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Pommes et poires de l’hémisphère Sud

Publié le 5/03/2019 - Elaboré par BENOIT-CELEYRETTE Cécilia
Gratuit

Perspectives 2019 : au risque de déchanter…

La campagne de pommes et poires de l’hémisphère Sud qui s’annonce risque d’être très difficile. En effet, les opérateurs auront sans doute du mal à trouver leur place sur les marchés déjà saturés de l’hémisphère Nord, principalement en pomme mais également pour certaines variétés de poire.

Infos

Produit(s) : Poire , Pomme
Rubrique / Thématique : Bilans et prévisions
Pays : Afrique du Sud , Argentine , Brésil , Chili , Europe , Hémisphère sud , Nouvelle-Zélande
Mot(s) clé(s) : Exportation , Importation , Production , Variétés

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Télescopage de gros volumes en pomme

Les fortes récoltes de pomme dans les deux hémisphères risquent d’entraîner un télescopage important cette année entre les origines. Il faut tout d’abord rappeler le niveau record de la récolte engrangée fin 2018 en Europe : 12.6 millions de tonnes (+ 10 % par rapport à la moyenne des 5 ans). Cela fait suite au retour en production des pays déficitaires précédemment (Allemagne, Belgique, Autriche et, dans une moindre mesure, Italie et Pays-Bas) et au record décroché par la Pologne et par la plupart des pays situés en Europe de l’Est (5.9 millions de tonnes, soit + 22 %), avec au total pas moins de 600 000 tonnes de pomme de plus que le précédent record de 2014.

Et si les prévisions ne sont pas aussi importantes dans l’hémisphère Sud, les chiffres avancés par la WAPA, lors du salon Fruit Logistica début février, font quand même état d’une récolte similaire à celle de l’an dernier (5 millions de tonnes, soit + 2 % par rapport à la moyenne des 3 ans). Ces prévisions reflètent le retour en production de l’Argentine (608 000 t, soit + 9 % par rapport à 2018), de l’Afrique du Sud (928 000 t, soit + 5 %) et du Brésil (1.15 million de tonnes, soit + 5 %), mais également la progression de la Nouvelle-Zélande (591 000 t, soit + 9 % par rapport à la moyenne des 3 ans). En revanche, le Chili accuserait une petite baisse (1.66 million de tonnes, soit - 5 % par rapport à 2018). Il faut s’attendre à de très bons volumes en Cripps Pink, avec un nouveau record attendu à 411 000 t (+ 4 % par rapport à la moyenne des 3 ans), mais également en Fuji (826 000 t, soit + 10 %). Les poids lourds de la gamme seront également bien présents. Les Golden (224 000 t, soit + 5 % par rapport à 2018), Granny (491 000 t, soit + 3 %) et rouges (683 000 t, + 3 %) ne devraient pas manquer, même si elles sont en léger repli du fait des arrachages réguliers de ces dernières années. Le disponible pourrait être un peu moins important que l’an dernier en Gala dans les pays de l’hémisphère Sud (1.94 million de tonnes, soit - 7 % par rapport à 2018), mais conforme à la moyenne. La Braeburn (113 000 t, soit - 7 %) devrait également un peu reculer, mais d’autres variétés prendront le relais (563 000 t, soit + 14 % par rapport à la moyenne des 3 ans).

Pas de panique en poire

Le télescopage devrait être un peu moins marqué en poire qu’en pomme car, même si certaines situations nationales se sont inversées en Europe par rapport à la dernière campagne, la récolte au niveau européen est dans la moyenne quinquennale à 2.3 millions de tonnes (soit + 1 % par rapport à la moyenne des 5 ans).

De même, si la production dans l’hémisphère Sud s’annonce un peu supérieure à celle de l’an dernier en raison d’une sécheresse moins marquée, le potentiel est moindre que par le passé du fait des arrachages en Williams et Packhams découlant des difficultés économiques rencontrées par certains pays, notamment l’Argentine. La prévision de la WAPA est donc pour cette année de 1.229 million de tonnes (+ 2 % par rapport à 2018 et - 3 % sur la moyenne des 3 ans). La production progresserait un peu en Argentine (600 000 t, soit - 9 % par rapport à la moyenne des 3 ans), mais une partie des fruits n’aurait pas été récoltée en raison d’un manque de calibre et de moyens financiers pour traiter, laissant le carpocapse s’installer. L’Afrique du Sud aurait une récolte identique à celle de l’an dernier, mais d’un meilleur calibre (423 000 t, dans la moyenne des 3 dernières années), tandis qu’on prévoit une progression du potentiel du Chili (193 000 t, soit + 13 % sur la moyenne des 3 ans) et de la Nouvelle-Zélande (14 000 t, soit + 9 %). Les Packhams (460 000 tonnes) et Williams (396 000 tonnes) dominent l’offre et devraient être relativement stables en volume cette année (+ 2 % sur 2018 pour chacune), tout en reculant par rapport aux moyennes (respectivement - 2 % et - 6 % par rapport à la moyenne des 3 ans). Il en va de même pour Forelle, qui est la troisième variété en volume à 114 000 t (+ 1 % par rapport à 2018 et - 5 % sur la moyenne des 3 ans).

