Approvisionnement en mangue

La crise sanitaire actuelle impacte fortement les approvisionnements et la distribution de mangue, à l’instar des autres produits frais. Dans les pays consommateurs, les mesures de confinement ont, tout d’abord, marqué un coup d’arrêt de la consommation de mangue. La suspension des marchés forains, la fermeture de nombreux commerces, la réduction d’approvisionnement des grandes enseignes de la distribution ont participé à détourner les consommateurs de ce fruit. La mangue n’étant pas un produit de première nécessité, les consommateurs se sont naturellement reportés sur une gamme plus basique, privilégiant les produits d’épicerie aux produits frais. Certes, la banane ou l’avocat, de conservation plus longue, n’ont pas connu ce même retrait. Avec une accoutumance progressive aux conditions de confinement, les clients sont revenus peu à peu à des modes de consommation plus habituels, grâce notamment à la grande distribution, seul secteur demeurant accessible au plus grand nombre. Ainsi, la consommation de mangue a repris de la vigueur à l’approche des fêtes de Pâques. La disponibilité de quantités importantes de mangues du Pérou transportées par bateau y a également largement contribué. En revanche, le créneau des mangues avion a été et reste nettement plus perturbé. La raréfaction des dessertes aériennes « passagers » a considérablement limité les flux, entraînant des gymnastiques logistiques complexes. Celles-ci ont rapidement provoqué des hausses tarifaires substantielles, elles-mêmes génératrices de raréfaction de l’offre. Le prix atteint aujourd’hui 3 euros/kg brut contre 1 euro/kg en temps normal pour l’origine Côte d’Ivoire, selon Vincent Soler de la société Capexo. La conséquence immédiate a été un envol du prix des mangues avion à des niveaux jamais atteints.

La crise sanitaire est intervenue en Europe alors que s’achevait la campagne péruvienne. En cette période de transition avec les origines ouest-africaines, la crise sanitaire prend une autre configuration. Le démarrage déjà plus tardif pour des raisons météorologiques dans les zones de production a repoussé les premières expéditions. La limitation des capacités de fret aérien les a également freinées. Mais si la crise a eu des répercussions sur la consommation, elle en a aussi eu dans les pays producteurs. Dans l’incertitude de pouvoir s’approvisionner, nombre d’importateurs ont annulé ou diminué leurs programmes pour la campagne d’Afrique de l’Ouest. Enfin, dans les pays producteurs, les mesures prises dans le cadre de la pandémie du Covid-19 constituent des obstacles à l’exportation. Les restrictions de circulation, les mesures de sécurité dans les stations de conditionnement, le couvre-feu mis en place dans certains pays ou régions sont autant d’obstacles à la réalisation des programmes d’exportation prévus. Toutes ces conditions pourraient avoir des conséquences sur le résultat des campagnes d’exportation ouest-africaines, d’autant que les débouchés restent malgré tout aléatoires.