Bilan campagne avocat d’hiver 2021-22
- Publié le 9/05/2022 - Elaboré par FRUITROP
- Gratuit
Une saison difficile et pleine d’enseignements !
Infos
- Produit(s) : Avocat
- Rubrique / Thématique : Bilans et prévisions
- Pays : Chili , Espagne , Israël , Maroc , Mexique
- Mot(s) clé(s) : Exportation , Importation , Production
Les chiffres douaniers arrêtés à février et complétés par les données professionnelles permettent de tirer un premier bilan provisoire de la saison d’hiver 2021-22. L’approvisionnement, d’un niveau très variable d’un mois à l’autre, n'aurait progressé globalement, sur la période allant d’octobre 2021 à avril 2022, que d’un modeste 5 %. En revanche, le prix moyen de campagne chute dans des proportions nettement plus fortes et d’environ 15 %, notre baromètre européen repassant pour la première fois depuis 2015-16 très légèrement sous la barre des 11 €/colis. La performance est, malheureusement, dans la lignée de celle de la campagne d’été 2021, qui avait elle aussi été la pire saison depuis 2014-15. Si les volumes ont donc globalement peu évolué, la répartition du marché entre origines a été très grandement revue, pour des raisons d’ordre conjoncturel ou structurel. L’explosion des volumes méditerranéens, qui passent d’environ 35-40 % de l’approvisionnement global à 50 %, est clairement un mouvement de fond. Israël double presque ses envois, grâce à un verger ayant gagné 5 000 ha en cinq ans. La hausse est moins explosive, mais néanmoins nette, pour le Maroc, les 8 000 ha de jeunes vergers que compte désormais le pays n’ayant pas exprimé pleinement leur potentiel pour des raisons climatiques. La progression est plus conjoncturelle pour l’Espagne, mais la croissance des surfaces est bien réelle et va s’exprimer à très court terme (cf. fiche pays producteur Espagne dans ce numéro). Le mouvement est bien évidemment inverse pour les fournisseurs d’Amérique latine, qui ont limité ou cherché à diversifier leurs envois pour éviter des conditions de marché souvent difficiles, en particulier durant leur fenêtre de marché principale d’octobre à décembre. Le Chili a toutefois retrouvé sa place de premier fournisseur européen, même si le mouvement de diversification vers l’Amérique latine s’est nettement amplifié (plus de 20 000 t, principalement vers l’Argentine) et qu’un retour conjoncturel a pu s’opérer vers les Etats-Unis (un peu moins de 8 000 t). En revanche, le Mexique s’est littéralement échappé, en particulier durant la deuxième partie de saison, pour profiter d’un marché des Etats-Unis en feu (Michoacán) ou pour bénéficier de conditions moins difficiles au Japon et au Canada dans le cas du Jalisco. La Colombie recule elle aussi notablement.
Si elle fut difficile, cette campagne a apporté aussi beaucoup d’enseignements, qui méritent une analyse approfondie. On peut citer notamment la fragilité de plus en plus grande de la période de novembre-décembre où les volumes n’en finissent pas de s’accroître (plus de 50 % de progression de l’approvisionnement en 4 ans). Il faut aussi mentionner le changement de calendrier de commercialisation de la Méditerranée, qui tend à reculer pour éviter cette période difficile de fin d’année. Mais, surtout, un paradoxe majeur ressort, qu’illustre un différentiel de prix de 50 % en moyenne cette campagne entre l’Europe et les Etats-Unis : le marché communautaire est, de par son ouverture totale, le plus exposé au mouvement fort de croissance de la production mondiale, qui s’est mis en place et va se renforcer, mais il est de loin le moins travaillé au niveau promotionnel. Il y a urgence à traiter ce problème en renforçant le budget de la World Avocado Organization, dans l’intérêt de tous les opérateurs de la filière.
