Perversion vegan ou le triomphe de l’individualisme vide.

  • Publié le 30/09/2018 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°259 , Page 1 à 1
  • Gratuit

Edito FruiTrop n°259

Ouvrir/Fermer Boutique

« Là où il y a de la religion, il y a la guerre », ce constat d’une poétesse laotienne du XIIe siècle est d’une modernité confondante. Et pas besoin de s’intéresser aux religions conventionnelles, celles du livre par exemple, pour en trouver des preuves. Le positivisme scientifique ayant vécu, et avec lui des doctrines comme le rationalisme, le scientisme et le déterminisme, les croyances et la métaphysique conduisent, à présent, les comportements. C’est la grande faillite de la science. D’ailleurs, comme Ernest Renan, beaucoup ont fait le constat suivant : « Si la science devait rester ce qu’elle est, il faudrait la subir en la maudissant ; car elle a détruit et elle n’a pas rebâti ». Aussi, pour combler le vide, pour ré-enchanter le réel et, sans doute, donner un sens à sa vie, on s’abandonne aux croyances. On cherche des panaches à rallier et des combats à mener. Ni la recherche personnelle de la spiritualité, ni la vie en société ne suffisent. On doit se révolter. On doit s’offusquer. On doit s’indigner. Mais surtout, on doit agir. Le citoyen est agissant et ses droits individuels infinis dévorent tous les autres éléments d’orientation et d’organisation de la société. Au lieu d’arguments, on échange des insultes. La vie politique se réduit à la chasse aux droits. C’est, comme l’écrit Pierre Manent, la revendication d’une « égalité indifférente aux différences », un individualisme vide en quelque sorte.
Les réseaux sociaux permettant de trouver facilement le troupeau auquel s’identifier et s’amalgamer, des groupes sectaires se constituent. La finalité : conduire une croisade la plus médiatique possible donc la plus radicale. Les sit-in des années 1960 sont relégués à des mouvements d’ados post-pubères d’un autre siècle luttant mollement contre la guerre au Vietnam ou les essais nucléaires. Il faut démonter, casser, détruire. La radicalité n’est pas une option mais un mode de revendication.
Il est aisé d’en trouver des exemples dans notre secteur alimentaire. La frange des vegans violents et redresseurs de torts, qui s’en prennent physiquement aux boucheries et à leurs employés, donne une bonne idée du climat de révolte et de remise en cause du fondement même des règles de vie sociale. Il est même de bon goût de refuser les règles communes, de mettre en cause les pouvoirs installés, d’agir selon les seules lois de sa meute. Les nouvelles religions (local contre lointain, paysan contre agriculteur, vegans contre assassins, etc.) mènent donc aussi sûrement à la guerre que les anciennes. Reprenons donc, avec certes l’esprit critique nécessaire, le chemin de la raison et abandonnons nos pulsions néandertaliennes, voire reptiliennes. La vie en société démocratique est à ce prix.

Cliquez sur "Continuer" pour poursuivre vos achats ou sur "Voir votre panier" pour terminer la commande.