Comme chaque année, 300 représentants du secteur de la pomme et de la poire se sont rencontrés à l’occasion de la 40e Conférence Prognosfruit, qui s’est déroulée début août à Hambourg, en Allemagne. Les prévisions de récolte dévoilées à cette occasion reflètent le bon potentiel en pomme annoncé cette année, avec un total à plus de 12 millions de tonnes, pour la troisième année consécutive. En revanche, la production de poire se situe un peu en deçà de la moyenne (2.2 millions de tonnes, soit - 7 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années) du fait d’un déficit dans la plupart des pays européens, surtout marqué pour les variétés de début, voire de mi-saison.
Même si la campagne débute dans un contexte assez dégagé avec des niveaux de production un peu inférieurs à ceux des deux très grosses récoltes précédentes, les sentiments sont mitigés car l’embargo russe continue de peser sur les exportations de pommes européennes. Les producteurs ont intensifié leurs exportations maritimes, mais la concurrence s’affirme en Asie ou en Afrique du Nord, destinations vers lesquelles les exportateurs européens se sont reportés. Par ailleurs, certains débouchés pourraient se réduire, comme le Royaume-Uni avec le contre-coup du Brexit, tandis que d’autres, comme l’industrie, sont pour l’instant encore saturés par la dernière récolte.
Pour la 3e année consécutive, la production européenne devrait dépasser les 12 millions de tonnes, même si 2016 s’annonce en très léger repli par rapport à 2015 (12.3 millions de tonnes) et à 2014 (12.5 millions de tonnes). La récolte devrait néanmoins être d’un très haut niveau dans toute la partie ouest de l’Europe et devrait totaliser 6.8 millions de tonnes. C’est le cas en Italie avec 2.28 millions de tonnes et en Allemagne (1 million de tonnes), tandis que la France accuse un léger déficit (1.5 million de tonnes, soit - 7 % par rapport à 2015) du fait d’une baisse de production dans le Sud-Ouest. De même, l’Espagne (509 000 t), les Pays-Bas (332 000 t) ou le Royaume-Uni (250 000 t) ne manqueront pas de produits. En revanche, la récolte s’annonce déficitaire en Belgique, en Autriche et au Portugal, qui ont été plus affectés par les conditions climatiques.
La récolte 2016 devrait également rester dans les annales en Europe de l’Est, en étant au moins équivalente aux forts niveaux enregistrés ces dernières années (5.2 millions de tonnes). Cela tient essentiellement à la production record attendue en Pologne (plus de 4 millions de tonnes), car la plupart des autres pays de cette zone annoncent une petite récolte. Par ailleurs, la production dans les autres grands pays producteurs de l’hémisphère Nord devrait également être massive. On attend, pour la deuxième année consécutive, plus de 43 millions de tonnes en Chine, plus de 5 millions de tonnes aux USA (2e plus forte récolte enregistrée dans ce pays), plus de 1.7 million de tonnes en Russie et 1.2 million de tonnes en Ukraine, soit de très hauts niveaux pour ces deux derniers pays. De ce fait, il ne devrait pas y avoir de demande particulière de leur part, d’autant que l’embargo russe est pour l’instant toujours en vigueur. En effet, les envois vers la Russie sont désormais quasi nuls : 1 500 t la campagne dernière, contre 793 000 t en 2011-12 et encore 60 200 t en 2014-15. Les résultats globaux d’exportation en dehors de la Communauté européenne sont donc tombés à 1.3 million de tonnes, soit - 16 % par rapport à la campagne précédente. Les flux intracommunautaires sont, par contre, restés stables.
La gamme variétale devrait être assez équilibrée sans déficit marqué, à l’exception de certaines variétés locales comme la Boskoop (- 23 % sur 2015) ou la Cox Orange (- 17 %). La production devrait être d’un bon niveau en bicolores, notamment en Gala avec une production supérieure à 1.3 million de tonnes pour la 3e année consécutive, ou en Elstar (près de 400 000 t) ou même en variétés tardives (1.1 million de tonnes pour le total Jonagold/Jonagored et 322 000 t en Braeburn). Seules Fuji (- 9 %) et Jonathan (- 14 %) seront en recul. La production de Golden devrait encore être d’un assez bon niveau (2.34 millions de tonnes), même si elle diminue toujours un peu plus chaque année. Celle de Granny se maintient et devrait être à peine inférieure à 400 000 t (+ 2 % par rapport à la moyenne des 3 dernières années). De leur côté, les nouvelles variétés ont toujours le vent en poupe. Cripps Pink pourrait signer un nouveau record à 260 000 t (+ 29 % sur la moyenne des 5 ans) et les nouvelles variétés (Ariane, Belgica, Cameo, Diwa, Greenstar, Honey Crunch, Jazz, Junami, Kanzi, Mairac, Rubens, Tentation, Wellant, etc.) pourraient dépasser ensemble les 500 000 t (+ 44 % sur la moyenne des 5 ans). Globalement, la précocité est normale et les calibres moyens. La qualité était jugée satisfaisante en août.
La production européenne de poire s’annonce globalement un peu déficitaire (moins de 2.2 millions de tonnes, soit - 9 %), que ce soit à l’ouest comme à l’est du continent. Ce déficit est surtout imputable à une baisse de production en variétés précoces (Guyot, Coscia, Rocha), conséquence du printemps froid et humide, et dans une moindre mesure en variétés d’automne (Williams, Abate, Comice, Kaiser). Le potentiel des variétés d’hiver est, lui, quasiment normal. Ainsi le déficit devrait être de l’ordre de - 11 % à - 14 % en France, en Italie et en Espagne, alors que le Portugal annonce cette année encore une petite récolte (135 000 t), similaire à la précédente mais inférieure de 18 % à la moyenne des 5 dernières années. La récolte devrait également être faible en Grèce (- 28 % sur 2015). Les Pays-Bas annoncent un très bon potentiel tandis que la baisse devrait être de 10 % par rapport à 2015 en Belgique. La production d’Europe de l’Est devrait également être un peu inférieure (- 10 %) à celle de l’an dernier.
La récolte a été réduite en Guyot-Limonera (58 000 t, soit - 22 % sur 2015) et en Coscia-Ercolini (- 16 %). Le potentiel est tout au plus identique à celui de l’an dernier en Rocha (- 19 % par rapport à la moyenne des 5 ans). Le déficit s’annonce déjà moins marqué en Williams Bon Chrétien (- 11 %), en Abate Fetel (- 13 %), en Kaiser (- 13 %), en Comice (- 13 %) et en Passe-Crassane (- 14 %), et devrait être proche de la normale en Conférence (918 000 t). Le marché pourrait donc être encore lourd en fin de saison, d’autant que les exportations devraient toujours être contrariées par l’embargo russe. Les envois vers cette destination n’ont pas dépassé 1 000 t l’an dernier, contre 18 000 t la campagne précédente et 250 000 t en 2013-14. Les exportations extracommunautaires ont baissé de 28 % l’an dernier (278 000 t contre 450 000 t en 2013-14)
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