Le marché nord-américain de la banane est singulier à bien des égards. C’est un marché organisé autour d’un nombre limité d’acteurs au stade importation comme au stade de détail (on parle techniquement d’oligopole bilatéral) et hautement contractualisé entre l’amont et l’aval. De ce fait, on dispose d’assez peu d’informations sur les prix au stade importation. L’analyse se bornera aux seuls prix spot parus dans la revue Sopisco News. Et l’on peut dire que l’année 2017 aura une nouvelle fois confirmé un fonctionnement du marché américain sur un mode « papier à musique ». En effet, depuis quatre ans, les prix import naviguent entre 16.6 et 16.8 USD par carton. Cette grande, voire même étrange stabilité s’est vérifiée tout au long de l’année sur les prix hebdomadaires. En 2017, la volatilité intra-annuelle est la plus faible de ces dernières années, comparable à celle de 2013. Elle est deux fois moins forte qu’en 2016 et cinq fois moins forte qu’en 2015. Sans surprise, les prix import les moins élevés sont enregistrés dans les ports de la façade Est des États-Unis. Dans les ports du golfe de Floride, ils ont, pour une fois, été supérieurs à ceux pratiqués sur la côte Pacifique.
Plus intéressante est l’évolution sur le long terme du prix de détail de la banane. En effet, si les prix spot n’ont quasiment pas réagi au fil des semaines de 2017, les prix de détail ont très nettement décroché à partir de septembre 2017. Evidemment, tout est très relatif sur ce marché. On parle de net décrochage lorsque la chute est de 3 %. Mais c’est une première ! Et ce n’est pas la concurrence directe des autres grands fruits du rayon qui a provoqué cette baisse. En effet, les prix de l’orange (Navel) ou de la pomme (Red Delicious) ont évolué à des sommets à environ 3 USD/kg, alors que la banane a patiné à 1.2 USD/kg. Le plus grave dans tout cela, c’est que le prix de détail de la banane est en constante baisse depuis fin 2014. L’érosion est lente mais, associée à un taux d’inflation qui n’est pas négatif, loin s’en faut, on peut dire, comme dans le cas de l’Europe, que le secteur détruit consciencieusement de la valeur. Côté volumes, il est vrai que la consommation progresse. On a envie de dire enfin ! Sur les dix premiers mois de l’année, l’approvisionnement net s’adjuge 5 %. Le parallèle entre prix de détail en baisse et volume consommé en hausse n’a pourtant rien d’évident car la banane est déjà – et de très loin – le fruit le plus compétitif du rayon. On peut se contenter de noter que si c’est satisfaisant pour le consommateur et pour l’indice des prix aux États-Unis, ça l’est évidemment moins pour cette filière qui se paupérise, notamment en production
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