L’agriculture et l’alimentation font enfin la une des journaux européens...

  • Publié le 9/04/2024 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°292 , Page 1 à 1
  • Gratuit

Edito de FruiTrop 292

Ouvrir/Fermer Boutique

...et c’est bien parti pour durer ! On mettra de côté l’opportunisme politique qui fait émerger le sujet alors que se profilent les élections européennes. La fenêtre est, en effet, parfaite si l’on souhaite faire pression sur des gouvernements qui voient monter avec terreur une vague populiste. Mais l’on se tromperait en réduisant l’actuelle mutinerie du monde agricole à un simple calcul électoraliste. Le malaise est profond, la rancœur bien ancrée et le désespoir palpable. Et comme toute crise qui vient de loin, elle est la résultante d’un grand nombre de facteurs qui s’appliquent à tout ou partie du monde agricole. Dans le désordre, on peut lister l’agribashing, le lien de la population avec l’agriculture qui s’efface, un revenu en chute libre, une forte pénibilité, le mur de la dette pour encore et toujours moderniser, une exigence de multifonctionnalité (alimentation, environnement, aménagement, développement territorial, etc.) sans une reconnaissance pleine et entière… Sans oublier qu’à la sortie de la seconde guerre mondiale, on a demandé à l’agriculture européenne d’intensifier ses processus grâce à la mécanisation et à la chimie afin de participer à la reconstruction. La liste est longue et incomplète. Il manque, par exemple, le choc compétitif, résultat d’une illusion née dans les années 1990 affirmant que la mondialisation ou la globalisation des échanges tout azimut, et pratiquement sans règle, serait la solution définitive permettant de faire basculer le monde dans un océan de bonheur. On en est revenu depuis, mais les traces sont indélébiles. Si certains secteurs agricoles ont bénéficié de cette libéralisation des échanges, d’autres sont mal en point, sinon quasiment morts, et tous ont subi plus qu’accompagné la nécessaire course à l’intensification, transformant en profondeur le monde agricole. Sans compter – et c’est un effet massif – la déstabilisation profonde des agricultures les plus fragiles du Sud car concurrencées par les fortes capacités exportatrices du Nord.

D’autant que, pendant ce temps-là, les consommateurs européens se réveillaient en demandant haute sécurité alimentaire, bas intrants et décarbonation, sans parler du bien-être animal, tout en payant, bien évidemment, de moins en moins cher leur alimentation. Un gloubi-boulga d’injonctions contradictoires adressées au monde agricole, d’ignorance des consommateurs et de louvoiement des politiques publiques. Depuis longtemps, nous sommes nombreux à penser que l’agriculture et l’alimentation sont des biens trop précieux pour qu’ils soient traités comme de simples commodités industrielles. Les effets globaux du changement climatique et ses lourds impacts sur les agricultures sont l’argument définitif pour qu’enfin on fasse une place à part dans notre logiciel politico-commercial aux agricultures du Nord comme du Sud.

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.