Marché de la noix de cajou

  • Publié le 24/01/2019 - Elaboré par Cirad
  • FruiTrop n°262 , Page 18 à 18
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Après la spéculation, la chute des prix

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Après avoir chuté de plus de 25 % entre mars et octobre 2018, les cours de la noix de cajou décortiquée (amande de cajou) sont légèrement remontés sur les deux derniers mois de l’année. La chute impressionnante des prix, qui a commencé au début du mois de mars 2018, a été en grande partie la conséquence de la spéculation excessive des acteurs du marché en 2017 et a rappelé à tout le monde que tout ce qui concerne la noix de cajou se joue aujourd’hui au Vietnam.

Rappelons que la campagne 2017 avait été marquée par une très mauvaise production au Vietnam (16 % de la production mondiale), mais par de bonnes récoltes en Afrique de l’Ouest (45 % de la production mondiale) et en Inde (21 % de la production mondiale).

Au cours de cette campagne 2017, les très nombreux transformateurs implantés au Vietnam (50 % de la transformation mondiale), craignant de manquer de matière première et de perdre des parts de marché face aux transformateurs indiens, se sont mutuellement poussés dans une bulle spéculative, achetant la noix de cajou brute d’Afrique de l’Ouest à prix d’or et provoquant une hausse de prix démesurée pour l’ensemble du marché. Les prix n’étaient légèrement redescendus qu’une fois la campagne d’approvisionnement 2017 terminée, au dernier semestre 2017, le marché prenant enfin en compte l’excellente production en Afrique de l’Ouest.

En février 2018, les transformateurs vietnamiens ont abordé la nouvelle campagne avec une analyse bien différente. D’une part, leur production semblait nettement meilleure que l’année précédente et, d’autre part, des stocks importants de noix brute importée lors de la campagne précédente étaient encore disponibles dans leurs magasins.

Malgré une production de noix de cajou brute médiocre en Inde, qui a poussé les transformateurs indiens à importer beaucoup plus de noix brute africaine que les années précédentes, les transformateurs vietnamiens ont donc abordé cette nouvelle campagne avec une optique clairement baissière, réduisant et repoussant de plusieurs mois le gros de leurs importations de cajou africain.

En fin de compte, les campagnes 2017 et 2018 se ressemblaient en termes d’équilibre entre offre et demande mondiales, mais l’appréhension des transformateurs vietnamiens a été complètement différente et, dans ce contexte, l’évolution des cours mondiaux a pris une direction inverse.

Seule la décision surprise du gouvernement tanzanien en novembre 2018 d’acheter via l’armée l’ensemble de sa production (9 % de la production mondiale) et de la transformer localement a finalement mis fin à la spirale baissière.

Le début d’année 2019 dépendra fortement de cette politique d’intervention surprenante. La Tanzanie (plus gros producteur de l’hémisphère Sud et donc principal fournisseur de noix brute sur le marché mondial entre décembre et février) ne pourra jamais avoir les moyens de transformer localement l’ensemble de sa production. Sa capacité de transformation installée est inférieure à 50 000 tonnes de noix de cajou brute par an et le gouvernement tanzanien a déjà acheté plus de 200 000 tonnes à ses producteurs (soit les deux tiers de la production estimée). Construire de nouvelles usines prendrait au minimum un an. La Tanzanie devra donc se résigner à exporter sa production sous forme brute.

Lorsqu’elle se décidera à le faire, les prix pourraient encore retomber un peu mais, tant qu’elle ne le fait pas, les industries de transformation vietnamienne et indienne se retrouvent à nouveau sous la pression d’un manque de matière première et le potentiel de baisse des prix reste très limité.

Source : Service N’Kalô - Nitidae

noix de cajou - prix median mensuel
noix de cajou - prix median mensuel

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