L’injonction contradictoire a de belles années devant elle

  • Publié le 13/12/2023 - Elaboré par LOEILLET Denis
  • FruiTrop n°290 , Page 1 à 1
  • Gratuit

Edito de FruiTrop 290

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Autrement appelée « double contrainte », l’injonction contradictoire enferme celui qui la reçoit dans un dilemme sans issue, qui fait qu’il ne peut obéir sans désobéir. « Sois spontané ! » en est la parfaite illustration. Les combats actuels autour du changement climatique et de ses causes sont une source inépuisable d’injonctions contradictoires. On s’amusera qu’à la veille du Black Friday, le ministère français de la Transition écologique, par la voie de son Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et avec beaucoup d’humour, ait passé un message de déconsommation, s’attirant ainsi les foudres des commerçants, de l’industrie et de leurs ministères de tutelle. En effet, la croissance économique est encore la seule boussole des nations. Déconsommer, c’est perdre des points de PIB, c’est affaiblir sa puissance relative par rapport aux concurrents et c’est perçu comme le toboggan idéal pour la grande glissade du déclassement. Désobéir au ministère de l’Industrie, c’est trahir en quelque sorte son pays. Mais c’est aussi piétiner ses engagements environnementaux en surconsommant, et condamner ainsi les générations futures. Pour le citoyen, le nœud gordien est en l’occurrence ici un double nœud. Il va falloir apprendre ou réapprendre ce qui est nécessaire ou suffisant au bonheur. Laissons la philosophie nous éclairer sur ces concepts et revenons au PIB. Comme le font de plus en plus d’économistes, interrogeons la valeur de l’indicateur PIB et cette obligation à le voir progresser ad libitum. En effet, un accident de la route crée bien du malheur, mais génère de la création de richesse. Les dépenses de sécurité privée contribuent elles-aussi au PIB. Certains dégâts dus au changement climatique le boostent aussi. Ces trois exemples montrent combien l’outil de mesure est totalement inadapté et qu’il va bien falloir se poser la question de la mesure du bonheur… avant que le malheur climatique ne mette tout le monde définitivement d’accord.

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