la position du Costa Rica qui devient, de proche en proche, un pays où le coût de production grimpe. Il n’est sans doute pas loin de penser qu’un marché européen organisé serait plus rémunérateur pour lui qu’un marché totalement dérégulé sur lequel ses opérateurs n’auraient plus aucun avantage comparatif. Ce serait un drôle de revirement de situation et un basculement des alliances intéressant pour les défenseurs d’un marché encore régulé et qui devront le faire savoir lors de la révision en 2018 et 2019 de la politique d’approvisionnement du marché bananier européen.

banane - europe - prix import en monnaie locale
banane - europe - prix import en monnaie locale

 

banane - UE - droits de douane pays tiers
banane - UE - droits de douane pays tiers

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