Maladie de Panama (TR4) en Israël : présence confirmée depuis 2016

  • Publié le 3/07/2018 - Elaboré par Cirad
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Alors que l’extension de la race 4 tropicale de la maladie de Panama provoque souvent l’hystérie chez les acteurs du commerce mondial de la banane, la nouvelle (fil twitter @fruitrop) de la découverte d’un nouveau spot vient de passer quasi inaperçue. C’est sans doute le résultat de la très efficiente stratégie d’annonce des autorités israéliennes. En effet, dans le bulletin de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) de mai 2018, Israël annonce officiellement et simultanément avoir constaté la présence de la maladie sur son sol en juillet 2016 et l’avoir éradiquée en 2018. Une efficacité stupéfiante et unique au monde, dont les autorités australiennes, championnes du monde de l’éradication de cette maladie, doivent être jalouses. Car, après des années de lutte, elles se sont avouées vaincues et acceptent désormais de vivre avec cette nouvelle contrainte sanitaire. Israël lui n’a pas failli. Il a bouté la TR4 hors de son espace national, alors qu’elle est présente depuis 2013 chez son voisin jordanien. Pourtant, des voix s’élèvent pour s’étonner de tant d’efficacité ou pour s’indigner qu’Israël n’est pas révélé plus tôt la présence de la maladie sur son sol, ce qui aurait permis de prévenir sa possible diffusion via la terre, les hommes, les équipements mais aussi le matériel de plantation, dont un des principaux producteurs mondiaux se trouve en Israël. A l’inverse, d’autres, pourtant toujours prompts à surfer sur les effets apocalyptiques de la dispersion d’une telle maladie sur l’existence même du bananier Cavendish, ne voient rien à redire à cela, prenant pour argent comptant les vingt lignes rassurantes du communiqué. Interrogés sur la question de l’éradication, les spécialistes doutent évidemment d’un tel succès, faute d’explication sur les moyens utilisés, sans compter la méfiance naturelle envers des autorités nationales qui ont caché pendant deux ans le péril. Techniquement, l’éradication est extrêmement improbable à moins d’avoir, par exemple, enlevé et traité la terre sur des hauteurs significatives et cela sur les deux spots touchés : région de Shfeya (Carmel coastal plain), puis région du lac Galilée. Le champignon peut, en outre, se mettre en phase de dormance tout en conservant son pouvoir pathogène pendant plusieurs dizaines d’années après avoir été coupé de son garde-manger, le bananier. Enfin, la proximité des zones de production d’Israël et de la Jordanie, les bassins versants, les réseaux hydriques sont autant de vecteurs permanents de réinfestation potentielle (voir « Tropical race 4 of Panama disease in the Middle East », Randy Ploetz et al, Phytoparasitica (2015) 43:283-293).

Alors de deux choses l’une, soit Israël a bien éradiqué la maladie et il doit expliquer comment et donner des gages de sa bonne foi, soit les vierges effarouchées, qui n’organisent même plus leur congrès en zones de production de peur d’introduire et de disperser le champignon, arrêtent leurs pantomimes car il ne doit pas être si effrayant que cela... en tout cas à en croire leur silence assourdissant à l’annonce israélienne.

Source : CIRAD

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