Le mois d’ avril a été marqué par la fin prématurée de la campagne péruvienne, dont les livraisons dominaient largement l’approvisionnement européen depuis le début de l’année. Au cours de la semaine 11, des pluies torrentielles se sont abattues sur le Pérou, entraînant de très importants dégâts matériels et causant la mort de plusieurs personnes. La dégradation des voies de communication mettait fin aux possibilités d’exportation des mangues par bateau. Par ailleurs, les volumes livrés s’amenuisaient déjà, la campagne ayant démarré précocement. Le Brésil compensait partiellement la réduction de l’offre péruvienne alors que la demande pour les fêtes de Pâques s’amplifiait. Il en résultait le maintien de prix à un niveau élevé et durable, en dépit d’une dégradation qualitative des produits. Le phénomène s’accentuait après Pâques en raison de la baisse des volumes importés, la campagne ouest-africaine ne faisant que commencer. Quelques conteneurs d’Amélie de Côte d’Ivoire étaient réceptionnés et s’écoulaient dans de bonnes conditions dans ce contexte de sous-approvisionnement.
Le marché avion est resté assez actif, les prix étant soutenus en première quinzaine avec les fêtes de Pâques. Les cours des derniers lots du Pérou demeuraient très élevés, les mangues d’Afrique se vendant à des prix inférieurs selon les variétés proposées et la qualité des fruits, globalement peu colorés et d’un stade de maturité parfois insuffisant. Les Kent restaient les plus recherchées et les mieux valorisées.
En mai, l’approvisionnement basculait avec la fin de campagne du Pérou et le démarrage tardif des origines d’Afrique de l’Ouest. En première quinzaine, la demande était encore active et les quantités disponibles limitées, permettant aux cours de se maintenir à un niveau élevé pour les fruits brésiliens et de Côte d’Ivoire. Dès la deuxième semaine du mois, des mouvements de mutinerie en Côte d’Ivoire ont perturbé fortement le transport des mangues de la région de production, située au nord, au port d’Abidjan au sud. Ces évènements étaient aggravés par des pannes d’engins de chargement sur l’un des terminaux fruitiers du port. Les « fenêtres d’accostage » s’en trouvaient perturbées, entraînant le stockage plus ou moins long et dans des conditions plus ou moins satisfaisantes de nombreux conteneurs. Le retour au calme et la réparation des engins permettaient la reprise progressive du transport maritime, alors que les sociétés d’exportation clôturaient leurs expéditions. Dix à quinze jours plus tard, la crise se déplaçait vers les marchés européens où la réception de nombreux conteneurs en avarie ou présentant des fruits de qualité dégradée pénalisait fortement et durablement les ventes. Les cours s’effritaient rapidement et, en fin de période, des ventes de dégagement se faisaient à des prix très bas.
Le marché de la mangue avion était lui aussi difficile. Seuls les derniers lots du Pérou se valorisaient de façon satisfaisante. Les fruits d’Afrique de l’Ouest présentaient une qualité globalement moyenne, certains manquant de coloration et de maturité. Récoltés sans doute précocement, ils se fripaient rapidement, présentant un aspect peu attractif, et souffraient la comparaison avec les derniers lots du Pérou. Ces défauts qualitatifs, vraisemblablement dus à la crainte d’infestation par les larves de mouches du fruit, ont été particulièrement néfastes à la commercialisation. En fin de mois, les prix se raffermissaient légèrement du fait d’un sous-approvisionnement grandissant. Quelques lots du Brésil, d’Inde, du Vietnam et de Thaïlande offraient une alternative ponctuelle aux acheteurs.
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