COVID-19 : généralisation des mesures dans les pays exportateurs

Amérique latine

Arrêté à la semaine 14, presque tous les Etats d’Amérique latine avaient décrété des confinements obligatoires pour les populations, voire même instauré des couvre-feux et fermé leurs frontières, à quelques exceptions près comme le Mexique ou le Brésil où les mesures restent à ce jour relativement souples  par rapport aux pays voisins.

Dans les pays où les mesures sont les plus strictes, comme l’Equateur, la Colombie ou le Pérou, les activités ont été fortement restreintes à celles jugées essentielles pour la population comme la santé, les banques et bien évidemment le secteur agricole. Pour ce dernier, des exceptions sont garanties pour assurer la continuité de l’approvisionnement local et l’export, avec une mise en place de mesures d’hygiène et de sécurité pour préserver la santé des travailleurs agricoles, telles que des réductions de personnel dans les plantations et les stations d’emballage, la distanciation sociale, l’interdiction des populations à risque sur les sites, comme les personnes les plus âgées ou présentant des problèmes de santé. Par ailleurs, des sauf-conduits doivent être émis pour autoriser la circulation des véhicules transportant les marchandises pendant les couvre-feux dans les pays où ils sont en vigueur ou à tout moment, comme en Equateur où la circulation est totalement restreinte. Ainsi, si l’activité de production et d’exportation se poursuit avec effort dans la plupart des pays, des impacts sont tout de même à observer en raison d’une baisse inévitable de l’activité due à la réduction du temps de travail (par exemple au Guatemala, le couvre-feu s’étend de 16h à 4h) et du personnel, qui rencontre parfois des difficultés pour se rendre sur les sites de travail (absence de transport public au Pérou et en Equateur par exemple). De même, c’est la logistique qui semble être actuellement la plus contrainte, également en raison de la réduction de personnel pour le transport routier, dans les ports et aussi pour l’acheminement des intrants et des fournitures d’emballage (cartons, palettes). Tous les efforts des filières permettent, pour l’instant, de limiter les effets de ces divers obstacles à une baisse modérée des volumes et à quelques retards pour l’acheminement et l’exportation des marchandises.

Toutefois, les nouvelles alarmantes en provenance d’Equateur rapportées dans la presse la semaine dernière, faisant état d’une expansion de la maladie dans la zone de Guayas et autour de Guayaquil, et l’arrivée probable du virus dans les premières zones de production bananière, laissent craindre un possible débordement de la situation. Espérons ne pas en arriver là pour le bien des populations. Alors que les populations et les travailleurs auront de plus en plus peur de sortir de leur domicile, les gouvernements seront contraints de renforcer les mesures pour contrôler l’expansion de la maladie.

Afrique

En Afrique, où la maladie n’est qu’à son stade initial, cela semble aller à une allure plus lente. Des mesures ont été prises par certains Etats, comme la Côte d’Ivoire qui a fermé ses frontières ou le Kenya qui a décrété des mesures de confinement très rapidement. Mais dans la plupart des pays, l’activité d’exportation semble peu impactée. En Afrique du Sud, la société nationale de transport Transnet avait annoncé initialement la réduction de ses activités et l'arrêt du transport des chargements non essentiels par train et par bateau. La diminution des effectifs et des quais disponibles pour le chargement des navires dans les ports entrainait d'ores et déjà des congestions, surcoûts et retards très significatifs (jusqu’à 21 jours de retard !), ce qui laissait craindre des répercussions importantes pour la suite des campagnes d’agrumes et d’avocat d’Afrique du Sud, dont la saison d’exportation ne fait que démarrer ( https://www.fruitrop.com/Dernieres-infos/Transnet-lockdown-threatens-citrus-throughput). Toutefois, suite à des nouveaux accords atteints fin de s14, la capacité des ports devra être renforcée jusqu'à atteindre 70/80% de sa capacité normale et une réduction de la congestion devrait être observée dans les jours à venir.

Implications

Pour la banane, à ce jour, l’exportation des marchandises s’est effectuée de manière ininterrompue depuis toutes les origines et malgré la mise en place des mesures dans les différents pays. Certes, la chaîne d’exportation pâtit parfois de ralentissements à différents niveaux, mais la circulation y est assurée. Toutefois, si réduction des volumes il y a, ce sera plutôt à mettre en relation avec la réduction des commandes des principaux marchés importateurs (Europe, Russie, Méditerranée) qui succombent à la pression, en particulier depuis la semaine 14 (cf. Banana Market Report s14 : https://www.fruitrop.com/FruiTrop-Weekly/Banane/2020/Banana-Market-Report-sem14-2020).

Pour l’avocat, les mesures prises au Pérou, qui impactent la capacité de cueillette et de conditionnement, risquent de ralentir quelque peu le démarrage de la campagne d’été. Cependant, celle-ci ne fait que démarrer – le gros des volumes n’est attendu que vers le mois de mai – et on annonce des quantités historiquement soutenues cette saison. Même topo pour l’Afrique du Sud, les chargements à partir de la s15 devront commencer à se régulariser.