Des perspectives peu réjouissantes

Les perspectives sont donc peu réjouissantes, d’autant que l’écoulement des pommes et des poires européennes n’a pas été fluide jusqu’à présent. Car, en dépit d’une fin de campagne précoce des fruits à noyau, les débouchés vers le grand export ont été insuffisants à cause du reliquat de production de l’hémisphère Sud. Par ailleurs, les équilibres ont été modifiés en Europe de l’Ouest par la forte présence polonaise dans certains circuits de distribution comme l’industrie ou la RHD.

Ainsi, le stock européen est encore très conséquent, particulièrement en pomme à 3.821 millions de tonnes (+ 9 % par rapport à la moyenne des 3 ans), niveau supérieur à celui de la campagne 2014-15 (3.708 millions de tonnes). Les volumes sont bien sûr élevés en Pologne (+ 17 % par rapport à la moyenne des 3 ans), mais également en République tchèque (+ 33 %), en Autriche (+ 21 %) et en Suisse (+ 12 %). Ils sont, par contre, dans les moyennes en France (+ 2 %), en Espagne (+ 2 %) et en Allemagne (+ 5 %), voire même un peu inférieurs en Italie (- 2 %), au Royaume-Uni (- 5 %) et en Belgique (- 2 %). Les Pays-Bas, quant à eux, sont déficitaires (- 24 %).

Les volumes résiduels sont particulièrement importants pour certaines variétés comme Gala (+ 58 % par rapport à la moyenne des 3 ans), mais aussi Cripps Pink (+ 13 %), même si les ventes ont plus significativement augmenté en début d’année pour cette dernière. Les autres bicolores, bien que plus présentes que l’an dernier, affichent dans l’ensemble des niveaux de stock proches ou inférieurs aux moyennes, y compris Jonagold/Jonagored (- 12 %), même si le stock est quand même lourd en Red Jonaprince, Red Delicious ou Pinova. Il y a moins de Golden que la moyenne (- 14 %), tandis que le stock est normal en Granny (- 4 %).

Les volumes baissent lentement en poire (611 600 t au 1 février 2019, soit + 8 % sur la moyenne des 3 ans contre + 7 % en janvier). Le stock est lourd au Benelux, y compris par rapport à la moyenne des 3 ans (+ 20 % pour la Belgique et + 15 % pour les Pays-Bas) et, dans une moindre mesure, en France et au Portugal. Le déstockage est régulier en Italie, où le disponible est désormais inférieur de 10 % à la moyenne des 3 dernières années. Le stock en Abate est, en effet, inférieur à celui de l’an dernier (- 11 % sur la moyenne des 3 ans), alors qu’il est encore supérieur en Conférence (+ 11 % sur la moyenne des 3 ans contre + 9 % en janvier) et en Rocha (+ 21 % sur la moyenne des 3 ans au 1 janvier 2019). La campagne s’étire en Comice. Le stock est désormais supérieur à celui de l’an dernier (+ 10 % par rapport à la moyenne des 3 ans contre - 6 % en janvier).

Par ailleurs, le Brexit pourrait avoir un impact important en pomme, puisque le Royaume-Uni compte pour près de 150 000 tonnes sur les 380 000 tonnes importées en Europe des principales origines de l’hémisphère Sud. Les effets pourraient être majoritairement sensibles pour l’Afrique du Sud, qui expédie plus de 70 000 t de ses pommes vers le marché britannique sur un total de 98 000 t exportées vers l’UE-28. Les pourcentages sont moins élevés pour la Nouvelle-Zélande (38 %) ou le Chili (22 %), mais non négligeables. Il devrait y avoir nettement moins d’effet en poire, les importations du Royaume-Uni en provenance de l’hémisphère Sud ne dépassant pas 16 000 t pour un total de plus de 200 000 t en Europe.